LE MYTHE DE LA RÉCONCILIATION ESPAGNOLE
Suivi d'un article intitulé
ICI IL NE S'EST RIEN PASSÉ, MESSIEURS
Traduction d'un
article paru dans ALARMA N°2 Nouvelle Série. Organe du F.O.R. en
Espagne
LE MYTHE DE LA RÉCONCILIATION ESPAGNOLE
LE MYTHE DE LA RÉCONCILIATION ESPAGNOLE
Préambule : Peu
avant, le 5 décembre 1976, le P “S“OE organise
la première assemblée libre d'un parti de « gauche » en Espagne depuis la fin de la IIe République. La
légalisation du parti stalinien “PCE“ se fera à la semaine Sainte de 1977. Le stalinien Santiago Carrillo après avoir été le plus proche collaborateur
de la Pasionaria, deviendra avec Adolfo Suarez, chef du
gouvernement, la pièce maîtresse de la transition, vers une « réconciliation
nationale… »… Quoi d’étonnant de la part de toute
cette bande d’assassins !En 2001, lors
d’une déclaration relative au « Pacte de l’oubli » de la transition, Felipe
Gonzalez, ancien président « socialiste » du gouvernement espagnol, réaffirmait
sa conviction d’avoir fait le juste choix: «
Nous avons décidé de ne pas parler du passé. Si c’était à refaire, avec la perspective de ces vingt-cinq
ans écoulés depuis la disparition du dictateur, je le referais. Ce qui revient à dire qu’en termes
historiques, le solde de notre mode de transition me paraît satisfaisant »
ICI IL NE S'EST RIEN PASSÉ, MESSIEURS
Démonstration: La monarchie tombe en 1931, la
république démocratique et "des travailleurs de toutes les classes"
est proclamée; en 1976, la monarchie revient au pouvoir, imposée par Franco,
respectée par ses opposants afin que "les espagnols de toutes les
classes" vivent enfin réconciliés.
Anti-démonstration: En 1934, les ouvriers des Asturies
prennent le pouvoir, établissent la commune alors que dans le reste du pays la
grève générale (freinée par le parti "socialiste") ne réussit pas à
se transformer en insurrection.
En
1936 (Février), le Front Populaire vainc électoralement voilant son modéré
programme bourgeois et ses calculs de guerre impérialiste par la revendication
d'amnistie pour les 30.000 emprisonnés de 1934. Mais les prisonniers sont
libérés par la foule ouvrière et les expropriations des capitalistes commencent
et pas seulement dans les campagnes.
En
1936 (Juillet), le clergé, son bras exécuteur l'armée, les phalangistes et
autres vendus du capital, décident de se charger d'imposer, par la
mitraillette, l'ordre que le Front Populaire maintenait péniblement. Le projet
passe à exécution le 18.
Le
19 Juillet 1936, une insurrection ouvrière se superpose en un irrésistible
torrent à l'intention carpicultrice du Front Populaire ("Les forces
loyales se suffisent pour réduire les militaires", sans oublier les
conférences téléphoniques avec Mola(l) pour lui offrir des portefeuilles ministériels). Armée,
clergé, phalange sont pulvérisés dans les 4/5 du pays. Une fois les
travailleurs industriels et agricoles maîtres des armes, pouvoir et économie
tombent tout naturellement entre leurs mains. Alors commence la révolution
communiste et la guerre civile.
1937
(Mai).. Le prolétariat se soulève en Catalogne contre le parti de Moscou qui
est en train de poignarder la révolution dans le dos.
Propagande
de Pasionaria-Carrillo: «Ceux qui parlent de révolution sont les agents de
Franco; les expropriateurs sont des voleurs; les milices ouvrières des tribus
de sauvages; ici il n'y a même pas de guerre civile, mais une invasion de
Hitler et de Mussolini ». Le prolétariat sort victorieux de l'affrontement
armé, mais il est finalement dispersé et soumis aux gens de Moscou par la
CNT(2) qui se nie à mener la révolution jusqu'à son ultime conséquence. Les
hommes qui se battirent le mieux le 19 juillet contre militaires et fascistes,
commencent immédiatement à être emprisonnés et assassinés.
1937
(de Juin à la chute de Madrid). La zone rouge est petit à petit transformée en
zone noire par le gouvernement dirigé par Negrin(3) mais que dirigeait Staline
à travers ses "encomendadores"(4) en Espagne, les Pasionaria, les
Diaz, les Carrillo, les Hernandez et les Lister (5). Les collectivités sont
supprimées par la force ou étouffées par le sabotage économique de l'Etat
capitaliste reconstruit, les travailleurs sont désarmés, les
comités-gouvernement ouvriers constitués à partir du 19 Juillet sont dissouts,
leurs hommes et les révolutionnaires en général sont poursuivis, calomniés,
tués en grand nombre. Une fois le prolétariat vaincu et la révolution morte,
l'armée franquiste était assurée de sa marche triomphale...et d'une répression
qui commencée le premier jour par la soldatesque s étend et s intensifie avec
son avance- continue de tuer par centaines de milles longtemps après la
première déclaration de guerre et par la loi de guerre de maintient 30 ans
après. Elle n'a pas encore pris fin aujourd'hui.
Déduction:
Oui il s'est passé quelque chose. Quelque chose de très, trop, tant et si
transcendantal qu'ils se donnent beaucoup de mal pour nous le faire oublier,
comme si cela n'avait jamais existé, depuis le pupille de Franco par sa grâce
régnante jusqu'aux élèves de Staline en habit européen ou asiatique, et autres
déguisés en communistes ou socialistes, sans compter les mandataires du ciel.
La
première chose qui s'est passée
fut la disqualification et le discrédit total, non d'un roi, mais de la
monarchie parce- qu'archaïque et corrompue.
La
deuxième chose qui s'est passée
fut la mise en évidence rapide de la caducité de la république
démocratico-bourgeoise, comme régime politique et comme régime social valable.
La
troisième chose qui s'est passée
fut l'entrée en scène de la révolution et du pouvoir ouvrier, c'est-à-dire de
l'immense majorité de la population, aussitôt que furent retirées de la
circulation l'armée et la police.
La
quatrième chose qui s'est passée enfin, fut la vertigineuse attaque du prolétariat portée
contre le parti qui dans la zone rouge dirigeait la contre-révolution. Attaque
victorieuse sur le terrain en Catalogne, bien que vaincue par la suite, non
dans la lutte mais par trahison.
Signification: La classe ouvrière refusa et mit en
déroute successivement toutes les formes ou régimes politiques que le
capitalisme a adopté jusqu'à ce jour; la forme monarchiste, militariste ou
constitutionnelle, la forme démocratico-bourgeoise républicaine, la forme
fasciste et, exploit culminant, la forme capitaliste d'Etat que le gouvernement
russe et ses compères disent socialiste, odieuse falsification. Le prolétariat
ne succomba pas aux mains du Franco- fascisme, ce fut les Pasionaria, Carrillo
et complices qui le lui livrèrent.
Le
capitalisme continue donc d'être virtuellement en déroute en Espagne, car ce
qui a été fait une fois tend irrésistiblement à se reproduire d'une façon
meilleure et plus consolidée. C'est précisément pour empêcher la nouvelle
génération de donner corps à ce qui est virtuel, que s'allient contre elle,
dans la réconciliation, les vampires des diverses formes capitalistes.
"Ici il ne s'est rien passé" signifie en réalité: ICI NOUS NE
PERMETTRONS PAS QU'IL SE PASSE QUELQUE CHOSE. Mais la nouvelle génération
ouvrière, qui a donné de si remarquables signes de combattivité(6), ne va
certainement pas demander au parti de Carrillo ou à quiconque la permission de
renouer avec sa révolution.
1. Mola: général en rébellion contre la
République avec Franco
2. Centrale anarcho-syndicaliste. Lors
des journées de Mai 37, les dirigeants de la C.N.T. s'adressaient aux ouvriers
en armes dans les termes suivants: "Arrêtez le feu! embrassez les gardes
d'assaut!","Nous tendons les bras sans armes; faites de même et tout
se terminera. Que la concorde soit entre nous"
3. Président de la République espagnole
après les journées de Mai 37. Fut le jouet et le bras de Staline.
4. "comandataires secrets"
5. Racailles staliniennes. La Pasionaria
fut un agent zélé du Guépéou. Lister dirigea notamment une colonne militaire
qui avait pour mission de faire rendre les terres collectivisées par les
paysans à leurs anciens propriétaires.
6. Par exemple les grèves de Rooa,
Vitoria, Alieante.
Traduction d'un
article paru dans Alarma, organe du F.O.R. en Espagne. N°2
Nouvelle série.
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