Choose your language

06/04/2014

BOURGEOIS ET SYNDICATS, OÙ COMMENT VIVRE DE L'ESCLAVAGE SALARIÉ

Réponse à B.R : à propos de : C’est quoi pour vous les  syndicats ?
Question N°1,2,3 (Syndicats, L’ennemi de classe, Les revendications)
REVENDIQUER, OUI, MAIS POUR NE PLUS AVOIR A LE FAIRE !

Q : C’est quoi pour vous les  syndicats ?

Retour en arrière : Ce fut suite aux événements des Canuts de 1831, que les canuts du « Devoir Mutuel » vont imposer une certaine discipline au sein de la corporation et ceux qui bravent les décisions prises, se voient sanctionnés par leurs délégués, une conception du type "syndicaliste" de la profession se développe. En 1831, l'ancien garde national Monfalcon, premier "historien" des révoltes des canuts, écrit : "une des plus fatales conséquences des événements de novembre, sera de faire des ouvriers une classe politique" et là, il n'y a pas d'erreur pour les républicains, "Après les événements de novembre [...], tous les partis politiques se jetèrent sur Lyon comme sur une proie qui leur était acquise. Ils s'occupèrent avec une infatigable activité à élargir et à envenimer la grande plaie lyonnaise, et se firent les flatteurs [...] des ouvriers, pour en faire un instrument quand le moment sera venu.

Il faut bien admettre qu'à ce moment-là, le résultat de la lutte revendicative des canuts sur le plan social et des salaires est une catastrophe, « Les fabricants (soyeux, les patrons négociants) vivent malgré ces aléas une période prospère, et les journaux républicains opposent cette prospérité insolente aux conditions de vie toujours précaires des canuts malgré les augmentations de salaire suivit d’une hausse du prix de la farine, du bois de chauffage etc... ».  Le fait nouveau   pour les républicains fût de découvrir les prémisses d’un syndicalisme naissant, celui des canuts.

Les canuts serviront de caution sociale aux politiciens républicains, sauf,  qu'il leur fut impossible de soudoyer un “leader“, ce mouvement n'ayant pas fait émerger de "chef". Il faudra attendre à peine vingt ans pour y parvenir. En 1848, lors de la Deuxième République, toutes les fripouilles, orléanistes, monarchistes, radicaux,  deviennent des républicains, les socialistes en tête, la soupe républicaine deviendra la manne salutaire d'une classe d'idiot consanguin, heureux de confondre leur portefeuille ministériel à celui plus personnel qui fera leur fortune ! D'ailleurs, ça n'a pas changé depuis. Seule une poignée d’irréductibles révolutionnaires les plus combatifs, les plus décidés, les plus conscients auront suffisamment de courage et de lucidité pour continuer à mener la lutte des classes !

En 1864, le mouvement ouvrier français essentiellement constitué d'ouvriers qualifiés des villes s'organise dans les chambres syndicales. Fortement influencé par les thèses de Proudhon, et des blanquistes, c'est la fondation de l'association internationale des travailleurs, au cours de laquelle Marx élabore une résolution sur les syndicats, leur assignant : à la fois un objectif de lutte immédiate pour défendre les ouvriers contre le capital par la grève générale, incluant l'objectif de lutte pour abolir le système du salariat. (Objectif repris en 1895 lors du congrès constitutif de la CGT, inutile de préciser que ces objectifs ne seront jamais appliqués). 

Waldeck-Rousseau, ce grand bourgeois libéral fera sa prise de conscience sociale pendant les grèves de 1878-1880. Il ne s'agit pas pour lui, et ses amis, de remettre en cause l'ordre et l'organisation du travail de la société capitaliste avec ses dispositifs essentiels tel le salaire à la tâche ; mais plutôt d'inventer des garde-fous pour préserver un ordre social que les institutions patronales ne suffisent plus à maintenir. Sorlin, le biographe de l'opportuniste Waldeck-Rousseau, décrit ainsi la philosophie sociale des républicains : en 1880, le pari de Waldeck-Rousseau et de ses amis, entre autres Barberet, est de favoriser l'association ouvrière « comme régulateur, et agent d'équilibre des forces sociales ».

« Lorsque les travailleurs s'unissent, la discussion naît plus facilement et les plus raisonnables retiennent les moins évolués. L'ouvrier encadré par ses camarades, obligé de tenir compte de leurs réserves, de leurs craintes se livrera moins facilement à des excès condamnables que le prolétariat livré à lui-même... »

C'est la naissance de l'Union des chambres syndicales de France animée par Barberet. En 1884, la loi Waldeck Rousseau, qui n'est d'ailleurs pas de lui bien qu'elle en porte son nom, autorise la création des syndicats. 1895 : création de la CGT. Je vous fais grâce des turpitudes. La suite, nous la connaissons que trop bien, la fameuse charte d'Amiens de 1906 sera l'occasion pour les syndicats de se répartir l'encadrement de la classe ouvrière et rien d'autre ! C'est par cette déclaration solennelle, faite sur la tombe de Jaurès, que Jouhaux représentant de la CGT fera de la classe ouvrière, "des soldats de la liberté ", c'est-à-dire de la chair à canon dans la première boucherie mondiale, pour servir les intérêts du capitalisme français. Ce n'est pas dans les écrits, mais dans les faits que le syndicalisme c'est illustré; chauvin, nationaliste, opportuniste, corporatiste, il est allié objectif du capitaliste contre l'émancipation du prolétariat. La charte d'Amiens de 1906 n'ayant été qu'un faire-valoir dans les statuts de la CGT pour mieux canaliser les éléments les plus combatifs, mais aussi les plus crédules du syndicalisme de 1906,  comme le furent  Pierre Monatte et Alfred Rosmer.

Juin 36 grèves générales en France, indépendamment de toute action syndicale; les syndicats avoueront par la voix de Léon Jouhaux, le 15 juin : « le mouvement s'est déclenché sans qu'on sût exactement comment et où » Thorez terminera par cette phrase « Il faut savoir terminer une grève dès que satisfaction a été obtenue », l'ordre bourgeois est rétabli !
Mai 68 la grève générale en France, indépendamment de toute action syndicale: les syndicats prennent l'initiative d'entamer des négociations le 25 mai entre le gouvernement, le patronat, celles-ci aboutissent à des accords d’abord “émargés“ au ministère des affaires sociales, rue de Grenelle. Les syndicats veulent d'abord s'assurer de la température du "peuple". Ces accords prévoient l'augmentation du SMIG (salaire minimum) de 25%, des salaires de 10% et la réduction du temps de travail. Mais ces concessions ne satisfont pas la base ouvrière et la grève continue. Le 27 mai, les accords seront signés. C’est deux grèves contrairement aux affirmations fallacieuses ne sont pas dues aux syndicats, mais à un mouvement de masse qui mûrissait depuis plus de 4 ans, la grève générale de mai-juin 1968 est venue de loin, les syndicats et la vermine stalinienne du P“C“F la contenaient depuis bien longtemps! Le 30 mai de Gaulle, annonce la dissolution de l'Assemblée nationale, de nouvelles élections dès que la grève générale aura cessé. Les dirigeants des “partis ouvriers“ vont adopter cette " perspective politique ” d’une élections, pour désamorcer politiquement la grève générale, la réduire à une somme de grèves partielles. Corporation après corporation, entreprise après entreprise, les dirigeants syndicaux engagent de nouvelles " négociations ”.  Ils émiettent peu à peu la grève générale et la liquident. Le 30 mai, il n'y a plus rien à voir, Séguy et Krasucki appellent à la reprise du travail. On peut dire que le 10 juin la grève générale est terminée. . L'ordre bourgeois est rétabli !

Toute l'histoire du syndicalisme, montre qu'il n'y a jamais eu de syndicats politiquement indépendants du pouvoir des classes dominantes, et de leurs partis, ceux qui ont prétendu s'en exclure ne l'on fait que pour mieux masquer l'orientation politique qui était la leur ! Parler des syndicats comme étant des organisations “réformistes“ est un non-sens, au pire une imposture visant à dévoyer le prolétariat d’un affrontement qui lui est indispensable a son émancipation ! Refuser d'inscrire cette perspective comme préalable à toute émancipation du prolétariat, est pour nous une frontière de classe. 
Jamais les syndicats n'ont émis l'idée d'un passage graduel au socialisme par une série continuent de réformes, ni dans les faits ni dans leurs statuts. Les mots ont une signification sinon c'est de l'escroquerie. De plus comment peut-on affirmer que des syndicats "réformistes" se sont rendus aptes à servir de cadre au développement de la conscience de classe* ! Quelle conscience de classe aurait pu apporter ce “pseudo-réformisme“ à la classe ouvrière? Sinon celle de sa soumission aux diktats de ses exploiteurs. (*Plate-forme, Les syndicats théorie du CCI- RI et autres scissionnistes de ce courant (le  GIGC entre autre)  qui véhiculent toujours les mêmes inepties).  

« Les syndicats sont directement intéressés à ce qu'il y ait quelque chose à revendiquer, chose impossible sans que le prolétariat continue indéfiniment à être prolétariat, force de travail salarié ; les syndicats représentent la pérennité de la condition des prolétaires ; vendre la force de travail à ses acheteurs est la condition de son existence actuelle, en même temps que cela prépare son existence future, on le verra par la suite. Représenter la pérennité de la condition de prolétaire, c'est accepter et représenter aussi la pérennité du capital ».G.Munis  

Rien dans l'histoire du mouvement ouvrier n'a égalé la "syndicratie", cette bureaucratie syndicale qui n'a cessé d'enlever au prolétariat la confiance en sa force de classe, de le priver de son élan émancipatoire. Rien de pire pour la classe ouvrière, sinon le stalinisme, conjointement orchestré par les partis politique prétendument ouvriers "communistes" où "socialistes" ! Les syndicats ont été de tout temps la fraction la plus réactionnaire inféodée à la pérennité du capital, par le négoce de notre force de travail, qu'il a toujours considéré comme sa "marchandise". Notre pratique consiste à réaffirmer avec encore plus de vigueurs, ce que toutes ces fripouilles d'hier et d'aujourd'hui, ce sont ingénier à dénaturer du projet humain de notre classe, "le communisme" !

Q : Pourquoi est vous contre les syndicats ?

Lorsque l'on dit que la classe ouvrière doit quitter les syndicats, ce n'est pas pour créer une organisation autonome pour pallier à de quelconques "carences du syndicalisme" mais bien de s'y opposer, pour les combattre en tant qu'ennemi de classe. Le syndicalisme ne s'inscrit pas dans l'antagonisme de classes, il est fondamentalement lié au capital au sein du système lui-même, empêchant la capacité pour le prolétariat de se rapporter à lui-même comme classe contre le capital. En s'affrontant aux syndicats, le prolétariat s'affrontera au capital lui-même.  C'est la lutte des classes, ce n'est plus des travailleurs qui s'auto-organisent comme travailleurs, ni le recyclage du syndicalisme, au contraire, c'est son affirmation de classe révolutionnaire dans l'abolition du capital...

Nous ne devons pas fétichiser les formes qui ne sont pas grand-chose si l'objectif, des revendications ne visent les rapports sociaux dans leur ensemble. C'est seulement sur ces bases qu'il sera possible de trouver la solidarité effective des autres travailleurs et l'extension des luttes par-delà les frontières. Il est évident, qu'avec l'apparition d'une "coordination" nationale voir au-delà, avec des délégués élus par la base et révocables à tout moment, implique l'exclusion de la représentativité des organisations syndicales, à contrario cela signifierait que cette coordination n'a pas rompu de l'esprit syndicaliste ni dans sa forme ni dans son contenu ! De plus, la révocabilité des délégués n'est pas non plus une garantie, si ceux-ci ne sont mandatés dans des fonctions claires et précises par l'ensemble de la base.
Plus grave encore, que la coordination remplace les syndicats pour obtenir satisfaction sur les revendications corporatistes, de grille, de hiérarchisation, de pénibilité, d'âge, de sexe, etc. tous les paramètres habituels qui cherchent à briser l'unité de classe. 

« Pour nous, aujourd’hui la défaite d’une grève anti-syndicale est préférable à n’importe quelle victoire impartie aux syndicats. Celle-ci barre la route aux luttes révolutionnaires, celle-là jalonne et consent aux travailleurs une expérience propre. » G.Munis

Aujourd’hui les syndicats font accepter, les revendications du  “maintien de l'entreprise“ par le sacrifice “du maintien de l’emploi“, habile tour de passe-passe, qui signifie le licenciement de certains travailleurs et le maintien d’autres, qu'ils s'empresseront de déclarer comme étant des “emplois sauvés». Ou encore des pertes de salaire et des aggravations de l'exploitation, par des heures non payées. Accepter ce chantage entraîne toujours la défaite, non seulement pour les ouvriers concernés, mais pour l’ensemble de la classe ouvrière : c'est ce qui s'est passé chez les Conti, Bosch, Axa, Michelin et actuellement à la Redoute ou encore dans l'agro-alimentaire en Bretagne ou les travailleurs dont l'emploi fut soi-disant “sauvé“, ont refusé de se solidariser de ceux qui étaient licenciés ! Les méthodes du capitalismes et des syndicats étant, on ne peut plus clairs, d'abord régionaliser les licenciements pour éviter l’annexion à d’autres secteurs en luttes, ensuite licencier un certain nombre d'effectifs pour diviser les ouvriers entre ceux qui perdent leur emploi de ceux qui les conservent, pendant que les syndicats négocient en coulisses la vente à la baisse ou à la réforme du bétail humain… !
Les prolétaires n'ont pas à revendiquer que quelques miettes de plus au système marchand, mais ils doivent rejeter toute grille, quelle qu'elle soit, et toute hiérarchie des salaires. Notre lutte doit avoir lieu dans la perspective de nous approprier toutes les richesses que nous produisons en tant que prolétaires et de renverser le cycle économique pour satisfaire la consommation et la distribution en fonction des besoins humains et non du profit.
Droite, gauche, syndicats ne cessent pas de nous parler de plans de restructuration pour sauver l'économie capitaliste nationale et internationale, ou des risques de paralysie de celle-ci à cause d'une grève prolongée. Nous n'avons pas de patrie, le capitalisme n'en a pas non plus quand il spécule ou délocalise, affame et tue dans les cinq continents de la planète, puisqu'il nous considère comme de simples objets qui possèdent une force de travail pour produire, comme une masse qui doit accepter éternellement de se plier à. la logique de l’exploitation. Nos luttes démontrent que le prolétariat est la classe qui produit la richesse sociale dans le monde entier, à l'Est comme à l'ouest, et qu'elle est capable de changer sa condition misérable d'exploitée si elle entreprend une lutte décisive pour la révolution sociale.

Q : Vous n'appelez pas la classe à revendiquer ? 

Je pense que vous avez mal lu, reportez-vous à la brochure  "Pour un second manifeste communiste“
Contrairement à certain, nous refusons l’immobilisme des groupes des gauches communistes incapable d'une intervention de classe, certainement dû à des expériences qui ne furent pas toujours à leurs avantages. Il est vrai que d'écrire au sujet de l'histoire est beaucoup plus confortable que de s'impliquer dans le cours de l'histoire. Le communisme est un mouvement, c’est la moindre des choses pour un communiste, que de s'impliquer dans ce mouvement.
Pour nous, il est indispensable qu'un vaste mouvement prolétarien axe toutes ses attaques contre l'accumulation du capital, ce qui renforcera et stimulera chaque fois plus son unité et son action. Telle doit être la base d'une réelle solidarité de classe. Pas un seul licenciement ! Pas un seul chômeur ! Augmentation du salaire réel, diminution massive des heures de travail ! Réduction drastique de l'intensité de ce même travail (aliéné au sein du capital).

Lorsque nous appelons à la diminution massive du temps de travail et la “répartition du travail“ entre tous (les travailleurs et les chômeurs) sans diminution de salaire, ce n'est pas une revendication de plus, c'est un ultimatum de classe qui ne s'adresse pas uniquement à la bourgeoisie nationale, mais au système capitaliste tout en entier.

Ce n'est pas le partage du travail tel qu'il est formulé par les trotskistes de “Lutte Ouvrière“, qui n'est rien d'autre qu’un aménagement de la misère entre prolétaires, en laissant les mains libres au capital d'imposer ses exigences. Ce n'est pas aux travailleurs de partager leurs emplois, ni de parrainer ni d'aménager leurs esclavages, nous ne voulons pas pointer  le matin à l’usine  et l’après-midi à pôle emploi, il ne s’agit pas là d’un élément de langage !
Pour nous “ la diminution massive du temps de travail et la “répartition du travail“ entre tous (les travailleurs et les chômeurs) sans diminution de salaire“ c’est une injonction faite au capital... non parce qu'on se complaît dans l'esclavage, mais parce qu'on est solidaire de nos frères de classe, tant que les classes ne seront pas  abolies par notre force.
Lorsque nous appelons à la distribution  gratuite, aux couches sociales les plus défavorisées et sans distinction de frontière, des vivres et des produits de consommation stockés comme “excédents de production“. Encore une fois nous sommes loin des pleurnicheries des associations caritatives, des gestionnaires de la misère sociale et autre distributeurs de vie en perfusion !
La nécessité de libérer toute l'humanité du joug du capital se trouve dans l'objectif final seul capable de nous assurer un monde sans exploitation, sans classes et sans Etat. Cet objectif doit toujours être mis en avant en créant et en alimentant les multiples formes d'organisation et de lutte capables de forger un vaste mouvement révolutionnaire.
C'est par des mots d'ordre unificateurs qui dépassent la revendication que les prolétaires visent les rapports sociaux dans leur ensemble. C’est en attaquant de plein fouet l'accumulation du capital dans la perspective de son abolition par la prise du pouvoir politique du prolétariat. Et c'est justement ces mesures qui restent étouffées par les entraves syndicales, en les dévoyant constamment sur la hiérarchisation, la division salariale. Au-delà de ce champ d’action, le prolétariat ne peut proposer de positif que le communisme.


1.       Pour un second manifeste communiste.  F.O.R
2.       Bruno Mattei, Rebelle, rebelle! : révoltes et mythes du mineur, 1830-1946, Ed Champ Vallon
4.       Les syndicats contre la révolution

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire