Nous publions ci-dessous un tract du GIGC
Contre le
gouvernement et l'État capitaliste,
(21 mai 2016)
Pour la première
fois depuis l'annonce de la " loi travail " (dite loi El Khomri), des
grèves commencent à
toucher des secteurs de la production française, principalement dans les
transports: routiers, trains,
aéroports, dockers, marins... Qui dit grève sur les lieux de production, dit
décision et action collective de
classe. C'est précisément la nouveauté qui peut changer la situation et la
nature de l'affrontement avec le
gouvernement PS de Hollande et l'État capitaliste. Voilà pourquoi, le moment
actuel - mi-mai - est
certainement la dernière occasion d'enclencher une riposte ouvrière généralisée
et d'imposer ainsi un
rapport de force politique de classe obligeant la classe dominante française et
son État, le gouvernement,
ses forces politiques de gauche comme de droite et ses syndicats, à reculer.
Même si la " loi travail " ne fait
que " codifier " dans la loi bourgeoise, de classe, l'aggravation
déjà en cours depuis des années de
l'exploitation capitaliste, il n'en reste pas moins que son adoption légale
accélérerait encore la détérioration
toujours plus dramatique des conditions de travail et de vie des prolétaires
quelle que soit leur condition,
salarié, précaire, chômeur, étudiant travailleur, retraité, etc.
Une des
particularités - pas la seule - des multiples Journées d'action syndicales
depuis début mars a été
précisément d'éviter toute décision collective de lutte à partir des
entreprises et d'assemblées générales
ouvrières. Ainsi, en l'absence d'AG ou comités de lutte ou de grève, des
millions de travailleurs se sont
retrouvés contraints de prendre une décision individuelle, à partir de leur
seule conviction personnelle,
quant à leur participation aux grèves des journées d'action et aux
manifestations de rue. Alors même que
75% de la " population française " était contre la " loi travail
" selon les sondages organisés par la classe
dominante, la plupart se sont retrouvés isolés les uns des autres et dans
l'impossibilité de ressentir la force
collective de leur classe. C'est en grande partie ce qui explique le faible
nombre de grévistes lors des
journées d'action.
À cela, est venu
s'additionner la méfiance face à la division du travail organisée entre le
gouvernement, les
syndicats " modérés " (CFDT) et les syndicats (CGT, FO, SUD supposés
plus " radicaux "), face aux
différentes journées d'action planifiées à l'avance, début mars, afin de
saboter toute grève générale unie à
tous les secteurs - le souvenir des échecs passés des mobilisations ouvrières
massives de 2003, 2007 et 2010
étant encore dans toutes les mémoires.
Malgré cela, et malgré l'état d'urgence suite aux
attentats parisiens de 2015 qui permet l'interdiction des
manifestations et une répression accrue, la combativité et la colère générale
ont continué à s'exprimer
particulièrement dans les manifestations de rue. " Jeunes, moins jeunes,
adultes, âgés ", salariés de toutes
conditions et statuts, chômeurs, retraités, étudiants, lycéens se sont
retrouvés au coude à coude face à une
répression policière massive et provocatrice (et à laquelle les services
d'ordre syndicaux sont venus prêter
main forte à coup de battes de base-ball !). Dès les premières manifestations,
9 mars et ensuite, le
sabotage syndical de la grève généralisée à tous les secteurs est devenu
évident pour le plus grand nombre.
C'est face à ce vide ainsi créé - du point de vue de la classe dominante - que
furent organisées à partir du
31 mars les " Nuit debout ". Dans les jours et les semaines qui ont
suivi, les médias et chaînes télé
d'information n'ont eu de cesse d'en faire la plus grande publicité. Et pour
cause : l'idéologie " citoyenne et
démocratique " de " Nuit debout " est venue renforcer le
sabotage syndical en enlevant tout caractère de
classe à l'opposition au gouvernement PS et au combat contre le capitalisme.
Jugeons-en:
« Depuis le 31
mars, des assemblées se forment où les gens [et pas les travailleurs, ouvriers
ou prolétaires]
discutent et échangent. (...) L'humain [sic!] devrait être au cœur de nos
dirigeants. (...) Chaque jour, nous
sommes des milliers à occuper l'espace public pour reprendre notre place dans
la République » (!) (En-tête
du Bulletin quotidien Nuit debout, 22 avril, nous soulignons).
Comme si les
intérêts de classe, de la classe exploitée et révolutionnaire, pouvaient
s'accorder avec la
" République ", c'est-à-dire avec l'État de la classe capitaliste.
Comme si " nos " dirigeants, au service du capitalisme, pouvaient se
soucier plus de " l'humain " - sans doute les plus naïfs et ignorants
veulent-ils
dire la classe exploitée - que du maintien à flot de " leur " capital
national face aux concurrents ; et plus
généralement de la survie du capitalisme.
Or, la crise du
capitalisme est inexorable. Elle ne peut déboucher que sur une 3 e guerre
impérialiste
mondiale, seule " solution " à la crise de surproduction chronique en
détruisant massivement l'excédent de
forces productives, prolétaires et matériel. Se ranger derrière l'État
démocratique bourgeois, c'est non
seulement l'assurance que nos luttes de résistance contre la détérioration de
nos conditions de vie et de
travail courent à l'échec, que nous ne réussirons même pas à limiter les
attaques du capital ne serait-ce que
temporairement, mais aussi qu'aux sacrifices économiques croissants succéderont
les sacrifices massifs de
nos vies dans un massacre impérialiste généralisé.
Membres de la
classe ouvrière, de la classe exploitée, du prolétariat international, notre
place n'est pas dans
la République démocratique bourgeoise qui nous envoie ses CRS aujourd'hui, et
demain l'armée. Notre place
est dans la lutte ouvrière, prolétarienne, contre le capitalisme, son
gouvernement, ses forces politiques de
gauche (PS et PC au premier chef) comme de droite, ses syndicats, sa police et
sa justice. L'État bourgeois
n'est pas notre État. La France, comme tous les autres nations, n'est pas notre
" pays ". Les prolétaires n'ont
pas de patrie, ni de nation, et encore moins de République démocratique
bourgeoise, à défendre.
Après deux mois
et demi d'hésitation générale, le fait que, depuis le 17 mai, certains secteurs
de la
production aient collectivement décidé la grève et l'extension du combat
fournit l'occasion que beaucoup
attendait pour se lancer à leur tour dans la bagarre. Attendre encore risque
fort de faire rater l'occasion
d'un combat généralisé et uni qui puisse faire reculer le gouvernement et son
attaque. Nulle illusion : le
retrait de cette loi n'en finirait pas avec le capitalisme et l'exploitation.
Mais il porterait un coup d'arrêt
temporaire et relatif - toujours cela de pris - à l'aggravation de
l'exploitation que la bourgeoisie ne
manquera pas de relancer. Et redonnerait confiance à l'ensemble de la classe
ouvrière dans ses propres
forces et son combat contre le capitalisme.
Alors, partout
où c'est possible - en particulier dans les plus grandes entreprises et usines
:
tenons des assemblées générales pour décider de la
grève ;
nommons des comités de grève élus et révocables ;
organisons des délégations massives vers les
entreprises et usines proches ;
étendons et unifions la grève et la lutte en tenant
des assemblées ouvertes à tous ;
disputons aux syndicats et partis de gauche la
direction et le contrôle de la lutte, des assemblées,
des décisions, des actions et des mots d'ordre. Ne les laissons
pas saboter notre combat.
La lutte
ouvrière est autant économique que politique; c'est-à-dire contre l'État
bourgeois, l'organisation
centralisée de la classe capitaliste, son gouvernement (qu'il soit de droite ou
de gauche) et ses organes
politiques, syndicaux, et répressifs. Aux travailleurs les plus combatifs et
conscients des enjeux
historiques :
n'hésitez pas à
vous porter à la tête de ce combat politique de classe ;
regroupez-vous
en comité de lutte et de mobilisation " inter-entreprise " et "
interpro ";
rapprochez-vous,
prenez contact, venez discuter et lutter aux côtés des groupes révolutionnaires
communistes qui portent et assument à la fois ce combat politique quotidien et
la perspective révolutionnaire et internationaliste d'une véritable société
communiste.
Il en va de la
défense de nos intérêts de classe immédiats, économiques et politiques. Il en
va aussi de la
destruction de ce monde de misère et de guerres croissantes.
Le Groupe
International de la Gauche Communiste (Révolution ou guerre), 21 mai 2016.
(Ne pas jeter
sur la voie publique)
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