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19/11/2016

Agustín Guillamón :Le "Défaitisme Révolutionnaire"

Publié le 25 Novembre 2015 par Agustin Guillamon 
Le défaitisme révolutionnaire
Hier:
Le défaitisme est une tactique politique ayant pour objectif de propager le découragement dans son propre pays par des communiqués ou des idées pessimistes quant à l’issue d’une guerre ou de toute autre entreprise. Le défaitisme révolutionnaire est impulsé par quelques minorités dans un pays en guerre contre leur propre gouvernement, avec le but de favoriser le mouvement révolutionnaire. Il s’oppose résolument à l’union sacrée, c’est-à-dire, à l’unité nationale de toutes les classes avec le seul but d’obtenir la victoire de la "Nation" sur l’ennemi.
Le défaitisme révolutionnaire rompt avec cette union sacrée entre classes et lutte contre sa propre bourgeoisie afin de parvenir à la défaite de sa propre nation. Il n’y a pas d’autre horizon que l’internationalisme, la paix et la révolution sociale.
Bien qu’il ait déjà été utilisé de façon sporadique pendant la guerre franco-prussienne de 1870, le terme a été popularisé pendant la première Guerre mondiale, en tant que proposition des révolutionnaires de lutter contre son propre gouvernement au nom de l’internationalisme prolétarien, afin de parvenir à une issue révolutionnaire en mesure de mettre fin à la guerre. Il a obtenu un certain succès en Russie, Allemagne, Italie, Hongrie, Roumanie ... et à l’été de 1917, a sérieusement menacé l’armée française, avec des émeutes de régiments entiers et des désertions en masse. Clemenceau, Pétain et le haut-commandement militaire firent de petites réformes en recourant, en même temps, à l’exécution sélective, décimant les régiments insurgés contre leurs propres commandants.
A l’automne 1917, les soldats sont revenus à l’obéissance, pleins de haine et de ressentiment contre leurs officiers et les hommes politiques, bien qu’ils aient obtenu que la stratégie de l’État-Major abandonne les grandes offensives et leurs conséquences sanglantes pour une guerre de tranchées simplement défensive.
Mais la tactique du défaitisme révolutionnaire a démontré en France son incapacité à mettre fin à la guerre ou à déboucher sur des insurrections révolutionnaires.
Pendant la guerre civile espagnole, il y a eu quelques tentatives d’application du défaitisme révolutionnaire. La plus importante était celle promue par Bilan et Les Amis de Durruti. Bilan a appliqué un défaitisme abstrait et idéaliste, entre autres parce qu’ils n’avaient pas la capacité d’intervenir ou d’influencer un minimum la classe ouvrière espagnole.
Il ne faut pas mépriser ou ridiculiser les thèses ou les positions théoriques de la Fraction, mais on devrait se poser la question de la nature marxiste de celles-ci, car un marxisme critique sans la capacité opérationnelle d’intervenir dans la réalité sociale et historique n’est pas du marxisme : c’est de la philosophie.
Ceux qui sont obsédés par la défense opiniâtre de Bilan tombent dans l’idéalisme, déjà fustigé par Marx dans la thèse 11 sur Feuerbach.
La Fraction italienne de la Gauche communiste, publiait Bilan en français et Prometeo en italien, considérait que la guerre civile espagnole était une guerre impérialiste entre la bourgeoisie démocratique et la bourgeoisie fasciste.
Les mots d’ordre de Bilan sur le sabotage de l’industrie de guerre, la fraternisation sur le front avec les fascistes, de ne prendre parti pour aucune des bandes impérialistes en lutte, etc., étaient des mots d’ordre abstraits, idéologiques et dans la pratique réactionnaires, dont le principal défaut était son inefficacité, son incapacité à les transformer en action concrète : ils étaient sans valeur. Mais, oui, c’étaient des thèses théoriques très brillantes, qui avait l’air très bien dans les pages de Bilan.
Son application pratique, absolument impossible pour le petit groupe d’étrangers de la Fraction, sans aucune influence sur la classe ouvrière barcelonaise ou catalane, était réactionnaire parce qu’elle impliquait la collaboration avec les fascistes et les aidait à rompre le front républicain, ouvrant les portes à l’armée de Franco.
Bilan a fait la seule chose qu’il pouvait faire: défendre ses positions sur le papier. Ceux qui ont mis en pratique un défaitisme révolutionnaire dévastateur et actif ont été Les Amis de Durruti. Le fondement même de l’Association des Amis de Durruti a pris naissance comme point final d’un processus de défaitisme révolutionnaire : Le 20 octobre, 1936, a été décrétée la militarisation des milices, qui devait prendre effet le 1er novembre.
Les miliciens de la Fraction décidèrent de quitter le front parce qu’ils considéraient que la guerre civile espagnole s’était transformée définitivement en une guerre impérialiste. Les différentes colonnes anarchistes, comme dans tant d’autres domaines, ont résisté plusieurs mois à l’application de ce décret.
Le rejet de la militarisation des Milices populaires a créé un sérieux malaise dans différentes unités de miliciens libertaires, qui se concrétisa lors de la réunion plénière des colonnes confédérales et anarchistes réunie à Valence du 5 au 8 février 1937. Pablo Ruiz y a participé en tant que délégué des miliciens de la Colonne Durruti de Gelsa secteur réticent à la militarisation, et les frères Pellicer comme représentants des miliciens de la Colonne de Fer. Dans le quatrième groupe de la Colonne Durruti, dans le secteur Gelsa, se développa une désobéissance ouverte aux ordres reçus des Comités régionaux de la CNT et de la FAI pour qu’ils acceptent la militarisation.
L’hostilité entre les miliciens de la Colonne Durruti qui acceptaient la militarisation, et ceux qui la rejetaient, a créé de graves problèmes, qui étaient sur le point de provoquer un affrontement armé, et qui a été canalisée à travers la création d’une commission de la Colonne, dirigée par Manzana, qui a soulevé la question au Comité régional. À la suite de ces discussions, il a été décidé de donner à tous les miliciens la possibilité de choisir, dans un délai de quinze jours, entre deux alternatives : l’acceptation de la militarisation imposée par le gouvernement républicain, ou l’abandon du front.
Pablo Ruiz, délégué du quatrième groupe de la Colonne Durruti à Gelsa dirigeait environ 800 miliciens qui ont décidé, en dépit de toutes les pressions, d’abandonner le front, en emportant les armes, pour descendre à Barcelone et fonder une organisation révolutionnaire pour s’opposer à l’abandon constant des principes anarchistes et à la contre-révolution en cours. Ces miliciens ont été à l’origine de la fondation du Regroupement des Amis de Durruti. En mai 1937, le Regroupement avait imprimé cinq mille cartes de militants ; quatre cents d’entre eux ont lutté sur les barricades contre les républicains et la gauche socialiste et stalinienne.
Le Regroupement des Amis de Durruti a été officiellement créé le l7 mars 1937, bien que ses origines remontent à octobre 1936. L’"Agrupacion" se situe au confluent de deux courants majeurs : l’opposition des miliciens anarchistes de la Colonne Durruti à la militarisation des Milices populaires, et l’opposition au gouvernementalisme, qui a trouvé sa meilleure expression dans les articles de Jaime Balius (mais pas seulement de Balius) dans Solidaridad Obrera, de juillet à novembre 1936, dans Ideas, à partir de décembre 1936 jusqu’à avril 1937, et dans La Noche, de mars à mai 1937.
Les deux courants, le "milicien" rejetant la militarisation des Milices Populaires, représenté par Pablo Ruiz, et le «journalistique» critique du collaborationnisme gouvernemental de la CNT-FAI, dirigée par Jaime Balius, s’opposaient à l’idéologie opportuniste et collaboratrice de la Confédération (qui a servi d’excuse à l’abandon des principes caractéristiques et fondamentaux de l’anarchisme), incarnée avec des nuances différentes, par Federica Montseny, Juan Garcia Oliver, "Diego Abad de Santillán" ou Joan Peiró, entre autres.
Le défaitisme révolutionnaire des Amis de Durruti était quelque chose de très concret et réel, et donc révolutionnaire; en comparaison, le défaitisme abstrait et idéaliste de Bilan était inutile ou verbeux, et donc réactionnaire.
L’indigence de Bilan était telle qu’il a toujours ignoré qui étaient et que faisaient Les Amis de Durruti: de Paris tout était théoriquement parfait et il était très facile de pontifier dans de beaux articles sur des événements et des choses qui étaient très lointaines et étrangères.
Il n’y a là aucun doute, aucune nuance: Les Amis de Durruti mirent en pratique l’un des épisodes de défaitisme révolutionnaire les plus remarquables de l’histoire du mouvement ouvrier et révolutionnaire: 800 miliciens ont quitté le front d’Aragon, les armes à la main, pour aller à Barcelone avec l’objectif de lutter pour la révolution fondant un groupement des Amis de Durruti qui, en mai 1937, a tenté de donner une orientation révolutionnaire au soulèvement des travailleurs contre le stalinisme et le gouvernement bourgeois de la Generalitat. Ce fut ainsi, cela s’est passé ainsi. Les militants de la Fraction, à Paris, se sont contentés de pontifier dans des articles publiés dans Bilan et Prometeo, avec un succès variable, sur cette insurrection lointaine et étrangère.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, il y eut très peu de cas de défaitisme révolutionnaire, parce les masses ont été aveuglées par le choix entre la démocratie et le fascisme face à l’alternative révolutionnaire entre le capitalisme (fasciste ou démocratique) et le communisme. Alternative communiste qui, de plus, apparaissait déformée de manière grotesque par le despotisme stalinien.
Seules de petites minorités, presque sans influence sociale réelle, lancèrent des mots d’ordre de transformation de la guerre impérialiste en guerre civile révolutionnaire.
Parmi ces minorités, se détachait le Groupe espagnol de la Quatrième Internationale au Mexique, qui dans le magazine Revolución, édité au Mexique, publiait les articles de Munis et de Benjamin Péret sur la guerre impérialiste, dénonçant les massacres des bombardements allemands sur Londres, les bombardements américains sur villes allemandes, ou le nationalisme réactionnaire étroite de la Résistance française.
Un autre exemple notable furent le Juif autrichien Georg Scheuer et le groupe RK (Communiste-Révolutionnaire), qui a pratiqué le défaitisme révolutionnaire parmi les soldats allemands de l’armée hitlérienne, avec des tracts et de la propagande appelant à la désertion de l’armée allemande d’occupation, en France.
Leurs actions dépassent l’imagination débordante d’un roman d’aventures. Comme Juifs germanophones dans la France occupée ils avaient besoin de papiers d’identité falsifiés, et pour cela, ils falsifiaient les documents de mutilés de guerre, car de cette manière ils obtenaient des billets de train moins chers. Une militante du groupe étant séquestrée par la Gestapo dans un hôpital français, le groupe se déguisa en commando de la Gestapo, effraya les gardes fascistes de Vichy et la libéra sans tirer un coup de feu. À la Libération de Paris, en août 1944, Scheuer a participé à la grève avec occupation et autogestion de l’usine Renault, possédée par un collaborateur de premier plan, mais la tentative révolutionnaire a lamentablement échoué face au poids écrasant de la restauration capitaliste.

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Le défaitisme révolutionnaire
Aujourd’hui:

Dans le cadre de la guerre de classe en cours, le défaitisme révolutionnaire se déroule sur cinq fronts :
1. Celui des armées nationales opérant dans d’autres pays pour de soi-disant missions de paix. Quels intérêts défendent-elles si ce n’est ceux du capital financier international ? Quelle paix peuvent apporter des légionnaires, des policiers, des mercenaires et autres?
2. Derrière l’invention ou l’exagération de la menace terroriste antisystème ou islamique se cache le développement d’une offensive politique et militaire contre toutes les libertés et les droits démocratiques dans les pays occidentaux. A moyen terme, les coupes sociales et les libertés sont incompatibles.
Les différentes lois liberticides et anti-terroristes sont le début d’un chemin qui mène vers un autoritarisme politique sans limites, ce qui conduit à des dictatures plus ou moins camouflées sous d’innocentes fioritures démocratiques et des élections pour un choix entre le mauvais et le pire.
3. Les interdictions étatiques des migrations sont des massacres de masse et une parodie pour les réfugiés politiques.
4. La guerre sociale contre les marginalisés, les chômeurs et les précaires prend aujourd’hui la forme d’une guerre de l’État contre les secteurs les plus défavorisés de leurs populations, qui a ses champs de bataille dans les quartiers et les ghettos.
5. La tactique défaitiste signifie aujourd’hui la dissolution de toutes les armées, de toutes les polices, de toutes les frontières, de tous les États, comme seule solution de survie pour tous ceux qui n’ont aucun pouvoir de décision sur leur propre vie et qui subissent la farce de quelques élections dans lesquelles on élit quelques représentants qui ne peuvent rien faire d’autre, quelle que soit leur volonté, que renforcer le système et appliquer sa logique destructive et antipopulaire au profit des multinationales et du capital financier.


Agustín Guillamón, 20 nov. 2015 [traduction de l'espagnol]

16/11/2016

Critique du tract du GIGC (Révolution ou guerre) diffusé le 21 Mai 2016


Contrairement au commentaire que fait Pantopolis sur l'analyse de le GIGC, non seulement le GIGC surestime la capacité actuelle de la classe ouvrière en France, mais elle reste, comme la plupart des organisations de la gauche communiste, étrangère à une action de classe et là où Pantopolis trouve des points positifs, nous, nous ne trouvons que des faiblesses. Pour nous, il n'est pas question de lutter contre telle ou telle mesure en reprenant les mots d'ordre lancé par les forces les plus réactionnaires que sont les syndicats. Aujourd'hui, les "luttes" syndicales sont des non-luttes, elles ne sont pas sur le terrain revendicatif du prolétariat. Nous devons combattre tout organisme qui par l'énoncé de ses revendications n'attaque pas et ne vise pas à attaquer l'accumulation du capital et donc par là même, le capital et l'exploitation. Or, les revendications syndicales sont toutes réactionnaires, aucune n'attaque la plus-value sauf dans certains cas lorsqu'il faut prendre le train en marche pour mieux pouvoir l'arrêter plus tard.

L’attaque de la bourgeoisie sur le code du travail a simplement conduit les syndicats à renforcer l’idée d’une exploitation acceptée !

La loi travaille dite Loi El Khomri aurait dû être l'occasion pour les révolutionnaires, de s'attaquer à cette belliqueuse classe bourgeoise, d'avancer une attaque en règle par une revendication qui vaut pour la classe ouvrière toute entière ; celle de la répartition du travail entre tous les travailleurs (actifs/chômeurs) par une réduction massive du temps de travail sans diminution de salaire ! Cette revendication ne signifie pas qu'on se complaît dans l'esclavage, mais parce qu'on est solidaire de nos frères de classes, tant que les classes ne seront pas abolies par notre force. Avancer des mots d'ordre qui s'attaquent au capital ce n'est pas trahir le " but final", mais au contraire, c'est en prendre le chemin.
Qu'on nous explique comment espérer une solidarité de classe si la moitié de celle-ci ne peut se reconnaître dans une revendication d’où elle en est exclue : le travail !

Rien en dehors du rejet de la “ loi travail ” (dite loi El Khomri), Rien, aucun mot d'ordre mobilisateur sur nos conditions de notre vie de merde n'a émergé qui aurait pu mobiliser la classe ouvrière, les chômeurs, les précaires, les retraités, les laissés-pour-compte de cette ignominieuse et mortifère société…. Seule "la loi travail" à monopolisé la "colère" ouvrière par l'initiative des syndicats qui ont muselé les grèves et les manifestations par des slogans des plus dégueulasses "On ne touche pas au code du travail", " la loi travail, on n'en veut pas", "la loi El Khomri, loi connerie". Pendant qu'en Allemagne 110.000 grévistes de l'industrie réclament des hausses de salaire, nos vaillants défenseurs du code du travail se gardent bien de l'ébruiter et oui, cela aurait pu donner des idées.
Notre problème n'est pas dans la conservation de nos conditions d’esclaves salariés, mais dans la transformation des rapports de production, c'est-à-dire avant tout dans la destruction du capitalisme mondial. La question est donc la même pour le prolétariat du monde entier.

Dans la réalité, cette manifestation de "colère" n'a telle pas été artificiellement provoquée pour "crever l'abcès avant qu'il n'explose à la gueule de cette société". La réforme du code du travail, la bonne blague ! Ce n'est pas à un code que nous voulons mettre fin, c'est à notre esclavage ! Pour nous, c'est quotidiennement que nous subissons des conditions de travail de plus en plus dégueulasses, des cadences infernales, des heures supplémentaires non payées, des menaces de licenciement, des récupérations de congés aménagés au bon vouloir des patrons, alors autant dire que le code du travail et sa législation, il y a belle lurette que le patronat s'en fout. Cerise sur le gâteau la réforme des prud'hommes pour éviter à nos exploiteurs de perdre de l'argent ? Allez donc voir les infirmières dans les hôpitaux, les ouvriers de chez Michelin, de chez Goss, de chez Smart, chez Daimler, etc. Et dans le commerce, là ou le chantage et les menaces des patrons font rage, les patrons qui peuvent rendre le travail du dimanche obligatoire, menaçant les récalcitrants d'êtres de la prochaine charrette, la liste est longue, combien d'entre nous doivent travailler 39 ou 40 heures par semaine payées 37, il s'agit bien là de baisse des salaires qui se généralise, et de la mise aux pas pour ceux qui ont un job. La loi El Khomri ne fait qu'entériner une pratique existante, qui jusqu'alors ne dérangeait guère les syndicats.

Non, en réalité la classe ouvrière n'a manifesté que pour défendre la boutique syndicale pour la sauvegarde de leurs privilèges d'une collaboration séculaires, autrement dit leur gagne-pain. La crainte de certains syndicats plus particulièrement la CGT courroie de transmission du moribond Parti stalinien PCF, c'est d'être évincé des consultations sur les futur réformes sur les conventions collectives et les accords de branches réclamées à cor et à cri ... par les PME PMI. Quant au patronat, profitant d'un appui gouvernemental sans pareille, n'a fait qu'affirmer qu'il était plus que jamais aux commandes de ce gouvernement, laissant les tâches répressives aux mains de l’État de la "gauche", celle à qui il incombe d'ouvrir la voie royale vers un futur de plus en plus dégueulasse, d’où l'État d'urgence, lire l'urgence de l'État.

La classe ouvrière n'a pas été au-delà des directives syndicales, à aucun moment il n'y a eu de débordement, aucun affrontement, parce que le but de cette lutte n'a jamais dépassé le but fixé par les syndicats !
Alors que le GIGC dénonce avec juste raison que le retrait de la loi travail n'en finirait pas avec le capitalisme et l'exploitation… Mais il finit néanmoins par conclure "qu'un arrêt temporaire, c'est toujours ça de pris" qui redonnerait confiance à l'ensemble de la classe ouvrière dans ses forces et son combat contre le capitaliste !" Pour une prise de guerre, on ne fait pas mieux ! Autrement dit lutter pour conserver notre condition d'esclave nous redonnerait confiance à combattre le capitalisme ! Ce n'est plus une analyse, c'est un délire, un amalgame d'idées qui discrédit les bonnes intentions.

"Loi travail" ou pas, notre émancipation ne se trouve pas dans la conservation de notre aliénation.
Autre exemple, le GIGC parlant de la loi travail ; " son adoption légale accélérerait encore la détérioration toujours plus dramatique des conditions de travail et de vie des prolétaires quelle que soit leur condition, salariée, précaire, chômeur, étudiant travailleur, retraité, etc." Si cela n'est pas un encouragement du GIGC à coller au cul des syndicats, c'est quoi ? Le GIGC se lance dans une tirade complètement délirante, qu'elle aurait pu intituler « À deux doigts de la révolution » malheureusement l'envolée lyrique est foireuse non dans son style, mais dans son contenu.

Nous le gueulerons jamais assez "il n'y aura jamais de victoire ouvrière sans la destruction des syndicats".
Et bien évidemment, le GIGC n'échappe pas au triptyque quasi-maçonnique du C.C.I, "Crise – Guerre - Reconstruction". Nous citons le GIGC : "la crise du capitalisme est inexorable. Elle ne peut déboucher que sur une 3ème guerre impérialiste mondiale, seule “ solution ” à la crise de surproduction chronique en détruisant massivement l’excédent de forces productives, prolétaire et matériel". Rappelons encore et encore, que le capitalisme est un système de crises, quant à la guerre, il nous suffit de regarder les charniers du monde pour comprendre que la 2ème guerre n'a jamais cessé et ne cessera jamais, la guerre est un marché relatif à un produit, l'armement : qui ne fait que croître, mais a force de la prophétisé … quant à la reconstruction (mise à part la reconstitution des forces productives) celle de la finance s'en est très bien tiré, vu que le capital n'a jamais cessé d'être… Nous passons sur l'invitation du GIGC à prendre contact avec des groupes révolutionnaires communistes qui portent le combat (sans citer de nom, le GIGC disposerait-il de cellules dormantes ?) ou encore - (étendons et unifions la grève et la lutte en tenant des assemblées ouvertes à tous) porte ouverte aux beaux parleurs des syndicats... (Ne les laissons pas saboter notre combat !) : Lequel ?

La véritable crise, camarades du GIGC c'est celle de notre classe, et surtout celle des révolutionnaires de leurs implications dans le combat de classe, de leurs déterminations et dans la rigueur de leur analyse des événements que nous traversons. Les révolutionnaires du Groupe International de la Gauche Communiste est bien incapable d'avancer une perspective d'émancipation à la classe dont il se prétend être une avant-garde, il reste sur des bases théoriques, (voire historique Bilan&Co), extérieures à la classe incapable de lui apporter quoi que ce soit qui puisse nous conduire à la lutte finale !

"Notre rôle en tant qu'organisation révolutionnaire, en tant que fraction spécifique du prolétariat mondial, exige que nous ne nous limitions pas à rester béats d'admiration devant ces événements, à les décrire journalistiquement et à glorifier un prolétariat qui mérite de nombreuses critiques : la contemplation n’a jamais conduit à rien n'en déplaise à l’imbécillité de tous les ouvriéristes de la terre".

La classe ouvrière ne pourra développer sa lutte qu'en affrontant toutes les entraves qui la maintiennent dans son esclavage en premier lieu les syndicats, forces organisées de l'état capitaliste. Aux révolutionnaires de mettre en avant les perspectives communistes internationalistes dans leur combat, et non de flatter les faiblesses d'un mouvement.

"La nécessité de libérer toute l'humanité du joug du capital se trouve dans l'objectif final seul capable de nous assurer un monde sans exploitation, sans classes et sans État. Cet objectif doit toujours être mis en avant en créant et en alimentant les multiples formes d'organisation et de lutte capables de forger un vaste mouvement révolutionnaire".

"C'est par des mots d'ordre unificateurs qui dépassent la revendication que les prolétaires visent les rapports sociaux dans leur ensemble. C’est en attaquant de plein fouet à l'accumulation du capital dans la perspective de son abolition par la prise du pouvoir politique du prolétariat. Et c'est justement ces mesures qui restent étouffées par les entraves syndicales, en les dévoyant constamment sur la hiérarchisation, les corporations, la division salariale. Au-delà de ce champ d’action, le prolétariat ne peut proposer de positif que le communisme". 

Les syndicats contre la classe ouvrière.


Tract: Le Groupe International de la Gauche Communiste (Révolution ou guerre), 21 mai 2016.

Nous publions ci-dessous un tract du GIGC 

Contre le gouvernement et l'État capitaliste,
(21 mai 2016)

Pour la première fois depuis l'annonce de la " loi travail " (dite loi El Khomri), des grèves commencent à
toucher des secteurs de la production française, principalement dans les transports: routiers, trains,
aéroports, dockers, marins... Qui dit grève sur les lieux de production, dit décision et action collective de
classe. C'est précisément la nouveauté qui peut changer la situation et la nature de l'affrontement avec le
gouvernement PS de Hollande et l'État capitaliste. Voilà pourquoi, le moment actuel - mi-mai - est
certainement la dernière occasion d'enclencher une riposte ouvrière généralisée et d'imposer ainsi un
rapport de force politique de classe obligeant la classe dominante française et son État, le gouvernement,
ses forces politiques de gauche comme de droite et ses syndicats, à reculer. Même si la " loi travail " ne fait
que " codifier " dans la loi bourgeoise, de classe, l'aggravation déjà en cours depuis des années de
l'exploitation capitaliste, il n'en reste pas moins que son adoption légale accélérerait encore la détérioration
toujours plus dramatique des conditions de travail et de vie des prolétaires quelle que soit leur condition,
salarié, précaire, chômeur, étudiant travailleur, retraité, etc.

Une des particularités - pas la seule - des multiples Journées d'action syndicales depuis début mars a été
précisément d'éviter toute décision collective de lutte à partir des entreprises et d'assemblées générales
ouvrières. Ainsi, en l'absence d'AG ou comités de lutte ou de grève, des millions de travailleurs se sont
retrouvés contraints de prendre une décision individuelle, à partir de leur seule conviction personnelle,
quant à leur participation aux grèves des journées d'action et aux manifestations de rue. Alors même que
75% de la " population française " était contre la " loi travail " selon les sondages organisés par la classe
dominante, la plupart se sont retrouvés isolés les uns des autres et dans l'impossibilité de ressentir la force
collective de leur classe. C'est en grande partie ce qui explique le faible nombre de grévistes lors des
journées d'action.

À cela, est venu s'additionner la méfiance face à la division du travail organisée entre le gouvernement, les
syndicats " modérés " (CFDT) et les syndicats (CGT, FO, SUD supposés plus " radicaux "), face aux
différentes journées d'action planifiées à l'avance, début mars, afin de saboter toute grève générale unie à
tous les secteurs - le souvenir des échecs passés des mobilisations ouvrières massives de 2003, 2007 et 2010
étant encore dans toutes les mémoires.

Malgré cela, et malgré l'état d'urgence suite aux attentats parisiens de 2015 qui permet l'interdiction des
manifestations et une répression accrue, la combativité et la colère générale ont continué à s'exprimer
particulièrement dans les manifestations de rue. " Jeunes, moins jeunes, adultes, âgés ", salariés de toutes
conditions et statuts, chômeurs, retraités, étudiants, lycéens se sont retrouvés au coude à coude face à une
répression policière massive et provocatrice (et à laquelle les services d'ordre syndicaux sont venus prêter
main forte à coup de battes de base-ball !). Dès les premières manifestations, 9 mars et ensuite, le
sabotage syndical de la grève généralisée à tous les secteurs est devenu évident pour le plus grand nombre.
C'est face à ce vide ainsi créé - du point de vue de la classe dominante - que furent organisées à partir du
31 mars les " Nuit debout ". Dans les jours et les semaines qui ont suivi, les médias et chaînes télé
d'information n'ont eu de cesse d'en faire la plus grande publicité. Et pour cause : l'idéologie " citoyenne et
démocratique " de " Nuit debout " est venue renforcer le sabotage syndical en enlevant tout caractère de
classe à l'opposition au gouvernement PS et au combat contre le capitalisme. Jugeons-en:

« Depuis le 31 mars, des assemblées se forment où les gens [et pas les travailleurs, ouvriers ou prolétaires]
discutent et échangent. (...) L'humain [sic!] devrait être au cœur de nos dirigeants. (...) Chaque jour, nous
sommes des milliers à occuper l'espace public pour reprendre notre place dans la République » (!) (En-tête
du Bulletin quotidien Nuit debout, 22 avril, nous soulignons).

Comme si les intérêts de classe, de la classe exploitée et révolutionnaire, pouvaient s'accorder avec la
" République ", c'est-à-dire avec l'État de la classe capitaliste. Comme si " nos " dirigeants, au service du capitalisme, pouvaient se soucier plus de " l'humain " - sans doute les plus naïfs et ignorants veulent-ils
dire la classe exploitée - que du maintien à flot de " leur " capital national face aux concurrents ; et plus
généralement de la survie du capitalisme.

Or, la crise du capitalisme est inexorable. Elle ne peut déboucher que sur une 3 e guerre impérialiste
mondiale, seule " solution " à la crise de surproduction chronique en détruisant massivement l'excédent de
forces productives, prolétaires et matériel. Se ranger derrière l'État démocratique bourgeois, c'est non
seulement l'assurance que nos luttes de résistance contre la détérioration de nos conditions de vie et de
travail courent à l'échec, que nous ne réussirons même pas à limiter les attaques du capital ne serait-ce que
temporairement, mais aussi qu'aux sacrifices économiques croissants succéderont les sacrifices massifs de
nos vies dans un massacre impérialiste généralisé.

Membres de la classe ouvrière, de la classe exploitée, du prolétariat international, notre place n'est pas dans
la République démocratique bourgeoise qui nous envoie ses CRS aujourd'hui, et demain l'armée. Notre place
est dans la lutte ouvrière, prolétarienne, contre le capitalisme, son gouvernement, ses forces politiques de
gauche (PS et PC au premier chef) comme de droite, ses syndicats, sa police et sa justice. L'État bourgeois
n'est pas notre État. La France, comme tous les autres nations, n'est pas notre " pays ". Les prolétaires n'ont
pas de patrie, ni de nation, et encore moins de République démocratique bourgeoise, à défendre.

Après deux mois et demi d'hésitation générale, le fait que, depuis le 17 mai, certains secteurs de la
production aient collectivement décidé la grève et l'extension du combat fournit l'occasion que beaucoup
attendait pour se lancer à leur tour dans la bagarre. Attendre encore risque fort de faire rater l'occasion
d'un combat généralisé et uni qui puisse faire reculer le gouvernement et son attaque. Nulle illusion : le
retrait de cette loi n'en finirait pas avec le capitalisme et l'exploitation. Mais il porterait un coup d'arrêt
temporaire et relatif - toujours cela de pris - à l'aggravation de l'exploitation que la bourgeoisie ne
manquera pas de relancer. Et redonnerait confiance à l'ensemble de la classe ouvrière dans ses propres
forces et son combat contre le capitalisme.


Alors, partout où c'est possible - en particulier dans les plus grandes entreprises et usines :
tenons des assemblées générales pour décider de la grève ;
nommons des comités de grève élus et révocables ;
organisons des délégations massives vers les entreprises et usines proches ;
étendons et unifions la grève et la lutte en tenant des assemblées ouvertes à tous ;
disputons aux syndicats et partis de gauche la direction et le contrôle de la lutte, des assemblées,
des décisions, des actions et des mots d'ordre. Ne les laissons pas saboter notre combat.

La lutte ouvrière est autant économique que politique; c'est-à-dire contre l'État bourgeois, l'organisation
centralisée de la classe capitaliste, son gouvernement (qu'il soit de droite ou de gauche) et ses organes
politiques, syndicaux, et répressifs. Aux travailleurs les plus combatifs et conscients des enjeux
historiques :

n'hésitez pas à vous porter à la tête de ce combat politique de classe ;
regroupez-vous en comité de lutte et de mobilisation " inter-entreprise " et " interpro ";
rapprochez-vous, prenez contact, venez discuter et lutter aux côtés des groupes révolutionnaires communistes qui portent et assument à la fois ce combat politique quotidien et la perspective révolutionnaire et internationaliste d'une véritable société communiste.
Il en va de la défense de nos intérêts de classe immédiats, économiques et politiques. Il en va aussi de la
destruction de ce monde de misère et de guerres croissantes.


Le Groupe International de la Gauche Communiste (Révolution ou guerre), 21 mai 2016.

Nous écrire à : intleftcom@gmail.com - adresse de notre site web : www.igcl.org

(Ne pas jeter sur la voie publique)