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13/10/2015

ORGANISATION ET ACTIVITÉ RÉVOLUTIONNAIRE
Article publié dans Alarme -N05 JUIL.AOUT.SEPT.79
" Les ouvriers  ne  sont  des  hommes  que  tant qu'ils  ressentent de la  colère  contre la classe dominante. Ils  deviennent des  bêtes  dès  qu'ils  s'accommodent  de leur joug, ne  cherchant qu'à rendre  agréable  leur vie  sous  le joug  sans chercher à briser celui-ci."
                                 F.Engels (La situation de la classe laborieuse en Angleterre.1844-45)

Le prolétariat quand il ne réagit pas n'est que la force grâce à laquelle le capitalisme se reproduit profitant de l'apathie générale de son ennemi historique. La classe ouvrière n'est alors qu'un conglomérat de gens amorphes qui se débrouillent tant bien que mal pour survivre dans une société invivable, reproduisant l'esprit de concurrence, d'inimitié, et l'esprit malsain du capitalisme. En un mot, il n'agit pas en classe ayant des intérêts communs face à la vermine capitaliste.
A d'autres moments par contre, le prolétariat agit uni en tant que classe porteuse du seul devenir humain possible: le communisme. Alors peuvent s'affronter deux types de sociétés, l'une réactionnaire, l'autre révolutionnaire. Entre ces deux états de fait et ces faits eux-mêmes il y a des individus qui sont révolutionnaires indépendamment de l'état momentané où se trouve la classe dans son ensemble. Seul leur nombre varie suivant- la situation sociale. Ils sont révolutionnaires parce qu’ils sont conscients du fait que leur but et celui de la classe dans son ensemble c'est le communisme.
Ces individus révolutionnaires tendent à s'organiser par affinité d'idées, idées qui ne tombent pas du ciel mais qui proviennent d'une interprétation particulière de l'histoire de la lutte des classes. De chaque affrontement prolétariat-capital, des leçons sont tirées, c'est de là que nait la théorie révolutionnaire et ce qui la fait évoluer. Elle n'est donc et ne peut être invariante, comme certains crétins le croient, étalant sans cesse des textes sacrés qui bien évidemment ne peuvent exister. Mais quelle est et quel doit être l'attitude des révolutionnaires par rapport à l'ensemble du prolétariat dont il n'est qu'une partie souvent infime?
Pour la grande majorité des groupes il s'agit en fait de choyer le prolétariat, leur commentaire journalistique n'ayant rien à envier à celui des commentateurs des matchs de football, surtout lorsqu'ils croient que leur équipe domine. Nous ne parlerons pas ici, critique trop facile, de ceux qui se disent conseillistes, puisque leur attitude n'est que le récit plus ou moins optimiste de ce qui se passe, intervenir serait devenir un grand et méchant dirigeant. Bref passons.
Choyer le prolétariat, c'est également, ne pas agir lorsqu'il ne se manifeste pas et de se contenter, puisqu'on ne peut directement influencer celui-ci, de maintenir en cercle d'intimes initiés l'imminente et religieuse idée de la révolution communiste. C'est le moment idéal, presque rêvé, pour que la fraction la plus décidée (on ne voit vraiment pas en quoi!) tire le bilan du passé, comprenne presque mathématiquement le moment où le prolétariat sera à nouveau amené à sortir ses griffes, et donc attende que la période contre-révolutionnaire se transforme en son contraire. Voilà ce que ces groupes ont compris de la méthode scientifique et du matérialisme historique... Cette compréhension en fait des "machines de la révolution" et donc des êtres dénués de toute sensibilité humaine. Ils devraient vraiment relire ce en quoi Marx et Engels critiquaient les utopiques.

Ce n'était certes pas dans ce qu'ils avaient de profondément humain et dans leur volonté de changer les rapports sociaux. Ce que les socialistes scientifiques ont compris et mis en évidence ce sont les forces motrices de l'histoire et par conséquent le prolétariat comme seule force capable de détruire à jamais toute société basée sur la division de classe. Leur conception n'était donc plus basée sur des idéaux provenant d'une volonté saine et louable mais au contraire basée sur la réalité. Le communisme est possible parceque le prolétariat existe en tant que classe et seul celui-ci est porteur du devenir humain, car en se niant en tant que classe il détruira toute possibilité de domination de l'homme par l'homme.

Prenons un exemple précis d'anéantissement total du prolétariat. La guerre impérialiste, moment où chaque prolétariat national se laisse embrigader derrière un torchon aux couleurs nationales. Les révolutionnaires doivent-ils brandir le drapeau de l'internationalisme prolétarien (transformation de la guerre impérialiste en révolution sociale) au risque d'être exterminés, ou bien se retrancher dans des" lieux sacrés pour tirer le bilan du passé et pouvoir ainsi reconstruire le futur parti prolétarien défendant par principe le défaitisme révolutionnaire sauvé, car écrit sur des bouts de papier dérisoires que l'on exhibera plus tard grâce aux collections personnelles précieusement conservées durant la période de guerre?

Messieurs les "révolutionnaires" il faut choisir. Le défaitisme révolutionnaire ainsi que la relation classe dans son ensemble/fractions plus conscientes de cette classe, ne sont pas des leçons apprises que l'on étale après coup, ce sont des actes. Il n'y a pas de cadres à sauver au nom de la future victoire de la révolution. On peut se passer d'eux, surtout lorsqu'ils ne servent qu'à jacasser. Curieuse coïncidence, ces groupes sont généralement ceux qui tremblent d'indignation lorsqu'on ose critiquer la non combativité ou les faiblesses du prolétariat. Nous y reviendrons un peu plus loin.
Prenons maintenant, une période comme celle que nous vivons aujourd'hui, et plus particulièrement pour alléger notre exposé, des événements comme ceux du Nord et de la Lorraine. Au moment de ces événements, comme toujours il y a plus ou moins d'organisations sur la "scène politique". Nous ne parlerons naturellement pas de celles (plus connues!) qui en fait se situent sur le terrain du capital et donc contre les ouvriers (syndicats, P"C", P"S", extrême gauche), mais de celles que les précédentes taxent de fascistes ou d'ultra-gauche bien que pour notre part nous ne revendiquions aucun de ces deux termes. Ces organisations, en y incluant la nôtre, sont arrivées sur des positions plus ou moins précises. Ces positions, les leurs tant qu'elles ne sont pas publiquement remises en causes par ceux qui les défendent, ne tombent donc pas du ciel et proviennent d'une certaine interprétation de la lutte du prolétariat de par le passé. Ce à quoi nous allons nous attacher, c'est à l'attitude de certains groupes par rapport aux positions qu'ils devraient défendre. Prenons par exemple la question syndicale.

Attaquons immédiatement ceux qui grâce à leurs géniaux cerveaux ont compris que les syndicats étaient des organisations contre-révolutionnaires corps et âme voués au capitalisme en général et au capitalisme d'état en particulier. Mais qui pensent que les révolutionnaires doivent évoluer au sein des syndicats parceque le prolétariat s'y trouve, tout en y proclamant que les vrais organes de combats seront les organismes que le prolétariat adoptera lui-même. Comment des gens dénonçant le syndicat en tant que tel et non à cause "des mauvais dirigeants" peuvent-ils être tolérés un seul instant en son sein s'ils maintiennent des positions vraiment antisyndicales? En fait ils ne font que justifier l'existence de ces organisées en y militant. De deux choses l'une, ou bien ils y militent pour transformer les syndicats de l'intérieur pour le pousser à aller plus loin, et ils ne comprennent pas ce qu'est la contre-révolution, ou alors ils adoptent la position suivante: sors du syndicat moi je reste pour en faire sortir d'autres. Encore une fois, l'ouvriérisme triomphe. Réduisant à néant leur "activité". On ne peut être à la fois chat et souris, d'autant plus que le chat à tendance à bouffer  la souris. Notre attitude en tant qu'individus révolutionnaires, ainsi que notre attitude en tant qu'organisation, sera de dénoncer et d'attaquer partout les syndicats en y incluant les gens qui les critiquent mais qui en réalité aident à les faire vivre.
 Les syndicats en tant qu'organes capitalistes n'échappent pas à la règle du capitalisme en général. Ils savent céder face au danger pour mieux anéantir tout mouvement authentiquement prolétarien. Ceux qui militent dans les syndicats ne peuvent donc qu'être dénoncés et combattus .Prenons maintenant le cas de ceux qui considérant les syndicats comme contre-révolutionnaires n'y militent pas mais appuient certaines de leurs manifestations, comme ce fut le cas de "Révolution Internationale" le 23 Mars à Paris. En fait, cette attitude ne diffère pas beaucoup de la précédente. Encore une fois, ouvriérisme oblige! Là où les ouvriers se trouvent, ils y vont en criant victoire, les uns par principe, les autres par une analyse plus "poussée" de la période actuelle: remontée des luttes, cours vers la révolution. Il faut non seulement y aller, mais appeler les ouvriers à se joindre au cortège syndical. Non et non!
Être une fraction plus consciente et décidée, c'est défendre des positions nettes et précises sans équivoque possible. C'est une chose qui se démontre dans les faits au risque d'aller contre le courant. Lorsqu'on connait la nature et la façon d'agir des syndicats on ne peut en aucun cas les cautionner même si l'on croit que forcés par une poussée des luttes ceux-ci prennent le train en marche. Les idées révolutionnaires, encore une fois ne tombent pas du ciel, elles sont le fruit de l'expérience de la lutte des classes, et on ne va pas passer notre temps à refaire ces expériences. Ce n'est pas parceque la classe dans son ensemble n'a pas compris la nature totalement réactionnaire de certaines organisations que l'on doit appeler à manifester derrière elles ou avec elles en espérant que les ouvriers les débordent. Ce n'est pas en s'extasiant devant le prolétariat et en jetant de nombreux tracts qui ne dépassent pas le niveau réel de la lutte que l'on participe en tant que révolutionnaires dans les conflits de classe, on arrive par là, à la limite, à un seul résultat: faire grossir les rangs de sa propre organisation. Le révolutionnaire n'est pas une cloche qui tinte lorsque tous les réveils ont déjà sonné.
En conclusion: les révolutionnaires doivent défendre ouvertement les positions auxquelles ils croient, indépendamment du niveau de conscience de l'ensemble du prolétariat et du niveau de la combativité prolétarienne, et ce à tout moment. Ce sont de toutes manières les situations elles-mêmes qui limitent cette activité lorsqu'il y a passivité totale du prolétariat, on n'a pas à s'autolimiter au nom de la critique de l'activisme. Les révolutionnaires doivent montrer et défendre les objectifs de classe, et savoir critiquer la classe lorsque celle-ci n'agit pas sur son terrain. C’est pour cela que nous saluons bien bas les nombreux groupes qui pour des motifs différents, ont critiqué notre tract du 1° Mai. Nous insultions la classe parait-il! Mais quelle classe?

 Le composite de gens bêtifiés par le capital défilant derrière toutes les organisations contre-révolutionnaires? Pour nous cela ce n'est pas la classe agissant en tant que telle, mais la somme arithmétique de gens mystifiés, de gens trompés, menés à l'abattoir par des salopes et des crapules. Ceux qui renoncent expressément à lutter contre le courant et à ne rien dire à la classe ouvrière "qu'elle ne puisse pas comprendre" sont voués à leur propre faillite qu'ils soient attentistes, volontaristes ou activistes.

                 "...L'objectif final n'est rient c'est le mouvement qui est tout…“
         Rosa Luxembourg

NON, au contraire le mouvement en tant que tel, sans relation avec l'objectif final, le mouvement comme fin en sois n'est RIEN c'est l'objectif final qui est TOUT."
Alarme -N 05




 [Article publié dans Alarme -N05 JUIL.AOUT.SEPT.79]

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