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16/10/2015

PROLÉTARIAT ET CONSCIENCE DE CLASSE, AUJOURD’HUI

PROLÉTARIAT ET CONSCIENCE DE CLASSE, AUJOURD’HUI
[Paru dans Alarme N°3 Jan.Fev.Mars 79]

"Le prolétariat est révolutionnaire ou il n'est rien". Oui, s'il est vrai que le prolétariat est la classe révolutionnaire qui en s'émancipant émancipera l'humanité entière détruisant à jamais la société divisée en classe, il ne I‘est qu’*historiquement. Tant qu'il n'agit pas subversivement il n'est rien, c'est à dire qu'il nie sa potentialité révolutionnaire soumis au trio Etat-Capital-syndicat qui poursuit sa route effrénée vers une barbarie chaque fois plus grande.
La bourgeoisie occupait en tant que classe à la veille de la révolution bourgeoise le premier rang dans la société de par sa richesse et sa culture face à une aristocratie en pleine décadence dont la domination ne correspondait plus au niveau atteint par les forces productives en plein essor et constituait autant d'entraves pour le progrès social. La bourgeoisie s'appuyant sur les classes pauvres balaya à tout jamais l'Ancien Régime.

Or qu'en est-iI aujourd'hui pour le prolétariat vivant dans un monde capitaliste en pleine décadence (voir impossibilité de développement capitaliste, Alarme n°2). Contrairement à la bourgeoisie du 18ème s. il n'a ni richesse ni culture, et sa place n'est prépondérante dans nos sociétés que dans la mesure où il se vend et reproduit ainsi les conditions objectives de sa propre exploitation et donc de la continuité du monde qui l'exploite. Il est la dernière classe de l'histoire, la synthèse de l'exploitation de l'homme par l'homme, et travaille dans une société qui proportionnellement à sa croissance le rend de plus en plus misérable à tous les points de vue; misérabilisme culturelle qui en première instance rend la transformation communiste de la société beaucoup plus difficile aujourd'hui qu'hier.

Tous les concepts communisme, socialisme, internationalisme, révolution sociale etc..., qui à une certaine époque représentaient quelque chose de vivant au sein de la classe historiquement révolutionnaire ont été à tel point déformés qu'ils ne suscitent aucun enthousiasme. C'est l'œuvre meurtrière de 40 ans de contre-révolution à la tête de laquelle se trouvent les partis staliniens suivis par leur chien de plus en plus fidèle l'extrême gauche qui ne cesse de réclamer une place légitime au sein du mouvement anti-ouvrier. S'ajoute à cela l'action du syndicat qui soit provoque des grèves de 24h pour démontrer sa force d'encadrement au capital, soit détourne et interrompt brusquement les grèves qui pourraient s'avérer dangereuses pour le bon fonctionnement du système basé sur le travail salarié dont il est le fervent défenseur dans les usines. Le syndicalisme dépend de l'existence du travail salarié dont il se nourrit, et nous ne parlons pas ici seulement des pays dits socialistes ou il fait partie intégrante de l'Etat et où donc la bureaucratie syndicale profite directement de là plus-value soutirée de la force de travail !

Aujourd'hui, la majorité des grèves sont des grèves misérables qui loin de démontrer la combativité révolutionnaire du prolétariat marquent en fait sa profonde soumission. Certes le prolétariat applique la lutte de classe mais ceci de par sa propre nature puisqu'il est une des contradictions du système. Mais rares sont les fois où il s'oppose au capital de manière consciente. Les grèves d'aujourd'hui pour la grande majorité des cas sont en fait des NON-GRÈVES qui loin de faire trembler le système dans son ensemble, le renforcent. En effet quelle conscience révolutionnaire peut être réveillée dans des "grèves" de 24h ou limitées par les appareils syndicaux, quel enthousiasme, quelle combativité peuvent bien ressortir d'un prolétariat qui a le chemin tracé pour ses manifestations et dont les occupations d'usines feraient rougir le prolétariat du siècle dernier. En fait, à l'exception de quelques grèves sauvages (peu nombreuses dans le monde entier), le prolétariat ne combat pas sur le terrain de classe.

En schématisant nous obtenons la situation suivante: un prolétariat de plus en plus ignorant de son propre passé de classe révolutionnaire, de fortes organisations anti-ouvrières syndicats, P"C", P"S", L"C""R",, 0"C" "I" (1) etc… qui savent tenir les gens et leurs propres troupes dans les rangs, et des organisations révolutionnaires faibles, très faibles qui contrairement à ce que certaines croient ne pèsent vraiment pas lourd dans la balance.
Notre devoir et besoin de révolutionnaires n'est pas de nous gargariser à chaque fois que le prolétariat d'un endroit donné essaye de briser les chaînes que lui posent toutes les organisations dont nous avons déjà parlé, mais de lutter pour étendre ce type d'actions, de semer la subversion partout, et non pas d'être une organisation qui attende le jour “J“ pour diriger le prolétariat vers le paradis construit artificiellement dans son cerveau irréprochable.

La nécessité d'une ou de plusieurs organisations est incontestable et représente dans tous les cas une arme que nous n'avons absolument pas à rejeter bien au contraire. Mais la question qui se pose est la suivante: quel type d'organisation, quel doit être son rôle avant, pendant et après la révolution. Thème que nous n'exposons ici que très brièvement.

Sont à rejeter, l'expérience historique du mouvement ouvrier le prouve:

1°- La conception bolchévique de I ‘organisation: centralisme démocratique qui empêche les tendances minoritaires de s'exprimer en tant que telles à l'extérieur du Parti, celles-ci étant obligées de se soumettre à la majorité, et la conception du  révolutionnaire professionnel.
2°- La conception bordiguiste du Parti qui se prétendant le Parti historique du  prolétariat n'entrevoit la révolution que par lui. Son centralisme organique, où le droit de tendance est supprimé, est à bannir tout centralisme démocratique du bolchévisme. De même est à bannir l'identification qu'établit le bordiguisme entre dictature du prolétariat et dictature du Parti.

La classe ouvrière doit cesser de subir l'histoire pour la faire et cela en tant que sujet conscient. Elle n'admet donc aucune camisole de force.

Toute prise du pouvoir par une ou plusieurs fractions organisées de la classe, pour aussi révolutionnaires qu'elles soient, conduirait à l'échec de la transformation communiste de la société.
L'organisation révolutionnaire est basée sur un ensemble de positions politiques en relation avec l'analyse globale de la période ce qui implique qu'elle ne peut avoir de programme invariant et donc que ses positions sont profondément dynamiques. Elle a pour but de pousser le prolétariat à l'action révolutionnaire, de pousser au réveil de sa conscience de classe et à sa généralisation, d'aider le prolétariat et dans sa lutte quotidienne aujourd'hui et dans la révolution en tant que fraction plus consciente de la classe, liée à la classe.

                                                                    Alarme N°3 Jan.Fev.Mars 79

(1)     OCI, aujourd'hui Courant communiste internationaliste=Parti des travailleurs le "PT"

         LCR dissous en 2009 dans le Nouveau Parti anticapitaliste (NPA).

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