(CONSCIENCE RÉVOLUTIONNAIRE
ET CLASSE POUR SOI)
Extrait d'Alarme N°13 - Juillet-Septembre
1981
Parmi tous les groupes qui, ça et là, se disent
révolutionnaires, aucun thème n'est aussi ressassé que celui de la conscience.
Les écrits qui traitent ce sujet sont rares et
insatisfaisants mais à peine peut on lire une publication prolétarisante qui ne
1'invoque pas et renvoient toujours le fait révolutionnaire lui même au moment
de son apparition au sein du prolétariat (en français :"prise de conscience",
presque comme la prise d'un élixir). Croyant élever le niveau, certaines de ces
publications ont recours à la substitution dialectique de la classe ouvrière en
soi, PAR LA CLASSE POUR SOI. Ils en arrivent au même résultat,
et en plus réduisent à un seul facteur, classe pour soi et conscience révolutionnaire,
ce qui précisément dénote un important défaut de conception dialectique.
Non moins dans ce domaine de la pensée dialectique que
dans d'autre; confusion et pauvreté proviennent directement de 40 ans
d'inactivité du prolétariat international, ce qui pour sa part a permis la croissance
capitaliste de l'après guerre. Cela étant, ces groupes (trotskystes et bordiguistes,
conseillistes, ces solitaires à la messianique réserve du genre Révolution Internationale,
sans oublier les gens mous et ignorants du spectaculaire Strip-tease situationniste)
prennent les effets pour les causes et la cause réelle de l'effet, ils
l'ignorent du tout au tout. Dans la crainte d'abandonner le terrain
matérialiste, ils se réfugient dans un matérialisme pire que vulgaire, grossier
l'inactivité du prolétariat en tant que classe révolutionnaire est selon eux,
nécessairement due à la croissance capitaliste. Ils confondent cette dernière avec
le développement du système, et donc ils imputent les défaites du
prolétariat, antérieures à la dernière guerre, à l'immaturité des conditions
objectives pour la révolution communiste. Ainsi la splendide activité du
prolétariat entre les deux guerres apparaît comme une impatience écervelée de
sa part ou des révolutionnaires dans son sein, et en tout cas, elle perd toute signification.
Dans cet ordre d'élucubrations, il y a des groupes qui fixent l'arrêt de la
période révolutionnaire antérieure à 1920-22 avec la défaite de la révolution allemande.
Autant dire qu'il n'y a pas eu d'offensive prolétarienne en dehors de Russie et
d1 Allemagne. D'une manière ou d'une autre, ils s'inventent une
commode base matérielle pour s'expliquer la défaite de la révolution entre les
deux guerres et l'absence de mouvement insurrectionnel mondial depuis la
dernière.
Ne s'expliquant pas l'aspect subjectif de l'expérience
antérieure, en particulier de 1914 à 1937,ce matérialisme abandonne la
dialectique s'empêchant ainsi de voir les objectivations négatives de cette expérience
,accumulées durant des décennies.par conséquent, il ne peut que mal préparer la
nouvelle subjectivité nécessaire pour se défaire de ces objectivations et
mettre à contribution les facteurs économiques, culturels ,psychiques et
scientifiques donnés, accumulés et réitérés par l' histoire.
[(1) Le livre de
Max Weber,"Marxisme et Conscience de classe" Ed 10-18 Paris 1975) est
un exemple récent de cette vacuité. Plus de 400 pages superficielles sans
entrer dans le cœur du sujet annoncé par le titre, ni définir seulement ce
qu'il faut entendre par conscience de classe. L'auteur la confine au Parti, et
le Parti, il en voit la préfiguration dans sa "Ligue Communiste" aujourd'hui
NPA qui ne perd pas une occasion de s'agenouiller devant le Stalinisme.
Si l'on signale que Weber voyait dans le programme commun français
(PC-PS) un signe de concession stalino-socialisante au prolétariat, il devient
évident que la qualité de sa conscience n'a jamais été révolutionnaire]
Ce trompant ainsi dans les prémisses, on se trompe
nécessairement et plus gravement, dans les conséquences .En effet, les idées touchant
aux chemins tortueux et aux situations qui auraient permit à l'illustre
conscience de se glisser dans les cerveaux des prolétaires, lorsqu'elles ne
sont pas évolutionnistes, sont crédules, les unes triviales, les autres cocasses.
Elles se cantonnent toujours à un mécanisme simpliste, sinon obtus, mais cela
se sous entend, elles s'abritent derrière la dialectique et quelques textes de
Marx en guise de scapulaire. Voyons de plus près.
Parmi les crédules, il y a deux catégories : les
crédules de la crise de surproduction, et ceux de la baisse définitive du taux
de profit du capital. Selon les premiers, les conditions objectives de la
révolution ne sont pas présentes tant qu'il y a croissance capitaliste, et la
classe elle même ne pense pas à elle tant qu'elle est en présence du plein emploi.
Par conséquent, les adeptes d'une telle vision dédaignent s'adresser à la classe,
vivent en cercle d'intimes, distillant leur propre "pureté", en
attendant leur heure. Leur heure sera celle de la crise de surproduction, le
chômage è une échelle gigantesque, les faillites des plus solides compagnies
capitalistes et la baisse du salaire des ouvriers qui n'auront pas encore perdu
leur emploi. Alors le cercle d'intimes sortira sur la place publique, exhibant
la conscience en chair et en os, et le prolétariat irrédentiste la fera sienne.
Ce n'est pas caricatural ; ainsi se représentera fameuse "prise de
conscience" les crédules à la sauce "Révolution internationale"
.La même idée est partagée, mis à part la différence dans l'attitude quotidienne,
par les différentes chapelles Trotskistes. Pire, cette idée est partagée
également par le stalinisme, dans la mesure où une grande extension du chômage
en Occident lui permettrait de se présenter comme "Sauveur Socialiste
réclamant la nationalisation généralisée.
Se disant scientifique, l'autre variété de crédules
assure sans sourciller que l'acquisition d'une conscience par le prolétariat,
et donc la possibilité révolutionnaire / elles même, arriveront lorsque la baisse tendancielle du taux de
profil capitaliste sera descendue.au plus bas. En vertu de leur matérialisme grossier, ses
théoriciens (avec d'autres bordiguistes) devraient trouver un motif économique supérieur
qui empêche la continuation du système capitaliste.il
est indéniable que lorsque ce moment arrivera, s'il arrive, n'ayant plus la
moindre affaire à réaliser, le capitalisme s'effondrera. Mais dans ce cas, il
s'effondrera, s'éteignant comme une flamme qui aurait consommé tout l'oxygène disponible.
Loin d'être alors liquidé révolutionnairement par le passage à un type
supérieur de société, avec lui et au premier rang, les conditions objectives de
la révolution ainsi que le prolétariat comme classe révolutionnaire se
consumeraient également. Cela suffit pour voir clairement, sans entrer dans
d'autres considérations, que cette catégorie de crédules tombes dans un délire
encore plus grand que les premiers, car si leur projet se réalisait, la
préoccupation impérieuse ne serait pas la révolution communiste mais la simple
survie des individus, même en tant qu'esclaves ou nouveaux serfs de la glèbe.
Il n'y a aujourd'hui aucune tendance qui se représente
évolutivement le passage du capitalisme au communisme. Les organisations
staliniennes et "socialistes" parlent certes, de ce passage pacifique
et légal, mais elles le font en sachant qu'il
s'agit pour elles d'arriver au capitalisme d'Etat. En tant que vision sociale,
le réformisme n'existe plus. Aussi, parler d'une sociale démocratisation du
mouvement ouvrier embrouille tout concept, empêche d'avoir une notion exacte de
la période historique présente et condamne le travail révolutionnaire immédiat
et futur. Pour comble, cela authentifie la démagogie démocratico- bourgeoise du
stalinisme. Dans ce sens, nous assistons au contraire à une stalinisation de ce
qui fut le réformisme ainsi que des institutions
même du capitalisme occidental .Cependant, il y a un relent évolutionniste dans ces notions
touchant à la formation de la conscience révolutionnaire du prolétariat et à la
formation de la classe pour soi. Même si cela ne va pas plus loin, cela diminue
l'action combative de ses adeptes. Or l'action est par elle même conscience et
créatrice d'une plus grande conscience.
Il y a également deux courants principaux de cet évolutionnisme
l'un d'entre eux croit pouvoir susciter la conscience dans la masse des salariés
petit à petit, grâce à des pétitions de caractère immédiat c'est à dire par de
simples améliorations à l'intérieur du capitalisme. Les liants à un radicalisme
progressif, la conscience du prolétariat passerait, disent-ils, de la
neutralité démocratico syndicale à la neutralité révolutionnaire, de la
défensive face au système capitaliste à l'offensive contre lui, de classe ouvrière
à classe gouvernante. De là se déduisent le travail fractionnel dans les syndicats,
le front unique avec le stalinisme et l'ex réformisme, l'utilisation des
parlements ainsi que les consignes du type: gouvernement des dirigeants de ces
organisations (faussement appelés gouvernement ouvrier), contrôle ouvrier de la
production, nationalisation de l'industrie, et d'autres du même style. En outre,
cet évolutionnisme tactique aussi fait reposer ses espérances sur la crise de
surproduction. Sans elle, il n'entrevoit pas de révolution possible, ni donc d'application
fructueuse de son tactisisme. Dans le meilleur des cas —la
majorité des autres cas étant bien pire -cet évolutionnisme suit la trac des
bolchéviques de 1917, comme le fit à son époque LE PROGRAMME DE TRANSITION de la IV" Internationale naissante.
Retard énorme, car depuis lors, la nature des grandes
organisations auparavant ouvrières, l'expérience de la lutte de classes
mondiale et les possibilités immédiates de la révolution communiste ont
profondément changé, alors même que le capitalisme, pour sa part, s'est
consolida dans sa forme étatique, sans équivoque sur sa réactionnaire et
décadente nocivité. C'est pour cela que ces tendances en question se trouvent aujourd'hui
à droite de leur modèle Trotskyste, et encore plus à droite quant à l'exigence d'une
activité révolutionnaire.
Un autre évolutionnisme non confessé est inspiré par
la phrase, aujourd'hui ancienne, d'Otto Rühle :"La révolution n'est pas
une affaire de parti", aberrante déduction de la célèbre phrase
:"L'émancipation des travailleurs sera l'oeuvre des travailleurs eux
mêmes"'. Il s'agit, cela s'entend, de la tendance appelée conseilliste. Son
simplisme théorique a connu ces dernières années un regain par réaction au poids
accablant de la contre-révolution stalinienne russe, à son oeuvre néfaste en
Europe et en Asie entre les deux guerres et jusqu'à présent. La contre
révolution apparaît comme étant l'oeuvre d'un parti; la révolution, par conséquent,
est contemplée comme nécessairement anti-parti. Et la conscience révolutionnaire apparaît alors comme une acquisition lente et progressive de la classe au sein
du capitalisme, et même au sein des conseils ouvriers eux mêmes une fois qu'ils
ont surgi. Voulant éviter cette difficulté, les conseillistes appellent à leur
secours l'économisme de la crise de surproduction, associé à un faux spontanéisme.
Les actions spontanées de la classe ouvrière se débattant contre les effets
catastrophiques de la crise, précipiteraient la formation de la conscience et
avec elle, la révolution. Ainsi ils accumulent erreur sur erreur, car la seule
chose qui est vraiment spontanée, c'est ce qui est crée par le mouvement
historique quant aux conditions sociales et aux modalités concrètes de la
lutte. Ni la classe ouvrière ni les révolutionnaires n'ont les moyens de
choisir les unes les autres. Réussir leur interprétation et parvenir à les utiliser,
c'est en cela que consiste le râle des révolutionnaires et avec eux, de leur
classe. Les soit disant actions .spontanées de la niasse ouvrière partent
toujours d'une
initiative, pour aussi inconnue qu'elle soit. Dans le cas contraire, elles ne
pourraient se produire. Ce sont donc des factions volitives sur un terrain très
propice, généralement méconnu. Sans ce dernier, impossible de les provoquer.
Se refuser à
créer un parti qui s'efforce d'interpréter justement la spontanéité donnée par
le devenir c'est réduire la volition, l'impulsion révolutionnaire du prolétariat,
au minimum, quand on ne la dessèche pas.
L'émancipation du prolétariat par le prolétariat lui même,
présuppose sa constitution en parti et cela s'avère impossible sans une telle constitution.
Cependant cela ne peut être une unité massive
et fermée, mais nécessairement composée, ouverte à la rose des vents
révolutionnaires. Dans le cas contraire, il ne s'agirait pas du prolétariat
constitué en parti, mais d'un parti constitué en prolétariat, c'est à dire
d'une d'une usurpation. La composition de ce prolétariat érigé en parti passera
,passe déjà par sa condition actuelle de classe exploitée, depuis l' indifférence
à tourte action jusqu'à l'action et la connaissance révolutionnaires accessibles,
en passant par toutes les gradations imaginables .L' exaltation due à la
victoire ouvrière réduira au minimum le poids mort des gens passifs et
enflammera ,par contre, l'accablante majorité et suscitera surtout des
capacités et opinions révolutionnaires insoupçonnables «susceptibles de
transformer en autant de nouveaux centres de regroupements, gardant l'unité
révolutionnaire générale. Sans entrer ici dans une plus ample analyse,
l'accomplissement de la révolution jusqu'au communisme, dépendra pour une bonne
part de cette exaltation, tout en sachant qu'il est chimérique de parler de garanties.
Un type d'organisation sociale post-révolutionnaire qui ne se méfie pas, au
début surtout, de dangers mortels, est inimaginable dans la mesure ou quelque
fraction de la classe prétendrait, pour n'importe quelle raison, détourner le
travail social vers des applications qui conserveraient ou étendraient, au lieu
de les écraser, les différences économiques du capitalisme. Une nouvelle
catégorie d'exploiteurs réapparaîtrait en elle.
Plus ou moins accusé, l'évolutionnisme par rapport à
la formation de la conscience n'a pas été une exception si rare dans l'histoire
du mouvement révolutionnaire. C'est un fait aujourd'hui plus répandu et plus
grave qu'à une autre époque, à cause de la terrible confusion introduite dans
la théorie par la fallacieuse publicité de la contre révolution stalinienne, de
ses répercussions dans la classe ouvrière et dans la pensée même de partis ou
groupes opposés à elle. Deux théoriciens qui en leur temps prêtèrent à la
contre révolution stalinienne de signalés services dans leurs pays respectifs, influencent toujours des hommes qui, s'ils se
passaient de leur patronage, amélioreraient sans doute quelque peu leurs
conceptions.il s'agit de Lukacs et de Gramsci, qui ne dépassent pas
1'économiste et tombent tête baissée dans l'évolutionnisme. Ceux là même qui
parlent aujourd'hui de la conscience révolutionnaire (du prolétariat) à la
troisième personne et de la leur (la conscience de chaque groupe théorisant) à
la première personne sont dans l'erreur à ce sujet.
Très différent est le cas, par leur position de militants,
de Gorter, Rühle, Pannekoek et la gauche germano-hollandaise en général dans
leurs conceptions sur la formation de la conscience révolutionnaire et sur
l'édification de la société communiste nécessiteraient, pour être réalisées, un
temps indéfini de cumulation progressive. Ils supposent la liberté et la
culture croissantes au sein du capitalisme, à l'opposé de ce qui existe effectivement.
C'est pour cela que leur influence actuelle dans ce domaine est dissolvante.
L'accumulation et la centralisation élargies du
capital sont un facteur multiplicatif de la dépendance matérielle et culturelle
du prolétariat. Par conséquent, il n'y a pas de place pour un quiconque
gradualisme dans la formation de la conscience. Elle ne peut pas apparaitre non
plus brusquement comme conscience révolutionnaire nette dans la totalité de la
classe ni même dans la majorité de ses membres. Cependant, la plus grande sottise,
infantilisme matérialiste comique, est de parler d'une formation scientifique
de la conscience .Toute la théorie prolétarienne se réduirait à cela si une
telle possibilité existait et sans défaite possible, la victoire serait
mathématiquement garantie à l'instant historique X où la
conscience atteindrait son objet formateur. Mais il ne s'agirait pas alors d'une société humaine,
mais d'un assemblage inorganique, ou tout au plus d'une termitière.
Notre communisme est scientifique parceque les
facteurs économiques, culturels, et même psychiques de sa propre production
dans le devenir humain ne tombent pas du ciel. Ils proviennent de la société
présente et des exigences de chacun, dont la satisfaction permet de mettre ce
qui a été antérieurement acquis au service de chacun. Dit d'une autre façon, ces
facteurs proviennent de l'antagonisme entre l'organisation industrielle et le
travail salarié, qui accentue l'esclavage de l'homme, alors que cette
organisation permettrait la pleine liberté en faisant sauter les serrures
capitalistes. Mais l'antagonisme n'aura jamais un dénouement mécanique
favorable au prolétariat, ni même inévitable dans le temps. Cela fait soixante
ans passés que la possibilité existe et que l'antagonisme fondamental
s'aggrave. La conscience révolutionnaire, pendant une si longue durée, n'a pas
suivi une progression ascendante, ni peu s'en faut. L'antagonisme était moins
intense 40 ou 60 ans auparavant, moment ou la conscience du prolétariat mondial
ET SES PRATIQUES eurent une claire expression.
Depuis lors, l'antagonisme qui permet et requiert la révolution communiste, s'est
accentué à un degré extrême,
les symptômes de putréfaction du système se multiplient, alors que la
conscience et les pratiques du prolétariat ont atteint leur point le plus bas
depuis 1848.
Que la conscience de classe connaisse des hauts et des
bas est un fait établi ; cela est relié aux avatars de la lutte. Mais le déclin
dont nous sommes les témoins depuis la révolution espagnole jusqu'à nos jours
n'a de précédant ni dans la durée ni dans la gravité des dommages causé si c'est
que la plus démoralisante des défaites n'est pas celle infligée de front, mais
celle infligée par la félonie d'alliés supposés. Et un coup d'œil sur les
événements depuis 1914 suffit pour se convaincre que le prolétariat n'a été
vaincu dans aucun pays par la bourgeoisie, son séculaire ennemi bien identifié,
mais par les organisations politiques et syndicales appelés socialiste,
anarchistes ou communistes. Précisons: à ces dernières, clairement stalinistes,
est échu le rôle principal pour la besogne à partir de 1923.assumèrent ainsi le rôle de la vieille
réaction, mais avec des caractéristiques nouvelles, non bourgeoises, mais
capitalistes d'Etat et susceptibles par là même de s'opposer à la bourgeoisie
et à ses monopole jusqu'à les absorber, de gré ou de force, mais exacerbant les
traits au capitalisme en général. Dans la foulée, la falsification des concepts
révolutionnaires a été si loin que le capitalisme étatique est présenté et
pensé comme économie socialiste par presque tout le monde.
Comme résultat de ce procès négatif, en Europe occidentale,
le prolétariat a été la proie du capitalisme, à travers ses représentants politiques
et syndicaux de la contre révolution russe...alors qu'en Europe orientale il se
voyait imposer la dure dictature de cette dernière. Partout, la perversion des
idées en est arrivée au point d'attribuer aux mouvements nationalistes un caractère
totalement opposé à ce qu'ils sont, car depuis le pire jusqu'au moins mauvais,
ils ne sont qu'une anachronique et réactionnaire survivance du passé, le jouet
vénal des grandes puissances.
D'autre part,
aucune tendance ne se détache ,qui ait mis sans hésitation le doigt sut la
plaie et qui ait compris que la possibilité de révolution restait présente,
sans nécessiter de crise mercantile ni de grande croissance capitaliste .A l' objectivation
réactionnaire des anciennes organisations révolutionnaires s'est ainsi
juxtaposée la carence de subjectivité révolutionnaire valide des groupes et
tendances plus sains .Résultat :le prolétariat mondial, enfermé dans la
criminelle rivalité inter impérialiste, est resté inerte, laissant libre jeu à
tous ses ennemis, à la vieille et à la nouvelle réaction en collaboration- rivalité
. Cette longue absence de combativité révolutionnaire est ce qui permet à
certains interprètes de parler, ou d'intégration du prolétariat -contresens stupide- ou bien de la prospérité comme
cause directe, et suffisante de la passivité du prolétariat.
Il est incontestable que la conscience de la classe historiquement révolutionnaire est en dessous du niveau acquis entre les deux guerres, en dépit des signes de
nouvelles révoltes surgissant ici et là. Et ce
n'est pas seulement la sienne mais aussi, accentuant
cet état, celle
des groupes révolutionnaires, soit
donc de ceux qu'il faut tant bien que mal considérer comme le secteur le plus alerte de la classe .Répétition de concepts morts ,pauvreté
et confusion l'absence
de vision globale du passé et donc aussi de l'avenir immédiat, sont du lot
général de ces groupes autres, aux prétentions plus vides que consistantes, pseudos innovateurs de vieilleries oubliées, sont en vérité plus hors qu'au sein de la classe
révolutionnaire. Les uns
et les autres croient, sans exception connue, que la passivité du prolétariat réside dans le "pleine emploi", ou dans ce qu'ils appellent, s'accommodant de la
terminologie dominante, "société d'abondance". Ceci est un vice économiste,
un atavisme qui les conduit, qu'ils
le veuillent ou non, à se
situer comme sujets de l'histoire d'une nature différente de celle du prolétariat. Selon eux, en
effet, la classe ne peut acquérir une conscience révolutionnaire que
forcée par une nécessité matérielle directe, lorsque le capital en crise de surproduction jette
dans la misère 30, 60, 100
millions ou plus d'ouvriers. Il y a
des groupes qui arrivent
au point de croire indispensable la
troisième Guerre mondiale pour que la révolution voit le jour Par contre, tous ces groupes ont acquis leur degré particulier de conscience révolutionnaire — ne parlons pas de leur validité réelle - en marge de la nécessité matérielle, par connaissance intellective, et même en marge de leur propre expérience .La classe
ouvrière et eux mêmes apparaissent, par conséquent, comme
des déterminations et des sujets différents du
devenir humain.
C'est là leur défaut principal, générateur d'autres défauts et ce qui quel que soit leur importance numérique et leur propre
vouloir, en fait
des sectes, chacune
enkystée dans quatre idées prostituées quand elles ne sont pas fausses et surtout, dans leurs risibles jactances. Prétendant rendre compte de
tout un passé mal ou partiellement compris, ces possesseurs de conscience se représentent comme
essence du présent et du futur, et
presque clairement comme point de départ l'An 01 - d'une nouvelle ère. Ces juges modernes taxent d'idéologie tout ce qui sort
de leur propre idéation de l'activité révolutionnaire .Et ainsi, entre la
Terre Promise de la "classe pour soi",
et l'épouvantail "idéologie",
utilisé comme "vade rétro satanas",
la faiblesse et l'incongruence théoriques des uns et des
autres atteignent une limite
au delà de laquelle on ne voit rien, ils ne se rendent pas compte qu'ils sont, par leurs erreurs,
soit les produits indirects,
soit les victimes de la corruption des
notions révolutionnaires qui a régné durant plusieurs décennies
Une
référence élémentaire s'impose ici. Entre ce que Marx appelait idéologie et ce
que désignent avec le même mot les groupes mentionnés, il n'y a aucun rapport.
Les idéologies étaient pour Marx des inventions plus
que des idées non déduites de la réalité sociale concrète dans son devenir
continuel, mais inventées comme des doctrines salvatrices pour le prolétariat
et pour l'humanité. Marx adoptait le comportement de l'homme de sciences qui
étudiait le matériau de sa discipline, y compris ses intuitions propres pour
pouvoir énoncer les idées à son sujet. Il voyait clairement que les idées
révolutionnaires ne pouvaient être une passion «lu cerveau, mais le cerveau de
la passion. Pour les inventeurs d'idées, il s'agissait, au contraire, d'une
pure passion cérébrale, dé crédo rédempteurs non basés sur la réalité
matérielle de la société. Dans ce sens là, les idéologies ont cessés d'exister .Il est même absurde de parler
d'une idéologie bourgeoise ou stalinienne sans parler de la social-démocratie. Il
s'agit d'escroqueries intentionnelles et plus qu'évidentes bien qu'elle; soi
encore imposées au plus grand nombre. En revanche, ceux qui utilisent
actuellement le terme idéologie, l'emploient en refusant de spécifier, une fois
l'étude des conditions données, les tâches révolutionnaires concrètes de la
classe et donc les leurs .Ils se limitent à arborer des panacées: révolution sociale,
ou abolition du travail salarié, quand ce n'est pas du travail tout cours. Ils adoptent
donc des positions plus ou moins marginales, hors de la réalité présente et
quotidiennement vécue. Qu'ils le veuillent ou non, peu ou prou, ils
s'inscrivent dans ce que Marx appelait idéologies,
A un meilleur niveau politique du prolétariat entre
les deux guerres correspondait une qualité théorique des révolutionnaires
supérieure à 1'actuelle, sans parler ici des aspects concomitants. En même temps,
niveau politique et qualité théorique se situaient sur un terrain de classe
généralement saine et optimiste, encore peu foulée au pied par la perversion versée
à flots, surtout depuis la révolution espagnole jusqu'à nos jours, par le
stalinisme et ses alliés. Il y a une interaction très évidente entre les 3
facteurs (à savoir, niveau politique de la classe, qualité théorique du secteur
révolutionnaire, et sain optimisme dans son domaine), mais il est impossible
d'accorder à l'un d'entre eux la suprématie pour l'apparition ou la
réapparition de conscience révolutionnaire au sain de la classe ouvrière. Il est
certain que la montée de l'un des trois facteurs retombera favorablement sur
les deux autres. La validité de la théorie est décisive à la longue, de même
qu'elle 1' est dans l'immédiat pour la formation d'organisations capables .Nonobstant, même la meilleur d'entre elles ne
réussira jamais à introduire au sein
de la classe, la conscience révolutionnaire. Dans ce sens, l'école du prolétariat,
ne sera jamais la réflexion théorique, ni l'expérience accumulée et bien interprétée,
mais le résultat de sas propres réalisations en pleine lutte. L'existence
précède la conscience; le fait révolutionnaire, sa propre conscience pour
l'écrasante majorité des protagonistes. Ce que la classe ouvrière dans son
ensemble ou un de ses secteurs pense des luttes en jeu reste très en deçà de ce
que la lutte elle même réalise ou pourrait réaliser. Le contenu latent dépasse
le contenu apparent. C'est seulement lorsque le premier prend corps, que la
conscience révolutionnaire émerge du fait lui même, conscience concrète, non
théorisée par la classe, mais conversion de la théorie révolutionnaire en
réalisation, ou nouvelle condensation de l'expérience en théorie. C'est ce qui
est arrivé invariablement depuis 1848 et la Commune de Paris jusqu'à la
révolution espagnole.il est donc impossible de tracer un plan, même très approximatif,
du développement de la conscience révolutionnaire. C'est le nombre d'ouvriers
conscients qui peut et doit augmenté au sein de la classe, et cela est une des
taches principales des révolutionnaires organisés. La conscience de 1'ensemble
de la classe se fraiera un chemin seulement dans la mesure où les avatars de la
lutte, qui ne cesseront de se présenter, peuvent l'amener à dépasser dans les faits
les notions que le capitalisme lui inculque, et les chaines des organisations
politiques et syndicales lui imposent.
Dans une
telle situation, la conception révolutionnaire, exprimée par des minorités de
la classe, jouera un rôle catalyseur très important. Non grâce à un quelconque développement progressif
de la conscience dans la classe, mais au contraire grâce à son aptitude à favoriser ces situations brusques, et à exacerber
leurs concrétisations révolutionnaires. De toutes façons, pour aussi loin
qu'elle soit allée, cette conscience n'en restera pas moins partielle, vague
pour la majorité et susceptible d'être adultérée, manipulée et mime anéantie
.Croire qu'avec l'acte révolutionnaire suprême la classe pour soi et sa
conscience révolutionnaire seraient pleinement réalisées, et du pur infantilisme,
pour ne pas dire une espérance idéaliste "La classe pour soi" est
bien plus une allégorie militante que la représentation d'une situation future.
La bourgeoisie réalisa la révolution*pour soi et c'est pour soi qu'elle organisa
la société entière. Impossible d'être une classe pour soi sans opprimer les
autres classes. Notre révolution est un acte de la classe ouvrière dans son
ensemble, mais pas strictement pour
soi, car étant à elle seule la classe
révolutionnaire et communiste exclusive, en niant les autres classes, elle se
nie elle mime. Elle devra donc paralyser ses ennemis, mais elle ne peut ni n'a besoin de
les exploiter.il
n'y a donc de "pour soi"
que le moment fugace de l'explosion révolutionnaire à partir duquel la classe
ouvrière commence à se dissoudre dans le tout social, à moins de retomber dans
la condition de classe exploitée, pour " le soi des autres".
Par contre, la
conscience révolutionnaire, au sens exact, ne commence à prendre corps qu'avec
l'attaque du capital et la constitution du prolétariat en classe dirigeante. Elle
est déterminée, avec l'acte révolutionnaire, aussi et surtout par le
processus subséquent de transformation de la société à l'échelle mondiale, jusqu'à l'élimination de tous les vestiges de classes. Le premier acte sera
toujours, plus qu'une volition générale de la classe, un fait consommé dans
l'état de la lutte, à partir duquel la conscience révolutionnaire s'affirmera
en profondeur, en extension et en qualité, en mime temps que dans la pratique, la
société communiste elle même. La plénitude de la conscience ne peut provenir
que de sa propre incarnation dans la structure de la nouvelle civilisation et
dans la mentalité de chaque personne. C'est la découverte enfin possible de
l'homme par l'homme lui mime.
Ceci est
posé quant à la conscience révolutionnaire généralisée à proprement parler, dont
l'existence, si on la supposait possible dans la société actuelle, ferait de la
transformation communiste dans tous les continents, un naïf jeu d'enfant. Quand
à l'autre, la conscience limitée st indispensable pour donner la mort au
capitalisme, elle dépend aujourd'hui dans
une large mesure, des révolutionnaires en général et particulièrement de l'influence
des ouvriers révolutionnaires sur la majorité de la classe. Sans cela, l'acte
le plus subversif de cette dernière se retournera en fin de compte en son
contraire, comme on l'a vu en tant d'occasions, la dernière en Pologne. C'est
la conjonction de l'élan subversif de la classe et de la subversion théorique
et pratique de son secteur révolutionnaire qui sera déterminante. La théorie
comprend le passé et le futur immédiat liés par notre action présente.
C'est donc la conscience des révolutionnaires qui tout
d'abord doit se situer à la hauteur des possibilités offertes par l'histoire à
l'ensemble de la classe. Ces possibilités sont si grandioses, si illimitées
malgré des impressions superficielles qu'elles poussent toujours à la
révolution .Les révolutionnaires ont été et sont encore en arrière des possibilités.
Ils demandent aux conditions historiques qu'elles leur livrent une situation
révolutionnaire quand en réalité, ils ont tout entre leurs mains pour la
susciter...excepté leur propre subjectivité. C'est pour cela que les appareils
politico-syndicaux soit disant ouvriers, aujourd’hui 'hui piliers du capitalisme, s'imposent
encore bien qu'ils aient perdu toute
influence véritable dans la mentalité des travailleurs.
Détruire l'emprise de ces appareils doit être la
première des batailles pour laisser libre cours à la révolution. Il faut aller
tout droit à la classe ouvrière et l'inciter contre ces appareils sans demi-mesure
et sans vocifération faussement radicale, mais avec des propositions de lutte
articulées en vue de leur destruction, condition parallèle à la destruction du
capitalisme. La conscience révolutionnaire ne se cache pas ésotériquement; elle
dit sa vérité profane et profanante, et sa vigueur passionnée élimine sa
stridence.
L'idée de révolution communiste, même spécifiée comme
abolition du travail salarié, n'en est pas moins unie notion légère, même si on
la suppose comme acquise par la majorité du prolétariat, espoir absurde dans le
monde actuel. Car l'abolition du salariat comme objectif direct une fois le
pouvoir du capital arraché, est loin d'être un acte unique, comme l'abolition
des lois actuelles ou bien le démantèlement de la machine étatique. L'abolition
du salariat se décompose ou se subdivise en une série de mesures dont la mise
en pratique aboutira, comme unité, à son abolition. Les principales mesures,
les plus décisives, se déduisent de la situation actuelle de la classe, de ses
possibilités maximales vis à vis d'un capitalisme décadent, sans aucun droit à l'existence. La conscience d'une organisation
révolutionnaire, quelque soit sa taille, ne peut apparaître que par la
formulation et la défense de ces mesures, propositions de lutte au prolétariat.
Sont condamnés à la vocifération inopérante, ou ce qui est pire, au
charlatanisme politique, ceux qui se refusent à la faire.
Sans entrer dans des détails ici superflus, que l'on se
reporte, dans "POUR UN SECOND MANIFESTE COMMUNISTE", au dernier
chapitre "les taches de notre époque", que par confusion, ignorance
ou autre raison obscure, certains taxent de programme de transition.il convient ici de préciser quelques notions élémentaires
mais totalement oubliées. L'ancien programme
minimum du mouvement ouvrier avait comme projet sa réalisation dans le cadre du
capitalisme, dans l'attente de réaliser le programme maximum. Le PROGRAMME DE TRANSITION, fondement de la IV0 Internationale,
prétendait fondre en un seul programme minimum et programme maximum, en passant
par les nationalisations, erreur dont l'origine se retrouve chez Marx et
Engels, et sans les implications réactionnaires révélées depuis.
Enfin, les taches de notre époque jalonnent sans
discontinuité l'avènement du prolétariat en classe dominante et sa propre
disparition, ainsi que de toutes les autres classes, dans la société
communiste. L'impulsion combattive du prolétariat proviendra de revendications
qui le mettent en situation ensuite de ne plus avoir à réclamer, parcequ'il disposera
de tout.il faut rendre palpable l'immédiateté de cette possibilité
pour que la conscience de classe s'insurge pour la révolution et du même coup
fasse sauter en mille morceaux les appareils politico syndicaux qui l'étrangle .En
somme, là motivation matérielle de la liquidation du capitalisme est
donnée par la déclinante contradiction existant entre le capitalisme et la
liberté du genre humain. Cette dernière commence par la liberté du prolétariat
et va de la consommation nutritive jusqu'au domaine culturel dans ces plus
multiples et plus spirituelles facettes. Rions nous de ceux qui espèrent la
crise de surproduction, la baisse catastrophique du taux de profit, la
troisième guerre mondiale, ou on ne sait quel saint esprit fécondeur de
consciences,
Bien propagé, semblable programme aura de grandes
répercussions dans l'immédiat et de plus grandes encore à long terme. Mais dans
la situation corrompue actuelle, il est loin de suffire pour ouvrir le canal
torrentiel nécessaire. La 1ère Internationale (Association
internationale des Travailleurs), à peine fondée, s'agrandit vertigineusement
parcequ'elle présentait des idées limpides à un prolétariat sans influences malsaines,
à un prolétariat vierge. L'Internationale communiste trouvait encore un milieu
ouvrier peu pollué par le réformisme, celui de la social-démocratie de l'entre deux guerres, ennemi beaucoup
moins nuisible que celui d'aujourd'hui. Mais à l'heure actuelle, les
révolutionnaires se heurtent à des difficultés beaucoup plus grandes, conséquence
de l'aboutissement négatif de la période antérieure qui a installé des organisations
et des gens qui continuent à se proclamer communistes ou socialistes dans la
structure économico-policière du système capitaliste. Tant par leurs intérêts puissamment
constitués à l'échelle mondiale que par leur but réactionnaire, ces partis et
syndicats sont les précurseurs du capitalisme étatique là ou ils n'ont pas encore
le pouvoir suprême. Et ce qui est pire, ils faussent sur tous les terrains la
compréhension des travailleurs et prostituent la notion même de communisme. L'ancien
réformisme était démocratico-bourgeois et collaborationniste; eux, ils
induisent en réalité à livrer totalement sans défense la classe ouvrière à
l'état capitaliste et sous leur ordre. Le reste, "euro communisme"
,"pluralisme", "parlementarisme" etc...,est hypocrisie
tactique, fiction encroûteuse mise à nue lorsqu'apparaît une initiative révolutionnaire
de la classe, Donc connaître et savoir expliquer le pourquoi, le comment, et le
quand de si importants changements relatifs à la situation du mouvement ouvrier
entre les deux guerres, sera non moins déterminant que le programme de lutte
pour l'avenir immédiat. Une connaissance critique des principaux avatars
historiques depuis 1914 se fait indispensable. Là commence, pour les
noyaux d'esprits révolutionnaires, la Conscience qui leur permettra, au sein de
la classe, d'être un ferment de subversion communiste.
Nonobstant, même le meilleur de ces groupes, pour
autant d'ouvriers qui s'y soient individuellement incorporés, ne réussira à éveiller la conscience dans la majorité
du prolétariat à travers la simple divulgation d'idées. D'innombrables entraves
de la société actuelle et qui ne disparaîtront qu'avec elle, l'en empêche. Mais
tout conflit avec le capital, mène s'il commence pour de simples améliorations
salariales, est susceptible d'aboutir à
une lutte qui dépasse de loin les revendications initiales. La même chose peut
se produire dans une région, une branche industrielle ou un pays entier. Ce qui
est latent tendra toujours à se manifester en écrasant ce qui est apparent: c'est
la vérité face à la fiction, l'avenir tournant le dos au passé. Si lors d'une
telle situation!, les actuels faussaires politico syndicaux continuent de
dominer, tout reviendra en arrière. Au contraire, si au moins une minorité s'
affronte à eux, en les mettant au pied du mur et en formulant révolutionnairement la lutte en marche, la
conscience de classe aura fait un pas en avant propitiatoire d'actions plus
grandes, pour aussi locales qu'elles soient. La combativité de la classe
jaillit irrésistible, explosive, dans des moments déterminés de son propre tréfonds
historique .Elle se cristallise par des faits qui ne sont pensés par la classe
qu'après, coup et qui leur donnent une base et de l'énergie pour d'ultérieures
attaques.
Les pratiques évoluent ainsi comme la conscience, par
bonds; c'est au secteur délibérément révolutionnaire de la classe qu'incombe la
tache d'assurer la continuité dans ce discontinu. Pour la majorité de la classe,
la victoire décisive sera une réalisation avant d'être une intention consommée.
Ce n'est pas pour rien que c'est classe
révolutionnaire, forgée par l'histoire en dépit de l'oppression et du dirigisme
intellectuel qui accompagnant sa vie quotidienne .Par là même, bien plus qu'il
y a 150 ans, une responsabilité en fin de compte déterminante, repose sur les
noyaux révolutionnaires ouvriers .Il dépend de ces derniers que la révolution
aille de l'avait ou refasse naufrage.
Depuis Babeuf et Marx, jusqu'à nous, la conscience
révolutionnaire est le rayon de lumière crée par le choc entre l'exploitation
et les exploités, c'est la subjectivité humaine en rébellion contre une objectivité
qui pervertit et nie cette même subjectivité sans laquelle l'homme n'est
pas un homme mais un objet. Ou notre subjectivité harmonise le monde à ses
exigences et il n'y a pas d'autre issue- ou elle se soumet, servile, à la nauséabonde
objectivité existante. Le fait objectif engendre la parole-opération
subjective- qui le nomme et le rend compréhensible; sans notre parole, la
possibilité de révolution s'évanouira comme si elle n'avait jamais été
présente. Et perdant son secteur le plus subjectivement révolutionnaire, la
classe ouvrière raterait le coup qui en aurait fini à jamais avec
l'amenuisement de l'homme exploité et la prostitution des autres hommes,
exploiteurs, eux.
Extrait d'Alarme N°13 - Juillet-Septembre 1981