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05/02/2016

CRISE SOCIALE ET CHÔMAGE

                               Article paru dans Alarme No 11 Jan. Fev.Mars 1981
"Est-ce que les choses ont changé depuis ?"
Aujourd'hui tout progrès technologique ou scientifique de grande envergure, même apparemment pacifique se concrétise par une domination encore plus brutale du capitalisme sans aucune contre-partie pour l'ensemble de la société et plus particulièrement le prolétariat. Ainsi les énormes investissements engloutis dans la conquête de l'espace ont été fructifies dans le renforcement des arsenaux impérialistes. Les travaux effectués "au service de la science et du progrès" se  concrétisent   maintenant en satellites de surveillance ou de guidage plus précis de bombardement nucléaire. L'informatique qui s'est développée dans la foulée de ces gigantesques travaux sert maintenant de moyen de répression affiné et violent ; elle est introduite dans la production pour les tâches de gestion, de rationalisation, de stockage de renseignements et de surveillance. Les technocrates peuvent ainsi "conquérir l'espace... policier mondial en se servant plus systématiquement de l'Informatique pour la répression avec le fichage, la surveillance, la circulation (espionnage) d'informations.

De plus les nouveaux produits industriels sont testés, le plus souvent possible, sur le marché mondial le plus important de l'époque : la guerre. On ne dépense pas moins d'un million de dollars par minute dans le monde pour la production de guerre ! Non seulement la guerre permet de tester les nouveaux produits, mais surtout elle est un magnifique champ d'élaboration technique et scientifique, un laboratoire généreux en découvertes un facteur important de progrès qui se concrétise par de nouveaux produits sur le marché de la guerre... économique. Le cercle vicieux se referme. Le capitalisme dans son ensemble ne peut plus apporter quoi que ce soit de bénéfique pour l'humanité, il est socialement nocif : il est décadent. En effet nous vivons une période où ce système, ayant conquis la planète, a rempli son rôle historique progressiste par rapport au système précédent et dès lors se trouve être caduc. Ainsi le capitalisme a unifié le monde par le lien social du capital (lien non humain) et a développé mondialement et puissamment son antagoniste irréductible, sa négation historique : le prolétariat.

Il a réalisé les " conditions objectives" de la révolution communiste {cf. Alarme n° 6), Cette période s'est concrètement ouverte avec la première guerre mondial de 1914-18 et la vague révolutionnaire, mondiale elle aussi, qui l'a suivie (1917-37) montrant dans les fait la caducité de ce mode de production. A cette caducité historique* correspond sa manifestation sociale : la décadence. Cette crise fondamentale du capitalisme est une crise sociale définitive qui se manifeste indépendamment de la bonne ou mauvaise marche de l'économie capitaliste. La croissance économique elle-même est devenue néfaste au progrès de l'humanité.

L'ensemble du "progrès" appliqué à la production (facteur de la croissance économique) détermine la restructuration du système économique ce qui entraine des heurts au sein de la sphère capitaliste : fermeture d’usines, écroulement de pans entiers de l'économie qui ne sont plus adaptés (rentables) face aux nouveaux moyens de production mis en œuvre, d'où un important chômage. En revanche de nouveaux secteurs industriels se créent ou s’étendent, utilisant les nouvelles technologies un personnel plus réduit et un fort système de sous-traitance (comme le font la plupart des grandes compagnies japonaises). Depuis que la prétendue crise économique sévit, les plus grandes entreprises capitalistes du monde, dans leur majorité, ne cessent de faire des profits et de participer à la croissance économique. Or dans une crise économique, mêmes les plus puissantes compagnies capitalistes se trouvent au moins très proche de la ruine, ce qui est loin d'être le cas aujourd'hui.

Quant- au prolétariat, quelque soit l'état économique du système, il est toujours perdant, ne serait-ce que par la perpétuation de l'exploitation. Rien ne permet aujourd'hui de conclure à une crise économique "mortelle" du capitalisme, crise sensée provoquer la "prise de conscience " révolutionnaire du prolétariat jeté dans la misère la plus noire. Le capitalisme peut malheureusement très bien survivre avec une économie "assainie" (où les capitalistes les plus faibles auraient été éliminés),  encore plus concentrée et plus étatisée, avec un volant de chômage plus important que précédemment. En 1965, les économistes américains estimaient que pour les USA 4 à 5 millions de Chômeurs était une armée de réserve normale en dehors de tout contexte de crise économique»
Quant à la radicalisation ouvrière qu'entraînerait une crise économique, force est de constater que cette radicalisation ne serait pas inéluctable et même qu'elle serait en fait freinée par une crise économique. Ainsi la crise de 1929 a eu pour conséquence, principalement aux Etats-Unis de diviser la classe ouvrière en chômeurs d'une part et d'autres part en travailleurs avec un emploi qui ont lutte (parfois violemment) uniquement pour préserver cet emploi. Quelques chômeurs radicalisés se sont regroupés pour lutter mais se sont séparés dès que les capitalistes ont réembauché sur une large échelle ; ils sont de toute façon très minoritaires, l'immense majorité des chômeurs ayant été réduite à un vagabondage excluant toute lutte de classe-, une classe ouvrière en vagabondage, n’est pas une classe ouvrière.
Le processus de formation de la conscience révolutionnaire du prolétariat ne peut s'expliquer ni par des recettes ni par des régimes alimentaires : les prolétaires trop gras et corrompus par le système devant maigrir, les squelettiques devant grossir pour avoir la force de se rebeller, les autres (par exemple les polonais) devant surveiller étroitement leur "ligne". La conscience révolutionnaire ne surgit pas de la nausée bileuse d'un ventre creux ou du vomissement gras d'un ventre plein. En effet  la révolution ne peut être un phénomène purement passif (le prolétariat "contraint" de s'affronter au capital) ni un phénomène purement volontaire : elle est le produit de la confrontation de ces deux phénomènes. C'est-à-dire que la conscience vient du choc du désir d'humanité (et donc des potentialités de réalisation de ses désirs) du prolétaire et de sa situation matérielle inhumaine et dégradante. Plus que jamais la contradiction est criante entre les potentialités développées par ce système et les conditions d'abrutissement physique et intellectuel faites aux prolétaires de tous les pays.
Si toute la pourriture présente subsiste encore sur la croûte terrestre, c'est parce que le prolétariat des pays les plus puissants n'a pas la force et ne se donne pas les moyens d'abattre ce système anti-humain. Notre tâche est de montrer que cette force ne peut s'acquérir que par l'organisation indépendante des ouvriers, chômeurs, intérimaires et travailleurs unis par delà toutes les barrières entretenues par ce système d'exploitation salariée, pour la destruction radicale de l'ordre existant.
Article paru dans Alarme No 11 Jan.Fev.Mars 1981
PROLÉTAIRES DE TOUS LES PAYS, UNISSONS-MOUS,
SUPPRIMONS LES ARMÉES, LES POLICES, LA PRODUCTION DE GUERRE
LES FRONTIÈRES, LE TRAVAIL SALARIÉ !
ARMES, POUVOIR, ÉCONOMIE AU PROLÉTARIAT !


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