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04/12/2014

ISRAËL – PALESTINE + DU PAREIL AU MÊME DE G.MUNIS


Suivi d'un article  
"DU PAREIL AU MÊME" 
de  G. Munis
Introduction

Les bouffonneries qui se rangent derrière une reconnaissance d'un État palestinien et autre poison nationaliste, pourraient bien donner lieu à des perspectives encore plus barbares que les précédentes. Méfions-nous des nobles causes, surtout quand celles-ci sont adossées à des droits des “peuples“, ils pourraient bien déboucher sur un dangereux mélange des genres et conduire les prolétaires dans une troisième boucherie mondiale !  États futurs ou existants, créés au nom d'un « droit Divin » octroyé par ces entités terroristes juives ou musulmanes, manipulé par les deux grands blocs impérialistes et aujourd’hui par certains pays arabes* pour assurer leur propre domination mondiale, tout cela doit être dénoncé pour ce qu’ils sont, des bagnes et le plus souvent des cercueils pour les prolétaires. L’histoire des Nations n’a jamais été  autre chose que l’histoire du terrorisme et des rapines. N'est-ce pas les nations qui créer et finance les  Hamas, Daesh, Al-Qaeda et Boko Haram ! Soutenir l'un des deux camps au nom d'un "droit ", c'est tomber dans le camp ennemi. Si les prolétaires n’ont pas de patrie, ils doivent rejeter toutes les chaînes que leur tendent ces hyènes sanguinaires, tous ces vampires de plus-value. Le prolétariat n’a qu’un seul combat à mener celui de son émancipation qui passe par l’abolition de toutes les nations.  
A BAS TOUTES LES NATIONS DU MONDE
UNIFIONS NOS LUTTES DANS  UN MÊME COMBAT  CELUI DE NOTRE POUVOIR DE CLASSE
SANS PATRIE SANS FRONTIÈRE.
****
Du pareil au même
G. Munis
(Traduit de l’Alarma N° 14, septembre 1982)
La sagesse populaire qui se dégage du propos moqueur choisi ici comme titre, devait suffire pour définir la sanglante bagarre israélo-palestinienne. Cependant, par les temps qui courent, une telle sagesse paraît science hermétique, non précisément pour les gens de peu de culture, mais pour l’esprit des savants et de la gent culte, pour toute cette ripopée de partis, syndicats, intellectuels de gauche. La dégradation des idées politiques et sociales est arrivée à un tel point, que les termes et concepts signifient presque toujours de fait le contraire de leur contenu réel, sain. Le cas de la “révolution” palestinienne n’est que le plus récent d’une longue liste d’appâts destinés à recruter de la chair à canon quand il s’agit de la lutte armée ou bien une masse moutonnière la servant.

Dans ce cas également, la préparation de la grande extermination humaine, façonnée sans équivoque possible par les deux grands blocs impérialistes, est implicite.

Un bref rappel : depuis la fin de la dernière guerre mondiale sans aller plus loin nous avons assisté à ce qui est arrivé en Chine, au Vietnam et dans le reste de la péninsule indochinoise, à Cuba, en Algérie, en Angola, au Bangladesh, au Yémen, en Ethiopie et autres Nicaragua de moindre importance. Invariablement, les cris de toute cette ripopée de pseudo-gauchistes sont : “indépendance nationale”, “révolution” et même “socialisme” ; la nourriture constante est : “à bas l’impérialisme !”. La réalité, une fois les nouveaux régimes installés, a été diamétralement opposée. Il n’y a eu ni révolution, ni socialisme, et l’indépendance nationale n’a été qu’une dépendance vis-à-vis de l’autre empire et parfois même un retour effronté ou dissimulé au premier. A l’intérieur de chacun de ces pays, exploitation du prolétariat et despotisme politique se sont accrus comme seul moyen d’étayer les pouvoirs résultant de la réorganisation du capitalisme dans sa forme étatique partielle ou complète. De sorte que la foule d’excités qui leur donna la main pour les hisser jusqu’à l’Etat est coupable de complicité. Foule complice de leurs incontestables crimes sanglants, aboutissement de leur crime principal, leur nature réactionnaire tant sur le plan économique que politique.

Ces mêmes excités se pavanent avec leur gauchisme et leur générosité, etc. en répétant leurs cris, c’est-à-dire leur escroquerie qui n’est pas qu’idéologique en faveur d’un futur Etat palestinien. Comme si l’escroquerie n’était pas évidente, ses auteurs apparaissent en plus en compagnie de toute l’ancienne canaille réactionnaire mondiale, exceptée la canaille israélienne. Depuis les dirigeants russes et leurs proches jusqu’aux esclavagistes d’Arabie Saoudite et autres champs pétrolifères, les néo-nazis et l’impérialisme américain en passant par ceux qui se disent de gauche, trotskistes et anarchistes inclus, l’action mondiale est en faveur de la Palestine[1].

Qu’une telle action ait pu se produire s’explique cause générale par la situation d’un monde socialement embourbé, avec un grand retard par rapport aux possibilités de transformation radicale qui existent en son sein, par une situation globalement réactionnaire donc. Deuxièmement elle s’explique - cause particulière - par les gisements de pétrole du monde arabe et par l’importance stratégique territoriale des pays ainsi dénommés. Ces deux facteurs sont des enjeux de première importance pour les deux blocs militaires en vue de la troisième guerre mondiale ou en vue d’autres guerres inter-impérialistes secondaires, celles qui ont eu lieu par clients interposés.

Depuis de nombreuses décennies, tout progrès ou développement de la société s’avère impossible par voie nationale. Que les promoteurs de l’indépendance invoquent Allah à quatre pattes, Jéhovah en se tapant la tête contre le mur des lamentations, la version chrétienne ou bien Marx et la révolution athée, cela ne change rien. Et les résultats, en cas de victoire et indépendamment de la bonne foi de ceux qui servent de chair à canon, sont contraires à l’émancipation de la grande masse pauvre. Comme l’a dit le Ferment Ouvrier Révolutionnaire de nombreuses fois, l’existence même de ces luttes présuppose l’inactivité même des exploités, l’élimination de leur lutte de classe, en faveur de leurs exploiteurs. Et voilà pourquoi, du “pareil au même” au singulier et au pluriel, est devenu la première devise de l’alphabet révolutionnaire. Celui qui ne ressent pas un profond mépris aujourd’hui jusqu’à la nausée pour tous ces protagonistes et défenseurs de pseudo-indépendantisme, tombe intentionnellement ou inconsciemment dans le camp ennemi.

Il faut le dire sans tergiversation et à plein poumon : les palestiniens n’ont pas le droit de se constituer en nation, à posséder un territoire et un Etat. Le droit capitaliste finira pas les lui concéder d’une manière ou d’une autre, avec même le consentement d’Israël. Mais c’est précisément de droit qu’il s’agit d’abolir pour pouvoir parler sans escroquerie de révolution. La preuve irréfutable de ce qui vient d’être dit est donnée par Israël même, le peuple persécuté par excellence, celui de l’“holocauste” nazi, le peuple “sans distinction de classe”, image du pauvre juif errant battu depuis la domination religieuse du christianisme. A peine constitué en entité nationale, il organise un Etat semi-théocratique, ultra-équipé militairement, comme les grandes puissances, dépendant d’un des blocs impérialistes, et incapable, par exclusivisme nationaliste et étroitesse mentale de “peuple élu”, d’offrir à ses cohabitants palestiniens une meilleure situation économico-politique que celle qui existait avant l’établissement de l’Etat israélien. Cela lui aurait été facile sans même rompre avec sa propre étroitesse hébraïco-capitaliste. Le “problème palestinien” aurait cessé d’exister comme tel. Alors serait apparue clairement la possibilité immédiate expression de la nécessité sociale d’une lutte a-nationale comme aux travailleurs israéliens et palestiniens contre leurs exploiteurs dont la personnalisation humaine actuelle est celle de Begin et Arafat, et représenté idéologiquement par le judaïsme et l’islamisme.
Eviter que la nécessité sociale ne se transforme en possibilité pratique est ce dont il s’agira toujours et dans tous les cas, pour tous les crieurs concernés : gouvernements, partis et syndicats, unis ou divisés. 

Il va de soi, d’après ce qui vient d’être dit, que les juifs non plus n’avaient le droit de vivre où il leur plaisait et particulièrement là où leurs ancêtres habitaient avant la diaspora ; de même que les palestiniens arrivés par la suite sur le même terroir. Créer une Nation, c’est avant tout organiser l’exploitation dans des frontières déterminées et se donner la possibilité d’exploiter en dehors même de ces frontières. 



[1] Rappelons-nous : Franco était également un tenant de la “cause” palestinienne et arabe en général, tout comme le sont ses descendants à la sauce européenne.

Quelle que soit la raison véridique que l’on allègue d’un point de vue national, les conséquences qui en résultent ne sont pas fausses mais contraires au devenir historique, elles sont superlativement réactionnaires. Il n’est d’imaginable que la solution qui consiste à arracher les bornes et supprimer les patries. Et donc arracher les instruments de travail au capital apparaît comme une nécessité simultanée.
Seules ces mesures initiales, et non des agencements ou des trifouillages, constituent ce qui s’appelle révolution. A défaut de révolution, l’escroquerie sociale est permanente, les tueries comme celles de Beyrouth ou de la rue de Rosiers à Paris ne cesseront pas, sauf capitulation d’un des camps. Hormis le degré de répulsion, dans les deux cas la bande des victimes est autant coupable par sa politique réactionnaire, que la bande des victimaires.
Il n’est pas nécessaire d’imaginer la révolution dont parle sans arrêt l’OLP. Les modèles qui lui sont offerts abondent dans et en dehors du monde islamique ou arabe. Le plus draconien et dont on parle le plus, l’Iran, est celui qui possède toutes les caractéristiques négatives des autres dans tous les domaines politique, économique, culturel. On ne parle comme d’une révolution, et la presse mondiale reproduit l’appellation, alors que son premier pas fut contre-révolutionnaire. L’odieux et sanguinaire régime du Chah suscita un soulèvement général, mais encadré par le sacerdoce islamique et inspiré par le Coran ; Mollahs et Ayatollahs imposèrent sur le champ un régime encore plus odieux et sanguinaire que le précédent. La bestialité théocratique de Khomeiny et de ses bandes de cléricaux, de flics et d’assassins, armature de l’Etat, allie l’ancienne barbarie coranique à la barbarie de la science moderne à son service. Qu’une telle chose ait pu se produire prouve à quel point les “du pareil au même” dominent et manipulent le monde à leur guise. Les soutenir directement ou indirectement, pratiquement ou seulement verbalement, c’est trahir la cause du prolétariat.

                                                                        (Traduit de l’Alarma N° 14, septembre 1982)









20/11/2014

LE SOCIALISME


Le socialisme est le seul système au sein duquel les problèmes sociaux d'aujourd'hui peuvent être résolus. Mais quelle forme prendra ce système? Le socialisme est un système dans lequel les moyens de production et de distribution des richesses seront possédés par la société tout entière. Par contre, sous le régime capitaliste, la terre, les usines, les bureaux, les mines, les chemins de fer et autres instruments de production sont monopolisés par une seule partie de la société qui constitue par conséquent une classe privilégiée. Le socialisme mettra fin à cette situation car ce sera une société sans classes dans laquelle l'exploitation et l'oppression seront abolies puisque les moyens d'existence seront possédés par l'ensemble de la société. Tous les êtres humains seront socialement égaux et libres, libres de diriger les affaires sociales d'une façon « démocratique ».débarrassé de tous contraintes économique et de la valeur marchande

Il n'est pas possible de prévoir en détail la vie quotidienne au sein de la société socialiste. Quelques écrivains ont essayé de la dépeindre, mais le degré de leur réussite est discutable. Il serait en effet prématuré de dresser un plan détaillé du socialisme, puisque ses formes exactes dépendront des conditions technologiques qui existeront et des préférences de ceux qui rétabliront et y vivront. Nous avons toujours refusé de jouer le jeu futile de dresser le plan d'une société future. Néanmoins, il est possible de définir en termes généraux les caractéristiques essentielles du socialisme.

Le socialisme ne peut être que “démocratique“. Il est l’organisation “démocratique“ qui s’applique à tous les aspects des affaires sociales, y compris la production et la distribution des richesses. Le socialisme s’oppose au « gouvernement des personnes » pour faire place à «l'administration des choses». Autrement dit, le pouvoir public de coercition et le gouvernement qui le dirige n'auront pas de place dans le socialisme.

L’Etat, organisation composée de soldats, de la police, de juges et de gardiens de prison, chargés de faire observer les lois, n'a de raison d'être que dans une société de classes, car dans une telle société il n'y a pas d'intérêt commun, seulement des intérêts - et des conflits - de classe. Le but de tout gouvernement est de maintenir l'ordre dans l'intérêt de la classe dominante. L'Etat est en fait un instrument d'oppression de classe. Dans la société socialiste, il n'y aura ni classes ni conflits de classes. Fondamentalement, chacun aura le même intérêt social. Il y aura une harmonie sociale authentique et une solidarité d'intérêts. Dans de telles conditions, il n'y aura aucun besoin de machine coercitive pour gouverner, ou régner sur la population. L'expression «gouvernement socialiste» est une contradiction dans les termes. Là où le socialisme existe, il n'y a pas de gouvernement. Et là où il y a un gouvernement, le socialisme n'existe pas.

La classe dominante a bel et bien participé volontairement au mensonge de ses régimes totalitaires avec ou sans chiffon rouge, auréolé ou pas de leurs outils d’esclave, cela l'aidaient bien : d'abord à gagner la guerre contre les régimes dit « fascistes » ; ensuite à se tailler une zone impérialiste d'exploitation capitaliste. Les révolutionnaires russes ont dénoncé ce « mensonge » dès la fin des années 1920 et grand nombre d’entre eux emprisonnés  dans des goulags en sont mort de faim, de froid ou encore lâchement assassinés. Le socialisme n'est mouillé en aucune façon dans les mensonges staliniens, maoïste, castrisme etc… Arrêtons d'écouter les coryphées de la bourgeoisie qui nous présentent le socialisme comme l'horreur suprême en nous renvoyant l'image écœurante de ses régimes. Il s'agit du «dernier mensonge» de la bourgeoise dont nous savons que c'est, en fait, sa nauséabonde image qu'elle nous présente. Et pourtant, c'est le mensonge le plus abouti ; il s'agit bien du drame de notre classe, la classe des sans ressource, de la classe ouvrière.

Face à l’impasse dans laquelle se trouve le  capitalisme avec son cortège de chômeurs, de miséreux déplacés, il est grand temps que le socialisme redevienne le phare qui éclaire la classe des sans réserves, de ceux qui n’ont rien d’autre à monnayer que leur force de travail ou leur capacité intellectuelles, il est grand temps que le socialisme leur indique une bonne fois pour toute la seule voie possible pour sortir du bourbier dans lequel l'humanité se trouve engluée.
Nous, nous savons que « le jour de la délivrance approche », car : Oui, les sociétés sont mortelles, toute l'histoire de l'humanité est là pour nous le rappeler. Combien de puissants royaumes, de vastes empires et de régimes d'exploitation ont péri à travers les âges ! Nul ne les sait, tellement ils sont nombreux. Oui, une autre société est inéluctable. Espérons enfin que ce soit une société socialiste qui succédera aux sociétés actuelles d'exploitation de l'homme par l'homme.
Ceux qui croient à tort que gouvernement et organisation ne sont qu'une seule et même chose auront du mal à imaginer une société sans gouvernement. Une société sans organisation serait impossible puisque le sens du terme «société» implique que des êtres humains s'organisent de façon à pourvoir à leurs besoins. Par contre, une société sans gouvernement est à la fois possible et souhaitable. Avec le socialisme, fondé sur la possession commune des moyens de production et de distribution, l'organisation démocratique s'étendra justement à tous les aspects de la vie sociale. Il y aura une certaine centralisation administrative mais ce centre ne sera pas plus qu'un bureau chargé de coordonner les affaires sociales. 
  
Mais ceux qui rempliront cette fonction ne formeront-ils pas une nouvelle classe dirigeante ? Toute organisation démocratique demande en effet que l'on délègue certaines fonctions à des groupes et à des individus. Dans le socialisme, ceux-ci seront chargés par la communauté d'organiser certaines activités sociales nécessaires. Choisis par la communauté, ils seront également tenus de lui rendre des comptes. Ces délégués ne seront pas pour autant en mesure de dominer. On ne les considérera pas comme des êtres supérieurs, mais comme des égaux qui font, comme tout le monde, un travail essentiel. Ils n'auront sous leurs ordres ni armée ni police pour faire exécuter leurs volontés. La corruption aura perdu sa raison d'être puisque tout le monde, ces délégués compris, pourra se servir dans le stock de richesses réservées à la consommation individuelle. Les conditions matérielles pour la formation d'une nouvelle classe dirigeante n'existeront donc pas.

Le but de la production socialiste sera tout simplement de satisfaire les besoins humains. Une production destinée uniquement à répondre à ces besoins remplacera la production marchande visant au profit. La production et la distribution de richesses suffisantes à satisfaire les besoins de la communauté socialiste, au niveau individuel et collectif, relèveront de l'organisation. Bien sûr, ce ne sera pas un problème facile à résoudre, mais les moyens de le résoudre ont été déjà créés par le capitalisme.
Grâce au capitalisme, la technologie et la productivité ont atteint un niveau qui permettrait de produire l'abondance pour tous. Une société d'abondance est technologiquement possible depuis longtemps et c'est ce qui constitue la base matérielle qui permettrait d'établir le socialisme. Le capitalisme, étant une société de classes dans laquelle la production vise à faire du profit et non à satisfaire les besoins humains, ne peut tirer pleinement parti du système mondial de production qu'il a édifié dans le courant des deux cents dernières années. Le socialisme qui aura changé le but de la production pourra, lui, tirer pleinement parti de ces méthodes avancées de production. Les hommes et les femmes produiront alors des richesses uniquement pour satisfaire leurs besoins et non pour enrichir quelques privilégiés.

Grâce à l'utilisation de techniques de prévision des demandes sociales, techniques à présent prostituées au service du capital, la société socialiste pourra calculer quelle quantité et quelles sortes de produits et de services seront nécessaires pendant une période donnée. Le capitalisme a développé, grâce à l'informatique des moyens d'analyse des stocks “d’entrées-sorties“ et des moyens techniques que la société socialiste pourra utiliser pour planifier démocratiquement la production.

Une fois les richesses produites, mis à part ce qui sera nécessaire au renouvellement et au développement des moyens de production, tout le monde pourra prendre gratuitement et selon son choix individuel ce qui lui sera nécessaire pour vivre et pour mener une vie heureuse. C'est ce que l'on veut dire par « libre accès». Il n'y aura ni vente ni achat et, par conséquent, aucun besoin d'argent. Ce dont les communautés et les individus peuvent avoir besoin ne varie guère, sauf sur une longue période ; ainsi, on pourra facilement faire en sorte que les magasins soient toujours bien pourvus de ce que les gens veulent. S'il devait y avoir des pénuries, elles ne seraient pas de longue durée. De plus, on s'assurera qu'il y a des réserves comme garantie contre des désastres naturels imprévus.

«De chacun selon ses capacités, à chacun selon ses besoins» est un principe socialiste qui remonte à loin et qui dit bien ce qu'il veut dire : hommes et femmes participeront de leur mieux et sans contrainte à la production sociale et prendront librement et gratuitement ce dont ils auront besoin dans l'abondance qu'ils auront produite ensemble.

Quand ils sont confrontés pour la première fois à l'idée de distribution libre basée sur les besoins, beaucoup de gens sont sceptiques: «Et les paresseux ?», «Et les égoïstes ?», «Qui fera le travail rebutant ?», «Qu'est-ce qui poussera les gens à travailler ?». Ces objections, les socialistes ne les connaissent que trop bien ! Mais il n'est pas tellement surprenant que des gens qui n'ont jamais réfléchi à la question trouvent l'idée du socialisme tout à fait extravagante et réagissent ainsi. Il faut dire pourtant que toutes ces objections reposent sur la conception populaire, et soigneusement cultivée, de ce qu'est la nature humaine. Cette conception est pur préjugé et toutes les sciences biologiques et sociales, toutes les études anthropologiques montrent bien que la soi-disant nature humaine ne serait pas un obstacle à l'établissement du socialisme.

Pour l'être humain, le travail, ou la dépense d'énergie, est un impératif biologique et social. Il doit travailler pour brûler l'énergie produite par l'alimentation et il doit aussi travailler pour se procurer nourriture, vêtements et habitation, essentiels à l'existence. Donc dans toute société, qu'elle soit féodale, capitaliste ou socialiste, hommes et femmes doivent travailler. La question est de décider comment ce travail doit être organisé. Il faut certainement reprocher au capitalisme de réduire le travail, cette activité humaine si fondamentale, à la fastidieuse routine que connaissent la plupart des gens alors qu'il pourrait et devrait leur procurer tant de satisfactions. Il en serait du moins ainsi dans une société socialiste.

L'idée que le travail pourrait être agréable fait souvent rire. Mais tout ce que montre cette réaction, c'est à quoi point le capitalisme; a dégradé la vie humaine. Dans le capitalisme une si grande partie du travail se fait au service d'un employeur que la plupart des gens associent, sans y penser, travail et emploi. Le travail que l'on fait pour un employeur est toujours avilissant, souvent ennuyeux, désagréable et quelquefois malsain et dangereux Mais dans la société capitaliste, tout le travail tel que nous l'avons défini, n'est pas effectué dans le cadre de l'emploi Hommes et femmes travaillant quand ils nettoient leur maison ou font du jardinage, ou s'adonnent à leur passe-temps... et ils y trouvent du plaisir en même temps. L’association fallacieuse travail / emploi est si étroite que beaucoup ne considéreraient pas ces activités comme du travail. Ce qui est agréable, pensent-ils, ne peut pas, par définition, être du travail !
Il n'y a aucune raison pour que l'activité de produire et de distribuer les choses utiles ne soit aussi agréable que les activités que nous poursuivons lors de nos loisirs. On peut améliorer énormément les conditions dans lesquelles le travail s'effectue. Il en est de même pour les relations entre les gens au travail. Dans la société socialiste, les hommes et les femmes, en tant que membres libres et égaux d'une communauté, n'auront pas à vendre leur énergie mentale et physique à un employeur en échange d'un salaire. Ce système du salariat avilissant sera aboli, de sorte que l'emploi n'existera plus. Au lieu de cela, le travail sera effectué par des hommes et des femmes libres qui coopéreront et détermineront leurs conditions de travail, tout en trouvant du plaisir à créer des objets utiles et à effectuer des travaux socialement nécessaires.

On n'aura pas besoin non plus, comme c'est le cas à présent (parce que cela ne coûte pas cher et que c'est donc profitable pour les employeurs capitalistes) de continuer à utiliser des opérations industrielles nocives ou dangereuses pour ceux qui y prennent part. De toute manière, puisqu'on aura pour principe directeur les besoins et les satisfactions des individus, personne ne sera attaché à un seul métier pour toute la vie. Les hommes et les femmes connaîtront enfin le plaisir de découvrir et d'exercer leurs divers talents sans aucune restriction.                                                                                                                                                                    
Disons, pour terminer, que le socialisme ne peut être que mondial parce que le système de production édifié par le capitalisme et qui sera repris par le socialisme est déjà international II n'y aura pas de frontières et les gens pourront voyager librement n'Importe où dans le monde, le socialisme mettra fin à toute oppression “nationale“ et d'ailleurs aux nations elles-mêmes, dans leur sens politique actuel et à toute discrimination d'ordre racial ou sexuel. Tous les habitants du monde, où qu'ils vivent, quelle que soit la couleur de leur peau, quelle que soit la langue qu'ils parlent, seront réellement membres d'une seule grande famille humaine. Le socialisme permettra enfin la réalisation de ce rêve  de toujours d'une communauté humaine.


Toutes les sociétés qui se sont succédé pour assurer la pérennité des classes dominantes se sont servies des classes miséreuses par de sanglantes batailles et révolutions, pour assoir leur pouvoir de classe exploiteuse face à l’inertie des classes sur le déclin au pire décadente sans aucune perspective d’avenir. Même si nous reconnaissons que ce mouvement des classes a apportés leurs lots de progrès dans le développement des techniques industriels, elles n’en ont été que les propriétaires, les investisseurs. Les véritables richesses (production de bien) n’ont été  réalisées que par le travail des esclaves, des serfs, des prolétaires ouvriers. Aujourd’hui aucune classe n’est porteuse de progrès  et ne peu succéder a la classe bourgeoise capitaliste autre que la classe ouvrière dernière classe de l’histoire, sa particularité elle ne possède rien et elle est dans un rapport de force et d’intérêt en un nombre gigantesque elle est internationale et son projet sa tâche s’inscrit dans son internationalisation de la répartition des richesses. 

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18/11/2014

LA MORT DE RÉMI FRAISSE N’EST PAS UNE BAVURE,C'EST UN ASSASSINAT VOULU PAR LA SOCIAL-DÉMOCRATIE AU POUVOIR EN FRANCE

LA MORT DE RÉMI FRAISSE  N’EST PAS UNE BAVURE,
C'EST UN ASSASSINAT
VOULU PAR LA SOCIAL-DÉMOCRATIE AU POUVOIR EN FRANCE

L’assassinat  de Rémi Fraisse, un jeune botaniste « militant » de 21 ans, a bien tourné à un affrontement social. Bien que le Comité scientifique régional du patrimoine naturel et le Conseil national de la protection de la nature aient, de leur côté, émis des avis défavorables à la construction d’un barrage ou d’une retenue d’eau prévu pour établir un modèle agricole productiviste! L’Etat se fiche de l’avis de ces observateurs ! Il est là pour protéger et gérer des intérêts “particuliers ceux de la classe capitaliste“ et non ceux de la population.
Ce qui est en jeu, ce n'est donc pas seulement le projet de barrage ou d’une retenue d’eau de Sivens, ni le projet de construction de l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes , c'est le monde qui va avec et qui a un nom, le capitalisme, qu'il soit géré par la droite ou par la gauche du capital : c’est cette forme d'organisation « sociale » fondée sur la domination et l'exploitation du travail ainsi que sur la dépossession des biens de production ou de l’appropriation des espaces ruraux par les forces armées, avec pour conséquences la famine; la misère aux quatre coins de la planète et le saccage des ressources dites naturelles.  

LES DIFFÉRENTES FRACTIONS BOURGEOISES SE PARTAGENT LE TRAVAIL

Aujourd’hui, les Verts (C. Duflot dans son rôle d’apôtre au parlement réclamant une minute de silence) réclament une enquête parlementaire, ben voyons, alors que ceux-ci sont les premiers à barboter dans l’auge gouvernementale, l'UMP une enquête administrative et Delphine Batho PS (la limogée d'Ayrault) veut saisir le défenseur des droits. Tous veulent nous faire croire qu’il s’agit là d’une guéguerre entre des écolos gauchistes et force de l’ordre, alors que ce sont près d’une quarantaine de grenades offensives qui ont été balancées par les militaires dans la nuit du 25 au 26 octobre 2014, en pleine nuit et en plein désert.
Qu’il le veuille ou pas le social-démocrate Cazeneuve ministre de l'Intérieur nous sort  un vieux classique de la bourgeoisie que de mettre en avant la violence de nos actions de classe pour justifier sa propre violence. La sienne étant légitimée par tout son arsenal juridique et idéologique. De même, c'est un vieux classique étatique de justifier l'usage de flics  surarmés, de grenades et autres saloperies de leur invention pour réprimer des prolétaires en lutte, armé de pierres, de frondes et de boulons. Il s’agit bien là d’un crime d’état et d’un avertissement aux mouvements futurs si ceux-ci refusent de se laisser encadré par les fameux partenaires sociaux, c'est-à-dire ceux qui nous baladent “Parti de gauche, gauchistes et syndicats“, qui sont  pour toutes les « révolutions » tant qu’elles sont  nationales démocratiques et citoyennes !!!!
Seule la bourgeoisie peut user de violence en toute impunité, ce sont ses lois et ses Cours de justice qui le certifient, ce sont ses flics, ses armes qui nous l'imposent par la force. Quant à notre violence de classe, elle est systématiquement taxée de terrorisme par nos ennemis. L'erreur serait de croire qu'il pourrait en être autrement, nous n'avons rien à attendre de leur justice et de leurs lois parce qu'elles ne sont de toute façon élaborées que pour nous réprimer. L'unique violence acceptable pour l'Etat c'est la sienne, qui n'est autre que la violence du taux de profit.
Le message de Cazeneuve et de la bourgeoisie qu’il représente est clair et sans ambiguïté  et s’adresse de toute la classe ouvrière, aux sans réserve, aux  crèves la faim,  c’est un avertissement envoyé à une classe sociale, la nôtre,  faire de nous des êtres résignés qui ne se révoltent pas, qui obéissent sans broncher, la tête basse. Notre futur se trouve au-delà de toute médiation, au-delà des états-nations, au-delà de toute tentative de reformer le capitalisme. Notre futur se situe dans la destruction de l’économie et exprime incontestablement la tendance du prolétariat à s’organiser plus consciemment, de dépasser certains des cloisonnements qui entravent nos luttes. Nous n'avons qu'un seul tyran la bourgeoisie un seul ennemi, son système pourri, le capitalisme. C'est par des mots d'ordre unificateurs qui dépassent et rejettent les revendications formatées par les chiens de garde du capital (P “C“, P“S“, Parti de “Gauche“ Gauchistes de touts poils et syndicats) que nous viseront les rapports sociaux dans leur ensemble. Notre objectif ne se borne pas aux « tous ensemble » ni comme un moyen de satisfaire les diverses revendications catégorielles portées par les secteurs en lutte, mais comme la méthode qui doit faire voler en éclats les replis corporatistes, usinistes, cadre dans lequel excellent la vermine syndicale, c'est-à-dire une impasse!  La « convergence des luttes" ce n'est ni les "marmites du diable", ni des panacées, elles doivent servir de base à tous les conflits à venir en gardant comme pratique l’interaction constante entre ses objectifs émancipateurs et les moyens dont elles se dotent pour y parvenir. La convergence des  luttes est une nécessité, nous ne nous attaquons pas aux "excès" du capitalisme, nous sommes contre toute la société, ses règles et ses comportements imposés et nous luttons avec conséquence pour son renversement et sa disparition définitive.


09/08/2014

DÉCLARATION INTERNATIONALE DU KRAS-AIT

Nous publions une déclaration internationale, lancée par des militants internationalistes russes, ukrainiens et moldaves. Nous ne pouvons toutefois pas éviter de souligner ses aspects quelque peu confus ainsi que le manque de perspective à l’adresse de la classe ouvrière : « pas de guerre entre les peuples », hélas, la notion de peuple nie l’existence des classes et donc des intérêts qui les divisent, ce qui ajoute de la confusion sur les enjeux capitalistes des guerres. Quant à la : « Guerre à la guerre », cela sous-entend que l’on pourrait chasser la guerre par « la paix des braves », ce à quoi nous opposons la guerre de classe.

La « guerre à la guerre » n’est que mots creux, si nous n’appelons pas la classe ouvrière à lutter pour ses intérêts de classe internationale. La résistance dont nous parlent ses camarades n’est rien d’autre que la continuité de notre esclavage soit en continuant à suer de la plus-value soit en servant de chair à canon par l’embrigadement d’une partie de notre classe dans la barbarie capitaliste.

La guerre, c’est d’abord, la diffusion des poisons nationalistes, chauvins, racistes, théocratistes, mondialement distillés pour  fabriquer les va-t-en- guerre de demain, c’est un préalable répandu par toutes les bourgeoisies du monde pour réaliser leurs funestes projets barbares, la guerre.

C’est pourquoi nous criions, nous prolétaires, que nous n’avons pas de patrie, pas de nations, nous ne sommes pas un “peuple“, nous sommes une classe exploitée par un seul et même ennemi la bourgeoisie et son système qui nous opprime et nous affame, pour devenir lors de leurs frasques de la chaire à canon. Les guerres comme les crises sont endogènes, inhérentes au fonctionnement du capitalisme, c’est pourquoi il est impossible de supprimer les guerres sans supprimer les antagonismes de classes et sans instaurer le communisme.

Le devoir des révolutionnaires est de montrer que les intérêts qui divisent actuellement les belligérants impérialistes russes et d’un côté contre les capitalistes ukrainiens de l’autre, sont moins importants que ce qui les unit dans leurs survies de capitalistes. Ce que les capitalistes doivent craindre le plus c’est l’unité prolétarienne contre leurs pouvoirs, c’est là que les révolutionnaires doivent intervenir, en s’adressant en premier lieu à leurs frères de classes, qu’ils soient ukrainiens, russes ou criméens au reste du monde.
Notre activité doit être partout la même, mettre en avant par-delà les frontières, la seule perspective qui s’offre à nous, en affirmant haut et fort que les moyens existent de supprimer tout ce qui nous rend misérables, mettre fin à toute cette barbarie par la construction d’un nouvel ordre le « socialisme mondial », il n’y a pas d’autre issu possible que la déstructuration totale de cette société mortifère que la révolution sociale.

Anke# 


Déclaration internationale, lancée par des militants internationalistes russes, ukrainiens et moldaves.
KRAS-AIT (Confédération Révolutionnaire Anarcho-Syndicaliste, Russie)
Guerre à la guerre ! 
Pas une goutte de sang pour la "nation" !

La lutte de pouvoir entre les clans de l’oligarchie en Ukraine menace de se transformer en conflit international armé. Le capitalisme russe tente d’utiliser la redistribution du pouvoir au sein de l’État ukrainien pour mettre en œuvre ses vieilles aspirations impériales et expansionnistes en Crimée et en Ukraine orientale, régions où il a d’importants intérêts économiques, financiers et politiques.
Dans le contexte de la prochaine crise imminente en Russie, le régime tente d’attiser le nationalisme russe afin de détourner l’attention de l’aggravation des problèmes socio-économiques des travailleurs : salaires et pensions de misère, démantèlement des soins accessibles, de l’éducation et d’autres services sociaux. Dans la tempête d’une rhétorique nationaliste et agressive, il est plus facile d’instaurer un État autoritaire et corporatiste basé sur des valeurs réactionnaires et des politiques répressives.
En Ukraine, la crise politique et économique aiguë a conduit à exaspérer la confrontation entre les "nouveaux" et "vieux" clans oligarchiques, et a pour la première fois utilisée des formations ultra-nationalistes et ultra-droitières pour réaliser un coup d'État à Kiev. L’élite politique de Crimée et d’Ukraine orientale n’a pas l’intention de partager son pouvoir et ses propriétés avec les nouveaux dirigeants de Kiev et se tourne vers le gouvernement russe pour avoir de l’aide. Des deux côtés, on a recours à l’hystérie nationaliste, respectivement ukrainien et russe. Il y a des affrontements armés et effusion de sang. Les puissances occidentales ont leurs propres intérêts et leurs propres aspirations, et leur intervention dans le conflit pourrait mener à une troisième guerre mondiale.
Ces messieurs des différentes cliques belligérantes nous poussent, comme d’habitude, nous les gens ordinaires, les travailleurs salariés, les chômeurs, les étudiants, les retraités…, à nous battre pour leurs intérêts. Ils veulent nous saouler avec leur drogue nationaliste, nous pousser les uns contre les autres, nous faire oublier nos réels besoins et intérêts : que nous n’avons que faire de leurs "nations", alors que nous avons à régler d’autres problèmes urgents et vitaux : comment joindre les deux bouts dans ce système qu’ils ont instauré pour nous opprimer et nous réduire en esclavage.
Nous ne succomberons pas à l’intoxication nationaliste ! Qu’ils aillent en enfer avec leurs États et "nations", leurs drapeaux et leurs discours ! Ce n’est pas notre guerre et nous ne devons pas y participer et payer avec notre sang leurs palais, leurs comptes en banque et leurs plaisirs de s’asseoir dans les confortables fauteuils du pouvoir. Et si les messieurs de Moscou, Kiev, Lvov, Kharkov, Donetsk et Simferopol commence cette guerre, notre devoir est d’y résister par tous les moyens !  Pas de guerre entre les peuples – pas de paix entre les classes !
KRAS-AIT (Confédération Révolutionnaire Anarcho-Syndicaliste, Russie),
Fédération Anarchiste de Moldavie (Moldavie),
Fraction Socialisme Révolutionnaire (Ukraine),
Internationalistes d’Ukraine, de Russie, de Lituanie, d’Israël et de Moldavie.
Cette déclaration a été soutenue par :
Alliance de la Solidarité des travailleurs (Amérique du Nord)
Des Internationalistes américains
Initiative Anarcho-syndicaliste de Roumanie
Des libertaires de Barcelone
La gauche communiste et les internationalistes d’Équateur, du Pérou, de la République dominicaine, du Mexique, d’Uruguay et du Venezuela.
Initiative communiste-ouvrière (France)
Groupe Leicester de la Fédération anarchiste (Grande-Bretagne)

03/08/2014

JAURÈS, ÉMERGENCE D’UN NOUVEAU MYTHE OU ÉLOGE DE L’OPPORTUNISME ?

Jaurès, émergence d’un nouveau mythe ou éloge de l’opportunisme ?
Qu’est ce que le socialisme de Jaurès ?

L’itinéraire d’un bourgeois républicain social patriote, opportuniste, révisionniste, social-catholique doublé d’un colonialiste aux visées impérialistes !  Jean Jaurès, était un homme politique français, né à Castres le 3 septembre 1859 et mort à Paris le 31 juillet 1914. Issu de la bourgeoisie et agrégé de philosophie, il commence sa carrière politique comme député républicain. Puis il adhère définitivement au « socialisme » après la grande grève des mineurs de Carmaux et s’oppose aux lois scélérates. En 1905, il est un des rédacteurs de la loi de séparation des Églises et de l’État. La même année, il participe à la création de la Section française de l’Internationale ouvrière (SFIO), dont il est l’acteur principal, unifiant ainsi le mouvement socialiste français. Ses positions réformistes lui valent toutefois l’opposition d’une partie de la gauche révolutionnaire.
Il consacre les dernières années de sa vie à empêcher, en vain, le déclenchement de la Première Guerre mondiale, et se lie aux autres partis de l’Internationale ouvrière, faisant planer la menace de grève générale au niveau européen. Ces positions pacifistes lui valent d’être assassiné par le nationaliste Raoul Villain à la veille du début du conflit. Cet assassinat atteint d’ailleurs son but, car il facilite le ralliement de la gauche, y compris beaucoup de « socialistes « à l'« Union sacrée ». Après tout Jaurès n’avait-il pas dit - "A celui qui n’a rien, la patrie est son seul bien." il évoqua quand même la nécessité pour chacun, si le conflit devait advenir, de mener « la guerre sainte pour notre France bien-aimée » Jaurès mourut alors comme il vécut, en grand bourgeois opportuniste.

Exploiter les colonies ; la manière humaniste

Jaurès, professeur à la Faculté des lettres de Toulouse, est un républicain français. La colonisation est pour lui un processus gagnant-gagnant. C’est une œuvre d’enrichissement intellectuel pour les colonisés, qui apprennent une vraie langue, et d’enrichissement matériel pour les colonisateurs qui, eux, savent déjà le français.
Notre grand humaniste exprime les choses très clairement : les indigènes doivent produire (c’est-à-dire travailler pour les colons) et maintenir l’ordre (tout en étant subordonnés aux officiers français). Le fait qu’on les manipule en les faisant " participer à l’administration de rares affaires " est la manière républicaine de les exploiter.
Discours pour l’Alliance française, Albi, 1884
"… Quand nous prenons possession d’un pays, nous devons amener avec nous la gloire de la France, et soyez sûrs qu’on lui fera bon accueil, car elle est pure autant que grande, toute pénétrée de justice et de bonté. Nous pouvons dire à ces peuples, sans les tromper, que jamais nous n’avons fait de mal à leurs frères volontairement : que les premiers nous avons étendu aux hommes de couleur la liberté des Blancs, et aboli l’esclavage […]; que là enfin où la France est établie, on l’aime, que là où elle n’a fait que passer, on la regrette ; que partout où sa lumière resplendit, elle est bienfaisante ; que là où elle ne brille plus, elle a laissé derrière elle un long et doux crépuscule où les regards et les cœurs restent attachés. "
"… L’Alliance a bien raison de songer avant tout à la diffusion de notre langue : nos colonies ne seront françaises d’intelligence et de cœur que quand elles comprendront un peu le français. […] Pour la France surtout, la langue est l’instrument nécessaire de la colonisation. […]
Il faut que les écoles françaises multipliées, où nous appellerons l’indigène, viennent au secours des colons français, dans leur œuvre difficile de conquête morale et d’assimilation. […]
Sur un million de Kabyles et d’Arabes, un centième à peine est passé dans nos écoles qui sont trop rares ; le reste nous ignore tout à fait et n’est français que par la conquête. Or quelle doit être notre ambition ? Que les Arabes et les Kabyles, commandés par des officiers français, servent à la garde et à la police de l’Algérie, de telle sorte qu’une bonne partie de l’armée d’Afrique puisse en cas de péril aller à une autre frontière : qu’ils entrent peu à peu dans nos mœurs politiques et participent à l’administration de rares affaires, enfin qu’ils deviennent le plus possible des producteurs. Mais si nous n’enseignons pas le français aux plus intelligents d’entre eux, comment pourrons-nous les subordonner à nos officiers […] ? " Raoul Girardet : Le nationalisme français, Ed. Seuil, 1983
On a fait le tour de la Kabylie, il y a deux ans, pour leur demander s’ils voulaient des écoles françaises ; ils ont accepté avec reconnaissance et leurs anciens ont remercié la France. Comment nos écoles ne seraient-elles pas aimées de ces peuples. [Jaurès fait volontairement l’impasse sur l’insurrection Kabylie en 1870-1871, la révolte des djouad après les rapines de Mac-Mahon, les massacres, les mensonges et les trahisons. Toute la politique française tendait à morceler les tribus et à diminuer l’influence des grandes familles afin de rendre l’armée française indispensable à l’ordre et d’éviter la formation de toute coalition pouvant amener les tribus arabes à former un front unique contre la domination française.] Cité in Encyclopédie berbère

Idem pour Viêt Nam, Jaurès vota sans hésiter les crédits militaires pour le maintien de la présence française au Tonkin en 1887 et, lorsqu’il évoque les années 1870 et 1871 dans son Histoire socialiste, ce sera pour y dire son amour de la patrie blessée, « la nation française humiliée », et non pour y parler de la Commune.

Se partager le gâteau, pacifiquement et en toute bonne conscience

Dans cet article de Jaurès, paru en 1896 dans La petite République, le plus remarquable est que les peuples colonisés sont condamnés à la passivité. L’amélioration de leur sort dépend entièrement des socialistes des pays colonisateurs, qui par ailleurs se donnent pour tâche de préserver, par l’entente, les intérêts économiques de leurs pays respectifs. L’intérêt des populations dominées est seulement de subir le traitement "le plus humain".

"La première règle pratique, c’est de veiller constamment à ce que les compétitions coloniales des divers peuples ne puissent jamais aboutir entre eux à la guerre. Il faudra pour cela que les socialistes aient le courage, chacun dans sa nation, de blâmer les prétentions excessives. Les socialistes n’y pourront réussir et ne pourront même s’y employer sérieusement qu’en suivant de très près, et pour ainsi dire au jour le jour, le mouvement colonial.

La deuxième règle, pour les socialistes de tous les pays, sera de demander pour les peuples vaincus ou les races soumises de l’Asie, de l’Amérique, de l’Afrique le traitement le plus humain, le maximum de garanties. Qu’il s’agisse des Hindous dominés par l’Angleterre, des Arabes dominés par la France ou des races africaines que se disputent et se partagent tous les peuples de l’Europe, c’est le devoir des socialistes de prendre, dans le Parlement de chaque pays, l’initiative des propositions humaines ou des protestations nécessaires. Cette action socialiste se produira, en chaque pays, avec d’autant plus de force et d’autorité qu’elle sera universelle et universellement probe, et que nul ne pourra y soupçonner un piège.

Enfin, il me semble que les socialistes devraient avoir comme troisième règle de marquer de plus en plus d’un caractère international les principales forces économiques que se disputent avidement les peuples. Il est visible par exemple, à l’heure actuelle, que tous les peuples européens cheminent vers les sources du Nil, parce que la possession du haut Nil et des grands lacs africains donne la maîtrise de l’Égypte et de tout le développement africain : c’est là le secret de tous les efforts, publics ou cachés, de toutes les combinaisons, loyales ou perfides, des peuples européens en Afrique, depuis dix ans surtout ; et il est possible que ces rivalités, en s’exaspérant, aboutissent à la guerre. Pourquoi un système de garanties internationales n’assurerait-il pas le libre passage du Nil, de la source à la mer, à toutes les activités, comme on a fait déjà pour le Danube et pour le canal de Suez ?"

Un sang impur dans les colonies ?

Dans l’article "La question juive en Algérie" du 1er mai 1895, publié dans La Dépêche, grand quotidien de gauche de Toulouse, Jean Jaurès alors âgée de 36 ans, donne son opinion sur les Juifs. Depuis 1892, Jaurès voit dans l’antisémitisme un "véritable esprit révolutionnaire".
L’antisémitisme populaire, qui se double d’un anticapitalisme, était regardé par un certain nombre de socialistes français historiques (Fourier, Proudhon, Lafargue, Rochefort entre autres) comme un mouvement sympathique, propre à ébranler le grand Capital.
Dans les villes, ce qui exaspère le gros de la population française contre les Juifs, c’est que, par l’usure, par l’infatigable activité commerciale et par l’abus des influences politiques, ils accaparent peu à peu la fortune, le commerce, les emplois lucratifs, les fonctions administratives, la puissance publique. […] En France, l’influence politique des Juifs est énorme mais elle est, si je puis dire, indirecte. Elle ne s’exerce pas par la puissance du nombre, mais par la puissance de l’argent. Ils tiennent une grande partie de la presse, les grandes institutions financières, et, quand ils n’ont pu agir sur les électeurs, ils agissent sur les élus. Ici, ils ont, en plus d’un point, la double force de l’argent et du nombre."
Michel Winock, La France et les Juifs, Ed. Seuil, 2004

À propos des Juifs, (Jaurès a alors 38 ans ; il n’est pas un jeune écervelé),
Il n’y a pas que l’Algérie : "Nous savons bien que la race juive, concentrée, passionnée, subtile, toujours dévorée par une sorte de fièvre du gain quand ce n’est pas par la force du prophétisme, nous savons bien qu’elle manie avec une particulière habileté le mécanisme capitaliste, mécanisme de rapine, de mensonge, de corset, d’extorsion".
Discours de J. Jaurès au Tivoli en 1898 ; cité par B. Poignant, Ouest-France 13 décembre 2005


Jaurès et le patronat
C’est Jaurès qui écrivait : « Je ne saurais trop vous redire : le capital et le travail sont inséparables. Il faut des patrons aux ouvriers comme il faut des généraux aux soldats. »

Les misères du patronat : « Il n’y a de classe dirigeante que courageuse. À toute époque, les classes dirigeantes se sont constituées par le courage, par l’acceptation consciente du risque. Dirige celui qui risque ce que les dirigés ne veulent pas risquer. Est respecté celui qui, volontairement, accomplit pour les autres les actes difficiles ou dangereux. Est un chef celui qui procure aux autres la sécurité, en prenant sur soi les dangers.
Le courage, pour l’entrepreneur, c’est l’esprit de l’entreprise et le refus de recourir à l’État ; pour le technicien, c’est le refus de transiger sur la qualité ; pour le directeur du personnel ou le directeur d’usine, c’est la défense de la maison, c’est dans la maison, la défense de l’autorité et, avec elle, celle de la discipline et de l’ordre.

Dans la moyenne industrie, il y a beaucoup de patrons qui sont à eux-mêmes, au moins dans une large mesure, leur caissier, leur comptable, leur dessinateur, leur contremaître ; et ils ont avec la fatigue du corps, le souci de l’esprit que les ouvriers n’ont que par intervalles. Ils vivent dans un monde de lutte où la solidarité est inconnue. Jusqu’ici, dans aucun pays, les patrons n’ont pu se concerter pour se mettre à l’abri, au moins dans une large mesure, contre les faillites qui peuvent détruire en un jour la fortune et le crédit d’un industriel.

Entre tous les producteurs, c’est la lutte sans merci ; pour se disputer la clientèle, ils abaissent jusqu’à la dernière limite, dans les années de crise, le prix de vente des marchandises, ils descendent même au-dessous des prix de revient. Ils sont obligés d’accepter des délais de paiement qui sont pour leurs acheteurs une marge ouverte à la faillite et, s’il survient le moindre revers, le banquier aux aguets veut être payé dans les vingt-quatre heures.

Lorsque les ouvriers accusent les patrons d’être des jouisseurs qui veulent gagner beaucoup d’argent pour s’amuser, ils ne comprennent pas bien l’âme patronale. Sans doute, il y a des patrons qui s’amusent, mais ce qu’ils veulent avant tout, quand ils sont vraiment des patrons, c’est gagner la bataille. Il y en a beaucoup qui, en grossissant leur fortune, ne se donnent pas une jouissance de plus ; en tout cas, ce n’est point surtout à cela qu’ils songent. Ils sont heureux, quand ils font un bel inventaire, de se dire que leur peine ardente n’est pas perdue, qu’il y a un résultat positif, palpable, que de tous les hasards il est sorti quelque chose et que leur puissance d’action est accrue.

Non, en vérité, le patronat, tel que la société actuelle le fait, n’est pas une condition enviable. Et ce n’est pas avec les sentiments de colère et de convoitise que les hommes devraient se regarder les uns les autres, mais avec une sorte de pitié réciproque qui serait peut-être le prélude de la justice ! »
Jean Jaurès alors âgé de 31 ans - 28 mai 1890 - La Dépêche de Toulouse.
L’affaire Dreyfus
Au début de l’affaire Dreyfus, Jaurès ne prend pas clairement position. Il va même jusqu’à condamner dans un premier temps la sentence de déportation, jugée trop clémente (un simple sous-officier aurait été purement et simplement condamné à mort). À propos de l’affaire Dreyfus. Qu’écrivait Jaurès en décembre 1894, deux jours après la condamnation ? « On a surpris un prodigieux déploiement de la puissance juive pour sauver l’un des siens. […] Dreyfus livrait des documents secrets pour de l’argent, voilà tout. » Et, quelques années plus tard, en évoquant Émile Zola et son fameux « J’accuse… ! » :
« Derrière lui, derrière son initiative hardie et noble, toute la bande suspecte des écumeurs juifs marche, sournoise et avide, attendant de lui je ne sais quelle réhabilitation indirecte, propice à de nouveaux méfaits. ». Cependant, à la suite de la pression populaire et politique, et aussi grâce à l’engouement de la jeune promotion normalienne et en particulier de Lucien Herr, convaincu par les militants allemanistes et par le "J’accuse" de Zola.
Les socialistes et l’humaniste Jaurès, prennent le train en marche, et se mettent à défendre Alfred Dreyfus. La popularité de l’affaire Dreyfus est une opportunité pour Jaurès de rentrer pleinement dans l’histoire. L’affaire met en jeu non seulement une injustice individuelle, mais le respect de l’humanité elle-même. Elle pose le problème du mensonge et de l’arbitraire des grandes institutions, notamment de l’armée qui entend avoir une "justice" séparée. En outre, les droites catholique et nationaliste instrumentalisent l’affaire en vue de renverser la République.
"Sans la République, le Socialisme est impuissant, sans le Socialisme, la République est vide."

Il s’oppose alors aux marxistes orthodoxes, dont le meneur, Jules Guesde, pour qui Dreyfus est un officier bourgeois et donc sa défense ne serait pas prioritaire (le souvenir de la répression sanglante de la Commune de Paris, et d’autres révoltes ouvrières, est pour beaucoup dans la défiance ouvrière envers la cause d’un officier bourgeois). Mais pour Jaurès, l’accablement de malheurs et d’injustices dont Dreyfus est victime gomme les différences de classe. Dreyfus n’est plus un privilégié ou un exploiteur : il est un homme qui souffre injustement.

Même s’il reconnaît la lutte des classes, pour Jaurès, l’humanité ne fait qu’une et l’homme de gauche doit s’impliquer dans la République pour une révolution démocratique et non violente. En 1904, le congrès de la deuxième Internationale lui préfère les idées de Jules Guesde mais les élections indiquent une faveur contraire : 31 députés à Jaurès et 12 à Guesde. Pour Jaurès, la grève générale est trompeuse et vaine. Pour être viable, elle nécessiterait des conditions difficilement réalisables. Soucieux de ne pas se couper du monde du travail, Jaurès lui reconnaît néanmoins une vertu : « La grève générale, impuissante comme méthode révolutionnaire, n’en est pas moins, par sa seule idée, un indice révolutionnaire de la plus haute importance. Elle est un avertissement prodigieux pour les classes privilégiées, plus qu’elle n’est un moyen de libération pour les classes exploitées »…
"La République c’est le droit de tout homme, quelle que soit sa croyance religieuse, à avoir sa part de la souveraineté."

L’opportuniste Jaurès est un florilège a lui tout seul, justifiant toutes les récupérations politiques de l’extrême gauche à l’extrême droite, il n’aura eu de cesse d’appeler chaque homme à se livrer à « cette action vaillante et juste qui continue, en quelque sorte, l’œuvre de Dieu ».
Jaurès pouvait à la fois affirmer que « Le capitalisme porte en lui la guerre comme la nuée porte l’orage » et que les peuples doivent défendre la patrie… et de l’autre…. « La patrie n’est pas une idée épuisée, c’est une idée qui se transforme et s’agrandit » (Jean Jaurès dans L’Armée nouvelle).

À chacun son Panthéon
Raoul Villain fils cadet d’une famille appartenant à la petite bourgeoise provinciale son père est greffier en chef du tribunal civil de Reims. En 1904, séduit par le membre du Sillon, le mouvement chrétien social de Marc Sangnier (créateur des auberges de jeunesses) jusqu’à sa condamnation par Pie X en 1910, puis adhérent de la « Ligue des jeunes amis de l’Alsace-Lorraine », groupement d’étudiants ultra-nationalistes d’extrême droite où il joue un rôle effacé, il reproche à Jaurès de s’être opposé à la loi sur le service militaire de trois ans.
L’assassin de Jaurès sera reconnu innocent et acquitté, la bourgeoisie débarrassée du trublion Jaurès, lui donnera raison, laissant une porte béante à la première boucherie mondiale !
Le petit Raoul est libéré cinq ans plus tard, il vivote aux crochets paternels pendant treize longues années… Jusqu’au miracle inespéré, l’héritage d’une tante (à moins que ce ne soit de son Oncle, terme plus communément employé dans ces cas-là) oubliée qui renfloue son compte en banque et l’encourage à tailler la route. Il voulait partir pour Tahiti. Ce sera finalement Barcelone puis, en 1933, Ibiza où la rencontre surréaliste du petit-fils de l’illustre Gauguin lui redonne la pêche. Les deux hommes construisent une villa à l’architecture contestable. Qu’ils n’habiteront pas. Le 14 septembre 1936, en pleine guerre d’Espagne, les Républicains passent le meurtrier de Jaurès par les armes, sans savoir qui il était. À Reims, la tombe familiale porte toujours son nom. Mais son corps, lui, n’est jamais revenu. Raoul Vilain toute comme Jaurès, était atteint d’un mysticisme patriotico-religieux investi d’une mission… Servir la France et Dieu.

Quant à nous, nous laissons Jaurès à tous les bonimenteurs du capital qui n’ont que l’audace de leurs fourberies,  pour prétendre auprès des ignorants avoir quelque chose avec le socialisme.

Laissons la conclusion à Engels dans une lettre adressée à Paul Lafargue, écrite le 6 mai 1894 :

« Puis ce M. Jaurès, ce professeur doctrinaire, mais ignorant, surtout en économie politique, talent essentiellement superficiel, abuse de sa faconde pour se forcer dans la première place et poser comme le porte-voix du socialisme qu’il ne comprend même pas. »








06/07/2014

LES COMITÉS DE DÉFENSE DE LA CNT À BARCELONE (1939/1939)

VIENT DE PARAÎTRE :
LES COMITÉS DE DÉFENSE DE LA CNT À BARCELONE (1939/1939)
Des Cadres de Défense aux Comités révolutionnaires de Quartier, aux Patrouilles de Contrôle et aux Milices Populaires
Augustín Guillamón/ N°7 des cahiers du Coquelicot / 276 pages / 18 €
à commander sur le site ci-dessous
http://www.lecoquelicot.info
*
LES COMITÉS DE DÉFENSE DE LA CNT.
PROTAGONISTES DES BARRICADES DE BARCELONE
EN JUILLET 36 ET EN MAI 37

Introduction
             La thèse fondamentale du livre Barricades à Barcelone (traduit en français à Spartacus, 2009) affirme que l’idéologie d’unité antifasciste a conduit la CNT à accepter le programme politique de la bourgeoisie républicaine et par conséquent à collaborer avec l’État capitaliste, en ayant pour seul objectif celui de gagner la guerre contre le fascisme, en renonçant au préalable à tout programme révolutionnaire.

            La situation révolutionnaire en juillet 36 se caractérisait par un pouvoir atomisé en multiples comités révolutionnaires, qui fut asphyxié par le Comité Central des Milices (CCMA), qui ne fut qu’un organisme de collaboration de classes, et qui a vu le jour parce que la CNT a renoncé à prendre le pouvoir.

            L’idéologie antifasciste et la participation de la CNT au pouvoir à divers niveaux, responsabilités municipales, ministères de la Généralitat (gouvernement autonome de Catalogne) et même ministères du gouvernement central, ont créé une bureaucratie de comités supérieurs, ayant des intérêts distincts et opposés à ceux des comités révolutionnaires qui s’étaient créés dans les quartiers de Barcelone. Alors que pour les comités supérieurs tout dépendait de la victoire militaire sur le fascisme, les comités de quartier continuaient à faire ondoyer le drapeau du programme de la révolution ouvrière.

            Le processus d’institutionnalisation de ces comités supérieurs de la CNT-FAI en a fait des serviteurs de l’État qui considéraient les comités révolutionnaires de quartier comme leurs pires ennemis. La thèse naïve et simpliste qui divise les leaders anarcho-syndicalistes en traitres et en héros, comme si la masse militante était amorphe et sans volonté, n’explique rien. L’affrontement entre les comités supérieurs et les comités révolutionnaires a été un chapitre de plus de la lutte de classes, qui a été sur le point de se terminer par une scission, que la répression sélective stalinienne a finalement  résolue par l’anéantissement des révolutionnaires et l’intégration des comités supérieurs dans l’appareil de l’État.

            Dans le livre Les Comités de Défense de la CNT (en espagnol à Aldarull, 2011), j’essaie d’expliquer ce qu’étaient ces comités de défense, comment ils ont vaincu l’armée dans les rues de Barcelone les 19 et 20 juillet, comment ils se sont transformés en comités révolutionnaires, comment ils se sont affrontés aux comités supérieurs libertaires, comment ils se sont affrontés au stalinisme en mai 1937. J’essaie également d’expliquer leur évolution postérieure jusqu’à leur dissolution définitive.


Qu’était un Comité de défense (CD) ?

            Les comités de défense étaient l’organisation militaire clandestine de la CNT, financés par les syndicats de la CNT et leur action était assujettie à ces derniers.

            En octobre 1934, le Comité National des Comités de Défense a abandonné la vieille tactique des groupes d’actions pour une préparation révolutionnaire sérieuse et méthodique. Il a élaboré un rapport où il affirmait :

            “Il n’y a pas de révolution sans préparation. Il faut en finir avec le préjugé des improvisations. Cette erreur, qui est de croire en l’instinct créateur des masses, nous a coûté très cher. On n’obtient pas, comme par génération spontanée, les moyens de guerre nécessaires pour combattre un État qui a de l’expérience, qui est fortement armé et qui a une plus grande capacité offensive et défensive”.

            Le groupe de défense de base devait être constitué de peu de personnes, pour faciliter la clandestinité. Il devait être formé de six militants ayant des fonctions spécifiques :

. Un secrétaire, chargé du contact avec d’autres groupes de défense, de la création de nouveaux groupes et de l’élaboration des rapports.
. Un deuxième militant chargé d’enquêter sur les personnes, d’évaluer le danger des ennemis, tout particulièrement des curés, des militaires et des pistoleros du patronat.
. Un troisième militant se chargeait de repérer les bâtiments, de tracer des plans et d’élaborer des statistiques.
. Un quatrième militant étudiait les points stratégiques et tactiques de la lutte dans les rues.
. Un cinquième se consacrait à l’étude des services publics : électricité, eau, gaz, égouts.
. Et un sixième militant était chargé de trouver des armes, de l’argent et du ravitaillement.

            Six était un nombre idéal, mais certains membres pouvaient s’y rajouter pour accomplir des tâches “relativement importantes”. La clandestinité devait être absolue. C’étaient les noyaux de base d’une armée révolutionnaire, capable de mobiliser des groupes secondaires plus nombreux, et ces derniers de mobiliser le peuple dans son ensemble.

            Le cadre où chaque groupe de défense devait agir était bien délimité dans chaque quartier et signalée sur un plan de la ville. Le Comité de défense du quartier coordonnait tous ces cadres de défense et recevait un rapport mensuel de chaque secrétaire de groupe.

            L’organisation des comités de défense à l’échelle régionale et nationale comprenait entre autres les secteurs de travailleurs des chemins de fer, les conducteurs d’autocar, les travailleurs de la compagnie téléphonique et du télégraphe, les facteurs et enfin, tous ceux qui, par les caractéristiques de leur profession ou organisation, sont présents au niveau national, en soulignant l’importance des communications dans une insurrection révolutionnaire. Une attention toute spéciale était donnée au travail d’infiltration et de propagande pour gagner des sympathisants dans les casernes.

            Les comités de défense avaient deux fonctions essentielles : les armes et l’intendance, dans le sens le plus large.

            Les Comités de Défense pouvaient être considérés comme la continuité, la réorganisation et l’extension des groupes d’action et d’auto-défense armée des années du pistolérisme (1917-1923).


3. Comment est-on passé des groupes d’action aux comités de défense ?

Les groupes anarchistes Indomables (indomptables), Nervio (Nerf), Nosotros (Nous), Tierra libre (Terre libre) et Germen (Germe), ont fondé à Barcelone le Comité Local de Préparation Révolutionnaire en janvier 1935 à la réunion plénière de la Fédération des Groupes Anarchistes de Barcelone.

Dans un contexte historique vraiment effrayant, la montée du fascisme en Italie, du nazisme en Allemagne, du stalinisme dans la soi-disant Union Soviétique, de la dépression économique avec un chômage massif et permanent aux États-Unis et en Europe, le rapport élaboré à cette réunion plénière présentait l’espoir du prolétariat révolutionnaire.

Ce rapport disait : « Face à la faillite universelle des idées, des partis, des systèmes, il ne reste que le prolétariat révolutionnaire avec son programme de réorganisation des bases du travail, de la réalité économique et sociale et de la solidarité ».

Ce rapport critiquait la vieille tactique de la gymnastique révolutionnaire (LE FAIT DE S’ENTRAÎNER À LA PRATIQUE INSURRECTIONNELLE) et les insurrections improvisées de janvier et de décembre 1933 de cette façon :

« La révolution sociale ne peut être interprétée comme un coup audacieux, dans le style des coups d’État du jacobinisme, elle sera la conséquence et le résultat du dénouement d’une guerre civile inévitable et dont on ne peut prévoir la durée ».

18 mois avant le 19 juillet, la préparation révolutionnaire en vue d’une longue guerre civile devait faire face à de nouveaux défis, impensables pour la vieille tactique des groupes de choc. Le rapport disait :

« Comme il est impossible de disposer à l’avance des stocks d’armes nécessaires à une lutte soutenue, il faut que le Comité de Préparation étudie la façon de transformer, dans certaines zones stratégiques, les industries […] en industries pouvant fournir du matériel de combat pour la révolution ».

Là est l’origine de la Commission des industries de guerre, constituée le 7 août 1936 et qui a constitué, du néant le plus absolu, une puissante industrie de guerre grâce aux efforts des travailleurs coordonnés par les militants de la CNT Eugenio Vallejo, travailleur de la métallurgie, Manuel Martí, du syndicat du secteur chimique et Mariano Martín, même si plus tard ce sont des politiciens bourgeois comme Josep Tarradellas qui s’en sont appropriés le succès.

Des groupes d’action et de choc d’avant 1934, pratiquant la gymnastique révolutionnaire, on était passé à la formation de comités d’information et de combat, considérés comme les cellules de base d’une armée révolutionnaire capable de vaincre l’armée et de mener une guerre civile.



4. Les anarchistes pouvaient-ils prendre le pouvoir ?

            Au cours des six premiers mois de 1936, le groupe Nosotros s’est affronté aux autres groupes de la FAI en Catalogne dans des débats très durs sur deux conceptions fondamentales, à un moment où l’on savait pertinemment que les militaires se préparaient à un coup d’État sanglant. Ces deux concepts étaient « la prise du pouvoir » et « l’armée révolutionnaire ». Le pragmatisme du groupe Nosotros, plus préoccupé par les techniques insurrectionnelles que par les tabous, se heurtait de plein front aux préjugés idéologiques des autres groupes de la FAI, c’est-à-dire qu’il se heurtait au refus de ce que ces groupes qualifiaient de « dictature anarchiste » et il se heurtait  à leur profond antimilitarisme, eux qui subordonnaient tout à la spontanéité créative des travailleurs.

            Ce net rejet des « pratiques anarcho-bolcheviques » du groupe Nosotros s’est largement reflété dans la revue Más Lejos (Plus Loin) qui publia les réponses à une enquête qu’elle avait réalisée dans son premier numéro, en avril 1936, et où les lecteurs devaient répondre à deux questions sur l’acceptation ou le refus de l’abstentionnisme électoral et à une troisième question sur la prise du pouvoir ainsi formulée : « Les anarchistes peuvent-ils, suivant les circonstances, et en faisant fi du moindre scrupule, se disposer à la prise du pouvoir, de n’importe quelle façon, afin d’accélérer le rythme de sa marche vers la réalisation de l’Anarchie ? »

            Pratiquement tout le monde a répondu négativement. Mais aucune réponse ne proposait d’alternative pratique à ce refus généralisé de la prise du pouvoir. Théorie et pratique anarchistes semblaient en plein divorce, à la veille du coup d’État militaire.

            À la réunion plénière des Groupes Anarchistes de Barcelone de juin 1936, García Oliver défendit que l’organisation des groupes de défense, coordonnés en comités de défense de quartier, à Barcelone, était le modèle à suivre, en l’étendant à l’ensemble du territoire espagnol, et en coordonnant cette structure au niveau régional et national, pour constituer une armée révolutionnaire du prolétariat. Cette armée devait être complétée par la création d’unités de guérillas de cent hommes. De nombreux militants se sont opposés aux conceptions de García Oliver, bien plus enclins à la spontanéité des travailleurs qu’à l’organisation révolutionnaire disciplinée. Les convictions antimilitaristes de nombreux groupes d’affinité entraînèrent un refus quasi unanime des thèses du groupe Nosotros, et particulièrement de celles de García Oliver.


5. Comment ces Comités de Défense se sont-ils transformés en Milices Populaires et en Comités révolutionnaires de quartier ?

            Le 19 juillet 1936, la garnison militaire de Barcelone comprenait environ six mille hommes, face aux presque deux mille de la Guardia de Asalto (Garde d’assaut) et aux deux cents « mossos d’escuadra » (police catalane). La Guardia Civil, dont personne ne savait avec certitude en faveur de qui elle se décanterait, comptait sur environ trois mille hommes. La CNT-FAI était formée d’environ vingt mille militants, organisés en comités de défense de quartier, prêts à prendre les armes. Elle s’engageait, devant la commission de liaison de la CNT avec la Generalitat et les militaires loyaux à la République, à arrêter les factieux avec seulement mille militants armés.

            Ces groupes de défense subirent une double transformation en donnant d’une part les milices populaires qui ont constitué au cours des premières journées le front d’Aragon qui instaura la collectivisation des terres dans les villages d’Aragon libérés ; et, d’autre part, les comités révolutionnaires qui, dans chaque quartier de Barcelone, et dans chaque village de la Catalogne, ont imposé un « nouvel ordre révolutionnaire ». Comme les milices populaires et les comités révolutionnaires provenaient tous deux des groupes de défense, ils furent toujours très unis et en interaction. Ces comités locaux, dans certains villages, étaient le fruit du rapport de forces existant dans chaque localité, et parfois ils pouvaient être purement front populiste, sans aucune aspiration révolutionnaire.

            Les comités révolutionnaires assumaient une importante tâche administrative, très variée, de l’émission de bons, de tickets pour la nourriture, de sauf-conduits, de laissez-passer, l’approvisionnement et l’entretien des hôpitaux à l’expropriation de la nourriture, des meubles et des bâtiments, le financement des écoles rationalistes et des ateneos (centres culturels) gérés par les Jeunesses Libertaires, la paie des miliciens ou de leur famille, etc.

6. Les Comités de Défense se sont transformés, à Barcelone, en comités révolutionnaires de quartier

            Le vrai pouvoir exécutif était dans la rue, c’était le pouvoir du prolétariat en armes, exercé par les comités locaux, de défense et de contrôle ouvrier, qui expropriaient spontanément les usines, les ateliers, les immeubles et les propriétés ; qui organisaient, armaient et menaient au front les groupes de miliciens volontaires qu’ils venaient de recruter ; qui brûlaient les églises ou les transformaient en écoles ou en magasins ; qui formaient des patrouilles pour étendre la guerre sociale ; qui protégeaient les barricades, véritables frontières de classe contrôlant les allées et venues et représentant le pouvoir des comités ; qui faisaient fonctionner les usines, sans maîtres ni dirigeants, ou qui les transformaient en usines de guerre ; qui réquisitionnaient les voitures et les camions ou la nourriture pour les comités d’approvisionnement ; qui « promenaient » (liquidaient) les bourgeois, les fascistes et les curés ; qui percevaient les impôts révolutionnaires ou qui finançaient des travaux publics pour réduire le chômage ; qui substituaient les mairies républicaines totalement obsolètes en imposant partout leur autorité absolue dans tous les domaines, en ignorant les ordres de la Generalitat et du Comité Central des Milices Antifascistes (CCMA). La situation révolutionnaire se caractérisait par une atomisation du pouvoir.

            À Barcelone, les comités de défense, transformés en comités révolutionnaires de quartier, n’ont suivi les consignes d’aucune organisation, quelle qu’elle soit et ont pris les initiatives que chaque situation exigeait. Ils ont organisé les hôpitaux, débordés par l’avalanche de blessés, ils ont créé des cantines populaires, ils ont réquisitionné des voitures, des camions, des armes, ils ont exproprié des usines, des immeubles, ils ont détenu des suspects et ont créé un réseau de Comités d’approvisionnement dans chaque quartier, qui se sont coordonnés en un Comité Central d’Approvisionnement de la ville, au sein duquel le Syndicat de l’Alimentation de la CNT a joué un grand rôle. La contagion révolutionnaire touchait tous les secteurs sociaux et toutes les organisations, qui se décantaient sincèrement en faveur de la nouvelle situation révolutionnaire. Cela a été la seule force réelle du Comité Central des Milices, qui apparaissait aux yeux du prolétariat armé comme l’organisme antifasciste qui devait diriger la guerre et imposer le nouvel ordre révolutionnaire.

            Le 21 juillet, une séance plénière des syndicats locaux et régionaux avait renoncé à la prise du pouvoir,comprise comme une dictature des leaders anarchistes, et non point comme l’imposition, la coordination et l’extension du pouvoir que les comités révolutionnaires exerçaient déjà dans la rue. Fut décidée la création d’un Comité Central des Milices Antifascistes, ORGANISME DE COLLABORATION DE CLASSES, formé par l’ensemble des organisations antifascistes.

            Le 24 juillet a lieu le départ des deux premières colonnes anarchistes dirigées l’une par Durruti et l’autre par Ortiz. Durruti prononça un discours à la radio où il prévenait qu’il fallait être vigilant face aux tentatives contre-révolutionnaires. Il fallait contrôler la situation révolutionnaire à Barcelone et aller « jusqu’au bout » après la prise de Saragosse.

            À la Réunion plénière régionale du 26, il fut confirmé à l’unanimité que la CNT maintiendrait la même position que celle défendue le 21 juillet, celle de participer à l’organisme de collaboration de classes appelé CCMA. Lors de cette réunion du 26 fut créée une Commission d’Approvisionnement, dépendante du CCMA, à laquelle devaient se soumettre les différents comités d’approvisionnement qui avaient surgi un peu partout, et en même temps l’arrêt partiel de la grève générale fut aussi exigé. Le résumé des principaux accords qui se sont conclus à cette réunion plénière fut publié sous forme d’arrêté pour qu’il soit connu de tous et respecté.

            Le Comité Central d’Approvisionnement était une institution fondamentale qui jouait un rôle indispensable par rapport aux ouvriers volontaires qui quittaient leur poste de travail pour aller combattre le fascisme en Aragon : assurer en leur absence la nourriture de leurs familles qui ne percevraient plus le salaire hebdomadaire avec lequel elles vivaient.

            Ainsi, les comités révolutionnaires de quartier, à Barcelone, étaient formés de deux sections : la section de défense et la section d’approvisionnement, qui répondaient aux deux besoins essentiels du moment : les armes et la nourriture.

 7. Qu’étaient les Patrouilles de Contrôle ?

            Entre le 21 juillet et la mi-août 36, les patrouilles de contrôle se sont constituées comme police « révolutionnaire » qui dépendait du Comité Central des Milices Antifascistes (CCMA).

            Seule la moitié environ de ceux qui faisaient partie des patrouilles de contrôle possédait la carte de la CNT ou faisait partie de la FAI ; l’autre moitié était affiliée aux autres organisations formant le CCMA : fondamentalement le POUM, Esquerra Republicana de Cataluña (ERC) et le PSUC. Sur les onze délégués de section, il n’y en avait que quatre de la CNT : ceux de Pueblo Nuevo, Sants, San Andrés (Armonía) et Clot : quatre étaient de ERC, trois du PSUC et aucun du POUM.

            Les patrouilles de Contrôle dépendaient du Comité d’Enquête du CCMA, dirigé par Aurelio Fernández (FAI) et Salvador González (PSUC). Sa section centrale était dirigée par deux délégués de Patrouilles, José Asens (FAI) et Tomás Fábrega (Acció Catalana). Le salaire des membres des patrouilles, de dix pesetas par jour, était payé par la Generalitat. [...].

 8. Quel a été le bilan du Comité Central des Milices Antifascistes ?

            Le 26 septembre fut formé un gouvernement de la Generalitat auquel participaient des « consellers » -des ministres- anarchistes. Le 1er octobre, le CCMA fut dissous.

            Les décrets du 9 et 12 octobre déclarèrent que tous les comités locaux qui avaient surgi le 19 juillet étaient dissous et qu’ils devaient être remplacés par de nouvelles mairies. La résistance des militants de la CNT, qui ne faisaient aucun cas des consignes des comités supérieurs ou des ordres du gouvernement de la Generalitat, menaça le pacte antifasciste. Les dirigeants anarchosyndicalistes subissaient la pression de leurs militants qui n’avaient aucune envie de leur obéir et celle des forces antifascistes qui leur exigeaient de respecter et de faire respecter les décrets du gouvernement et de faire entendre raison aux « incontrôlés ».

            Voilà quel était le véritable bilan du CCMA après neuf semaines d’existence : la dissolution des comités révolutionnaires locaux qui exerçaient tout le pouvoir dans la rue et les usines en faveur du rétablissement complet du pouvoir de la Generalitat. Il faut ajouter au bilan désastreux du CCMA les décrets signés le 24 octobre sur la militarisation des Milices et le décret sur les Collectivisations, c’est-à-dire la suppression des Milices ouvrières formées de volontaires révolutionnaires et leur transformation en armée bourgeoise classique. Et d’autre part, la transformation des expropriations et du contrôle des usines par le prolétariat en une économie tendant à être entièrement contrôlée et dirigée par la Generalitat.


9. L’hibernation des comités de défense en décembre 1936 et leur réorganisation en mars 1937

            Début décembre 1936, la Fédération Locale des Syndicats Uniques de la CNT de Barcelone a débattu du rôle que devaient jouer les comités de défense à Barcelone.

            La Fédération Locale imposa une vision strictement syndicale, qui ne voyait pas d’un bon œil l’importance qu’avaient acquise, dans les quartiers, les comités de défense et les comités d’approvisionnement. Elle considérait que leurs fonctions, un fois conclue et l’insurrection révolutionnaire et l’étape immédiatement postérieure, étaient provisoires et qu’elles devaient désormais être assumées par les syndicats.

            En décembre 1936, les comités de défense étaient une entrave pour la politique gouvernementaliste des comités supérieurs de la CNT ; ils devaient donc hiberner et se soumettre aux syndicats, comme simples appendices, quelque peu gênants et inutiles.

            Ce qui était en jeu, c’était le degré d’autonomie des comités de défense de quartiers par rapport aux syndicats. Il y avait ceux qui pensaient que les Comités Locaux de Défense devaient avoir leur propre personnalité et être totalement indépendants, en les considérant comme LA MILICE DE LA CNT, alors que d’autres pensaient qu’ils devaient entièrement se soumettre aux décisions de la Fédération Locale des Syndicats qui non seulement devait discuter de la situation et décider de comment agir, mais devait en plus garder les armes, contrôler les hommes et financer les Comités de Défense.

            Le problème fondamental, d’après le Comité Régional de Catalogne, était le refus généralisé de la consigne de désarmement, de telle sorte qu’il en est arrivé, selon ses propres mots, à constater que « les quartiers sont nos pires ennemis ». Les comités de défense entrèrent alors dans une période d’hibernation.

            L’entrée de la CNT dans le gouvernement de la Generalitat avait entraîné, début octobre, la création d’une Assemblée de Sécurité Intérieure, qui se caractérisait par une dualité conflictuelle de pouvoir sur les forces de l’ordre entre la CNT et le gouvernement de la Generatitat. Les Patrouilles de Contrôle perdirent leur autonomie et leur pouvoir de décision, alors que le Commissariat de l’Ordre Public, contrôlé par le PSUC et ERC, voyait son pouvoir de coercition augmenter, grâce au renforcement des corps des Gardes d’Assaut et de la Garde Nationale Républicaine (ancienne Garde Civile).

            À la fin du mois de janvier 1937, les miliciens du PSUC-UGT abandonnèrent les Patrouilles de Contrôle et furent substitués par des membres de la CNT, d’ERC et du POUM. La perspective de la fin des Patrouilles de Contrôle, remplacées par un nouveau Corps Unique de Sécurité, ce qui fut décrété le 4 mars 1937, entraînait la fin de l’hégémonie de la CNT sur les tâches policières et répressives à l’arrière.

            Les syndicats comprirent qu’il fallait absolument réorganiser les comités de défense, dans les quartiers, pour organiser l’affrontement qui semblait alors inévitable.

 10. Pourquoi le contrôle de l’approvisionnement a-t-il été perdu ? Que fut la « guerre du pain » ?

            Le 20 décembre 1936, le stalinien Comorera, Conseller (Ministre) de l’Approvisionnement, prononça un discours important, en catalan, à Barcelone.

            Comorera défendit le besoin d’un gouvernement fort, ayant pleins pouvoirs, capable de faire appliquer les décrets pour qu’ils ne restent pas lettre morte, comme cela avait été le cas avec le premier gouvernement Tarradellas, auquel avait participé Nin comme représentant du POUM. Un gouvernement fort, capable de mener à bien une politique militaire efficace, regroupant toutes les forces existantes sur le front.

            Comorera attribuait le manque de nourriture et l’augmentation de son prix aux Comités de défense, et non au fait que les grossistes et les commerçants s’en accaparaient et spéculaient. C’était le discours qui justifiait et expliquait le mot d’ordre sur les pancartes et les tracts des manifestations de femmes fin 36, début 37 : « plus de pain et moins de comités », manifestations organisées et manipulées par le PSUC. C’était l’affrontement entre deux politiques d’approvisionnement opposées, celle du PSUC et celle du Syndicat de l’Alimentation de la CNT. Ce dernier, par le bais des treize magasins d’approvisionnements des quartiers, gardés par les comités révolutionnaires de quartier (ou plus exactement par leur section de défense) fournissait gratuitement de la nourriture aux cantines populaires où pouvaient se rendre les chômeurs et les membres de leurs familles. Il s’occupait également de centres d’attention aux réfugiés dont le nombre tournait autour de 220 000 personnes en avril 1937 à Barcelone. C’était un réseau d’approvisionnement qui faisait concurrence aux détaillants qui n’obéissaient qu’à la loi de l’offre et de la demande afin d’éviter surtout l’augmentation du prix des produits qui auraient été alors inaccessibles pour les travailleurs et, cela va de soi, pour les chômeurs et les réfugiés. Le marché noir était la grande affaire des détaillants qui faisaient bombance grâce à la faim de la majorité de la population. La guerre du pain de Comorera contre les comités d’approvisionnement de quartiers ne visait qu’à enlever aux comités de défense toute parcelle de pouvoir, même si cette guerre impliquait le désapprovisionnement de Barcelone et la pénurie alimentaire.

            Comorera conclut son discourt par un appel à la responsabilité de toutes les organisations afin d’obtenir une forte unité antifasciste. Pour bien comprendre le discours de Comorera, il faut tenir compte de la stratégie, défendue par Gerö (LE DÉLÉGUÉ DE MOSCOU DANS LE PSUC), de mener une politique SÉLECTIVE par rapport au mouvement anarchiste, qui consistait à intégrer les dirigeants anarchistes dans l’appareil d’État, tout en réprimant de façon terrible les secteurs révolutionnaires qualifiés de façon infamante d’incontrôlés, de gangsters, d’assassins, d’agents provocateurs et d’irresponsables ; secteurs que Comorera identifiait très clairement aux comités de défense.

            Les magasins d’approvisionnement des comités de quartier contrôlaient ce que les détaillants allaient recevoir comme marchandises et leur prix de vente au public, après que les besoins « révolutionnaires » du quartier aient été satisfaits, celui, donc, des malades, des enfants, des chômeurs, des cantines populairesetc.

            Comorera défendait le marché libre et la disparition de ces comités révolutionnaires de quartier. Il savait de plus qu’une chose allait de pair avec l’autre et que sans supprimer les comités de défense, le marché libre n’était que chimère.

            Un approvisionnement rationnel, prévoyant et suffisant de Barcelone et de la Catalogne aurait signifié l’acceptation des prétentions du Conseller –ministre- de l’économie de la CNT, Fábregas, qui, entre le mois d’octobre et de décembre a bataillé inutilement, dans les réunions ministérielles de la Generalitat, pour obtenir le monopole du commerce extérieur, face à l’opposition des autres forces politiques. Pendant ce temps-là, sur le marché des céréales de Paris, dix ou douze grossistes se faisaient concurrence et faisaient monter les prix. Mais ce monopole du commerce extérieur, qui n’était même pas une mesure de caractère révolutionnaire, mais seulement une mesure adaptée à une situation urgente due à la guerre, allait à l’encontre de la philosophie du marché libre, défendue par Comorera.

            Il y avait un lien entre les queues pour acheter du pain à Barcelone et la concurrence irrationnelle des grossistes sur le marché des céréales à Paris. Lien qui aurait été brisé avec le monopole du commerce extérieur. Avec la politique du marché libre de Comorera, ce lien s’est renforcé. Mais qui plus est, le PSUC a encouragé la spéculation des commerçants, qui ont implanté une véritable dictature sur le prix de tous les aliments, en s’enrichissant sur le dos des travailleurs affamés.

 11. Comment et pourquoi ces Comités de Défense se sont-ils radicalisés en avril 37 ?

            Le dimanche 11 avril, au meeting de l’arène de La Monumental de Barcelone, il y avait des pancartes qui exigeaient la liberté des nombreux prisonniers antifascistes, la plupart de la CNT. Federica Montseny (dirigeante de la CNT) fut huée et sifflée. Les cris favorables à la liberté des prisonniers redoublèrent. Les comités supérieurs accusèrent de « sabotage » le Regroupement des Amis de Durruti. Federica, très offensée, menaça de ne plus faire de meeting à Barcelone.

            Le lundi 12 avril 1937 eut lieu à la Casa CNT-FAI une réunion plénière locale des Groupes Anarchistes de Barcelone, à laquelle assistèrent les groupes de Défense de la confédération et des Jeunesses Libertaires.

            Le groupe 12, du quartier de Gracia, présenta une proposition par écrit qui disait :

            « La réunion, qui a pris en compte, après une large discussion, les résultats de neuf mois de politique ministérielle, qui a constaté l’impossibilité de gagner la lutte armée sur les fronts contre le fascisme sans faire dépendre tous les intérêts particuliers, économiques, politiques et sociaux, de l’objectif suprême de la guerre, qui considère que seule la socialisation totale de l’industrie, du commerce et de l’agriculture permet d’écraser le fascisme, qui considère que n’importe quelle forme de gouvernement est par essence réactionnaire, et donc opposée à la révolution sociale a décidé de :
1.      Retirer tous les hommes qui occupent actuellement une place dans les instances antifascistes gouvernementales.
2.      S’engager à constituer un comité révolutionnaire antifasciste pour coordonner la lutte armée contre le fascisme.
3.      Socialiser immédiatement l’industrie, le commerce et l’agriculture.
4.      Implanter une carte de producteur, (carte de rationnement prétendant favoriser les travailleurs au détriment des rentiers et des bourgeois). Mettre en route la mobilisation générale de tous les hommes capables de manier une arme et les instruments de travail sur le front et à l’arrière.
5.      Et enfin, faire sentir à tout le monde le poids inflexible de la discipline révolutionnaire pour bien montrer que l’on ne plaisante pas avec les intérêts de la révolution sociale ».

La bureaucratie s’était vue débordée par cette réunion. À cette réunion plénière étaient intervenus les Comités de Défense de Barcelone, ou ce qui revient au même, la délégation des comités révolutionnaires de quartier, ainsi que les Jeunesses Libertaires, qui radicalisèrent, sans aucun doute, les accords qui avaient été pris.

Et cette FAI de Barcelone, avec les sections de défense des comités révolutionnaires de quartier et les Jeunesses Libertaires, malgré la scandaleuse et hystérique opposition de certains bureaucrates, avait décidé d’en finir avec le collaborationnisme, de retirer les ministres anarchistes du gouvernement de la Generalitat et de constituer un Comité révolutionnaire qui dirigerait la guerre contre le fascisme. C’était un pas décisif vers l’insurrection révolutionnaire qui éclata le 3 mai 1937.

La réunion plénière constatait, d’autre part, qu’il y avait un fossé idéologique, pas tant entre la CNT et la FAI, mais entre révolutionnaires et collaborationnistes pouvant aboutir à une scission organisationnelle au sein du mouvement libertaire et qui se manifestait par l’opposition croissante entre les comités de quartier, certains groupes anarchistes et les Jeunesses Libertaires, d’une part, et les comités supérieurs, dont les objectifs étaient totalement différents, d’autre part.

            Cette radicalisation était le fuit d’une situation de plus en plus insoutenable dans la rue. Le 14 avril, une manifestation de femmes, qui cette fois n’était pas manipulée par le PSUC, partit de La Torrassa (un quartier d’Hospitalet, banlieue de Barcelone de tradition anarchiste) pour parcourir les différents marchés des quartiers barcelonais de Collblanc, Sants et Hostafrancs, pour protester contre le prix du pain et de la nourriture en général. Cette manifestation s’adressa au Comité Révolutionnaire de la Place España pour qu’il intervienne dans l’affaire. Les manifestations et les protestations s’étendirent à presque tous les marchés de la ville. Plusieurs boutiques et plusieurs boulangeries furent pillées. Les quartiers ouvriers de Barcelone, affamés, étaient sortis dans la rue pour manifester leur indignation et pour exiger des solutions.
12. Quel rôle ont joué les Comités de Défense en mai 1937 ?

            Le lundi 3 mai 1937, vers 14h45, trois camions de gardes d’assauts, armés jusqu’aux dents, s’arrêtèrent devant le siège de la centrale téléphonique, place Catalogne. Ils étaient dirigés par Eusebio Rodríguez Salas, militant du syndicat UGT, stalinien convaincu, responsable officiel du commissariat de l’ordre public. Le bâtiment de la centrale téléphonique avait été exproprié par la CNT le 19 juillet 1936.

            Le contrôle des appels téléphoniques, la surveillance des frontières et les patrouilles de contrôle étaient le cheval de bataille qui, depuis janvier, avait provoqué divers incidents entre le gouvernement républicain de la Generalitat et la CNT.

            Rodríguez Salas voulut prendre le bâtiment de la centrale téléphonique. Les militants de la CNT des premiers étages, pris par surprise, furent désarmés ; mais les militants de la CNT des étages supérieurs organisèrent leur résistance grâce à une mitraillette placée à un point stratégique. La nouvelle se répandit très rapidement. EN MOINS DE DEUX HEURES, des barricades furent dressées dans toute la ville.

            On ne peut pas parler de réaction spontanée de la classe ouvrière de Barcelone, parce que la grève générale, les affrontements armés avec les forces de police et les barricades furent le fruit de l’initiative prise par les comités de défense, qui furent rapidement suivis vu le mécontentement généralisé, les problèmes financiers croissants de la population causés par la vie chère, les queues et le rationnement, et vu les tension chez les militants de base de la CNT entre les collaborationnistes et les révolutionnaires. La lutte dans les rues fut impulsée et menée par les comités de défense des quartiers, sans aucune intervention desCOMITÉS SUPÉRIEURS.

            Les comités de quartier déchaînèrent et dirigèrent l’insurrection du 3 au 7 mai 1937 à Barcelone. Et il ne faut pas confondre les comités de défense des quartiers avec une « spontanéité des masses » ambigüe et imprécise, dont parle l’historiographie officielle.

            Andrés Nin, secrétaire politique du POUM, dans un article écrit le 19 mai 1937, en parle ainsi :

            « Les journées de mai à Barcelone ont fait revivre certains organismes qui, au cours de ces derniers mois, avaient joué un certain rôle dans la capitale catalane et dans certaines villes importantes : les Comités de Défense. Il s’agit d’organismes de type technico-militaire, formés par les syndicats de la CNT. Ce sont eux, en réalité, qui ont dirigé la lutte, et qui étaient, dans chaque quartier, le centre d’attraction et d’organisation des ouvriers révolutionnaires ».

            Les Amis de Durruti n’ont pas initié l’insurrection, mais ils furent les combattants les plus actifs sur les barricades, ils distribuèrent un tract qui exigeait la substitution du Gouvernement de la Generalitat par une Junte Révolutionnaire.

            Les travailleurs de la CNT, désorientés par les ordres de « cessez-le-feu » de leurs dirigeants (les mêmes dirigeants que le 19 juillet ! ! !), abandonnèrent finalement la lutte bien qu’au début ils n’avaient fait aucun cas des appels à l’entente et à l’abandon de la lutte, sous prétexte d’unité antifasciste.

 13. Comment furent dissous les Comités de Défense ?

            Les comités révolutionnaires de quartier, à Barcelone, sont apparus le 19-20 juillet et ont perduré au moins jusqu’au 7 juin 1937, lorsque les forces de l’ordre restaurées de la Generalitat ont dissous et occupé les divers centres des Patrouilles de Contrôle, et en passant, plusieurs sièges des comités de défense, comme celui du quartier des Corts. Malgré le décret qui exigeait la disparition de tous les groupes armés, la plupart a résisté jusqu’en septembre 1937, lorsqu’ils furent systématiquement dissous et que les bâtiments qu’ils occupaient furent pris d’assaut, un par un. Le dernier siège, le plus important et le plus fort, fut le siège du comité de défense du Centre, aux Escolapios de San Antonio, qui fut pris d’assaut le 20 septembre 1937 par les forces de l’ordre public, avec tout un arsenal de mitrailleuses, de grenades, de tanks et de canons. Cependant, la résistance des Escolapios n’a pas pris fin à cause des coups de feu, mais parce que le Comité Régional leur donna l’ordre de déloger le bâtiment.

            Dès lors, les Comités de Défense, camouflés sous le nom de Sections de coordination et d’information de la CNT, se consacrèrent exclusivement à des tâches clandestines d’enquêtes et d’information, comme avant le 19 juillet, mais à présent, en 1938, dans une situation nettement contre-révolutionnaire.

            Ils eurent également une publication clandestine, Alerta... ! Entre octobre et décembre 1937, 7 numéros furent publiés. Ce qui revenait dans cette publication, c’était la solidarité avec les « prisonniers révolutionnaires » en exigeant leur libération ; l’information sur les abus staliniens à la Prison Modelo de Barcelone ;  la critique du collaborationnisme et la politisation de la FAI ; la dénonciation de la désastreuse politique de guerre du gouvernement Negrin-Prieto et de la prédominance stalinienne au sein de l’armée et des appareils de l’État. Dans cette publication, il y a eu des saluts fraternels envers les Jeunesses Libertaires et le regroupement Les Amis de Durruti. L’une des caractéristiques indélébiles de cette publication était les appels constants à la Révolution et à ce que les comités supérieurs abandonnent tous leurs postes parce que, disait-elle, :

            « La révolution ne peut se faire depuis l’État, mais contre l’État ». Le dernier numéro, datant du 4 décembre, dénonçait les Tchekas staliniennes et la persécution brutale des militants de la CNT en Cerdagne.
  
14. Conclusion

            En 1938, les révolutionnaires étaient sous terre, en prison ou dans la clandestinité la plus absolue. Ce n’est pas la dictature de Franco qui a mis un terme à la révolution, mais la République de Negrin.

            Les révolutions sociales, les tentatives de réorganisation de la production et de la société sur de nouvelles bases, sont extrêmement rares dans l’histoire. Au-delà des circonstances dans lesquelles elles ont surgi, elles nous apportent toujours une expérience irremplaçable, tant par leur succès que par leur échec. Le grand enseignement de la révolution de 1936 a été le besoin incontournable de détruire l’État et de réprimer la contre-révolution. En reprenant la terminologie des Amis de Durruti : « les révolutions sont totalitaires ou sont défaites ». 
Agustín Guillamon

            Traduit en Français par Eulogio Fernández